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Nouvelles confirmées : La maison en coquillages 11
Publié par Loriane le 07-02-2012 18:23:25 ( 1054 lectures ) Articles du même auteur



La maison en coquillages 11

"Tes pieds !"
La colère dans la voix de maman et les bruits des deux claques sur les joues, ramenèrent Linette sur terre.
Elle avait machinalement mis, sous elle, ses pieds sur les barreaux de sa chaise.
Elle savait que c'était interdit mais ses pieds eux ne se le rappelaient jamais.
Son séjour sur la lune brutalement avorté, Linette pour s'aider à terminer de mâcher sa tête de veau se concentra sur l'émission que le poste nasillard émettait.
Sur sa petite étagère, elle voyait la grosse radio et son œil lumineux.
Elle aimait entendre la voix de Zappy Max, et du "tonneau", ce vilain Monsieur avec un nom terrible. Il s'appelait "Kurt Von Straffenberg" .
C'était bizarre !
Maman disait qu'il avait un nom à coucher dehors avec un billet de logement.
Ça aussi c'était bizarre et Linette ne comprenait pas très bien ce que ça voulait dire.
C'était un truc de grandes personnes, eux comprenaient certainement bien, car à chaque fois qu'ils disaient ça, ils riaient.
Dans le poste tout le monde avait l'air de bonne humeur et Linette appréciait cette ambiance joyeuse. Elle écoutait toujours le poste avec beaucoup d' attention.
L'émission de Zappy Max était terminée et une curieuse voix précise comme une mécanique et qu"elle connaissait bien annonça :
" 12h 59 minutes, 55 secondes"
"Au 4éme top , il serait exactement 13 Heures, top top top, top,
treize heures !"
Et juste après l'horloge parlante venait le journaliste, qui avait un si joli nom, il s'appelait, Monsieur Grand-Mougin, et il donnait chaque jour les informations de France et du monde.
Linette reconnaissait les voix des intervenants et elle écoutait toujours avec intérêt les nouvelles et informations, qu'elle avait plaisir à redistribuer ensuite régulièrement, heureuse et volubile, à ses copines.
Daniel, plus rapide qu'elle avait vidé son assiette et se goinfrait de pain et de morceaux de sucre.
La petite sœur de Linette assise face à elle, sur son gros coussin, pleurnichait dans son assiette de pomme de terre. Elle était trop petite, elle, pour déguster de la tête de veau, ou du mou cuit au vin rouge avec des nouilles.
"maman prends la dans tes bras, elle est fatiguée" suppliait souvent Linette.
Cette petite sœur était l'objet de tous les soins de sa grande sœur, dont maman ne manquait pas de dire :
"tu es une vraie petite maman, c'est bien"
Et comme il est si bon de faire quelque chose qui fasse plaisir à maman, Linette se montrait très empressée, à prévenir toutes plaintes de la petite sœur, ou toutes difficultés que rencontrait son petit frère, dont elle portait volontiers le cartable.
Il lui arrivait même parfois de faire le coup de poing et de se battre avec rage, à la sortie de l'école pour défendre son petit frère que les grands embêtaient.
Elle était l'ainée, elle était la plus grande, elle était une petite maman, elle devait défendre les plus petits et veiller à ce qu'il ne leur arrive rien de désagréable, elle devait être la plus raisonnable, elle devait montrer l'exemple, elle devait aider sa maman..."
Et cela impliquait des responsabilités qu'elle satisfaisait au mieux, simplement, naturellement. C'était comme ça !
"Dépêche-toi ! Christiane et Anita vont venir te chercher tu n'as même pas fait la vaisselle"
Linette n'avait pas fini d'essuyer les assiettes, qu'elle entendit Anita monter l'escalier.
Les enfants jouaient dehors.
Au milieu de la rue, Monique et Christiane faisaient tourner la corde à sauter et les garçons sautaient comme des ressorts.
En face de la maison en coquillages, il y avait une petite maison basse, aux murs revêtus d'un crépis gris et râpeux, sur lequel les gamins se griffaient souvent la peau.
Derrière la fenêtre close du rez de chaussée de la petite maison sans étage, dans l'ombre de la pièce rarement éclairée, était assis Monsieur Godefroy, le propriétaire et constructeur de la maison en coquillages; Avait-il était inspiré par le facteur cheval, ce bâtisseur original, de la maison un peu folle où vivaient trois familles dont celle de Linette ?
Les enfants lâchèrent la corde qui s'allongea comme un serpent mort en travers de la chaussée.
Ils se précipitèrent sur la fenêtre et vinrent s'accrocher à la grille d'appui en fer forgé qui protégeait les grands carreaux de "pépère Godefroy".
Les enfants étaient suspendus, les petites mains trouvaient des prises solides dans les motifs de la dentelle de fer, les pieds en appuis sur le mur en dessous de la fenêtre, ils se hissaient à la force de leurs jeunes bras, le nez à la bonne hauteur pour voir dans la pièce.
Ils toquèrent sur la vitre en appelant "pépère, pépère ! "
La grappe d'enfants, aimait beaucoup ce vieux monsieur, qui en outre n'était le grand père d'aucun d'eux.
Il était juste pépère Godefroy, il leur semblait être très, très vieux, et d'ailleurs il avait sûrement toujours était vieux pensaient les enfants, pépère Godefroy et mèmere Eymerond sa compagne étaient vieux comme la terre est ronde, c'est à dire que ça avait toujours été comme ça, et ça ne changerait pas.
Pépère Godefroy était toujours disponible pour bavarder, poser des questions, expliquer, raconter des histoires, répondre à leurs dix mille questions, et parfois même les sermonner un peu.
Il vivait avec Mémére Eymerond, qui n'était pas non plus leur grand mère, mais ces deux là étaient à disposition et amis de tous ces garnements aux genoux qui saignent, et aux nez qui coulent.
"bonjour les enfants, ce n'est pas encore l' heure d'aller au patronage ?"
Les deux vieux habitaient deux petites pièces en rez de chaussée, ils étaient presque toujours assis et ne quittaient pas la fenêtre.
Ils vivaient sans être mariés, s'appuyant l'un sur l'autre pour vieillir et les jeux des enfants étaient leur cinéma du quotidien.
Les petites phrases et les bavardages des petits alimentaient régulièrement leur connaissance de tous les faits et gestes des habitants du quartier.
"comment va le fils de ta marraine, Christiane ?"
"ça va pépère"
"dites les garçons, vous allez encore donner du travail à vos mères, vous êtes sales comme des petits cochons"
"huuumm ! vouai ! " les garçons connaissaient la leçon mais qu'y faire ? rien, bien sûr !
" faut pas laisser tomber vos vélos par terre, comme ce matin, vous allez les casser et vos parents sont pas riches, faut faire attention les enfants !"
Le message fut reçu en silence.
"dis, Linette comment va ta chienne ? elle ne descends plus ?"
"si, mais elle à les tétines toutes gonflées, et papa dis que c'est très grave"
"oui, c'est grave, mais c'est dangereux, cette bête malade dans la maison avec des enfants, c'est pas bien "
"oui, mais papa y va à la chasse avec Diane"
Ajouta Daniel.
Oui, Diane la grosse chienne de chasse de son père avait une maladie et son ventre était tout enflé et elle saignait.
Linette aimait très fort Diane, la grosse chienne était paisible et douce, et Linette avait toujours vécu avec des chats, chiens, et toutes sortes d'animaux qu'elle câlinait toujours comme des amis très chers.
Lorsque Linette était une toute petite fille, étant l'ainée de la fratrie, avant d'avoir un petit frère et une petite sœur, elle fût évidement fille unique durant seize mois, et elle avait passé ses deux premières années, en pleine campagne parmi les animaux de la maison, mais aussi, les vaches, les moutons, les cochons, le cheval, sans oublier ses amies les abeilles.
De cette petite enfance libre et sauvage, il en restait, inscrit au fond de cette enfant, que ces premiers frères et sœurs étaient une troupe de cinq chiens qui l'avaient accompagnée partout dans ces balades de petite fille, veillant sur elle alors qu'elle allait librement, seule et cueillant, ses fleurs autour de la ferme paternelle, dans la calme et belle campagne Périgordine de l'après guerre.
A cette époque lorsque maman voulait la retrouver, elle appelait tout simplement les chiens qui firent donc ainsi, office de nounou.
Ceci jusqu' à ce que l'exode rural que connu toute la France, amène ses parents, à l'instar de milliers d'autres familles, à s'installer, dans la région région Parisienne, près de son grand père maternel, qui fut avant ses parents locataire de la maison en coquillages.

Du fond de la pièce sombre, que chaque enfants connaissaient bien dans ces moindres détails, quoique n'ayant jamais mis les pieds dans le modeste logement, derrière la table en demi-lune appuyée au mur et couverte de tout et de rien, la petite silhouette ramassée, dans un coin, assise sur le lit, de mémère Eymerond, qui répondait au joli prénom de Rosemonde, se plaignit de sa petite voix chevrotante et suraigüe:
"Il fait froid, vous bavarderez une autre fois, fermez la fenêtre"
"allez, les enfants, allez au patronage, le curé va pas vous attendre "
"au revoir pépère, au revoir mémère"
Criaient les petites voix en lâchant leur perchoir, et en se rétablissant les deux pieds joints, d'un petit saut souple sur le sol.
La fenêtre refermée, le petit groupe se mit en route, une dizaine de mètres et ils tournèrent tous en bavardant dans la rue des postillons, pour refaire le même chemin que le matin, vers l'église Sainte Jeanne D'arc.
Jean- Pierre, Monique et Mireille les avaient rejoints
Devant, les garçons chantaient à tue tête et scandaient en marchant :
"Un p'tit train
S'en va dans la campagne
Un p'tit train
S'en va de bon matin
On le voit
Filer vers la montagne"

"Tchi tchi fou tchi tchi fou "...
scandaient en chœur, les autres enfants derrière, en trainant leurs pieds en cadence, dans la castine qui recouvrait le trottoir;.


Lydia Maleville

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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