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Nouvelles : Soif
Publié par bElhirch le 25-04-2017 14:58:54 ( 668 lectures ) Articles du même auteur



Soif

Brûlés d’un soleil d’aplomb, des coquelicots dans un champ se fanaient en se violaçant. Ce peut être ordinaire ou énormément inquiétant. L’espèce de canicule est presque de fournaise. Toutes les associations végétales ne pouvaient longtemps souffrir, des journées torrides qui se suivent. En voilà, par là, entre autres […] un figuier qui va son état en déclinant.
Après tout, s’en sortira-t- il ? Peut être pas, mais c’est ce qu’il s’efforçait de faire.
Vivra-t-il longtemps, dans l’abstinence de toutes les pluies ?
Ce n’est pas merveille qu’il essaie d’une frugalité, quand le ciel lésinerait encore sur des précipitations. Lors d’un crachin récent, le pauvre arbre est resté sur sa soif. On ne sait s’il pleuvra jamais ou point. Et ça touche, affecte, et éprouve, au-delà de toute expression.
Le certain manque de cet élément de climat et la certaine vulnérabilité de cette plante prêtent à la désolation absolue, et à tout l’effroi.
De ces conditions conjecturées, qui composent ce terrible revers, l’implication a fomenté une angoisse. Une énorme angoisse qui est tout ensemble détresse, désarrois démesuré et désespoir. Peu ou point d’eau c’est la pépie fatale.
Se sentait-il d’ainsi ce figuier à bourgeonner ce printemps, et renoncer momentanément à se flétrir ?
Un léger vent a soufflé de frais. Et se dispensa de nouveau pour souffler plus fort. Le figuier assoiffé a longtemps attendu, qu’il arrive à satisfaire à tous les désagréments simultanés.
S’il devenait ce vent un peu tempétueux, et laisse croire sans qu’on comprenne que c’était possible.
D’un jour à l’autre des nuages passaient. Chaque temps qui allait être à l’orage finissait par finir. Le figuier envisagea nettement la fin, quand ce mal-être continua à se prolonger.
Son mal était trop grand, pour qu’il pût passer de l’appétence la plus fiévreuse à la plus froide des insensibilités. Cela revient à dire que certains moments semblaient impossibles à vivre, il faudrait pouvoir les sauter, les omettre. L’abattement amortit d’autre part la douleur physique et morale.
Ce qui peut provoquer un arbre à l’indolence, c’est cette paisible invincibilité du ciel.
Une léthargie n’est pas un état propre à un arbre, mais celui-ci commençant à se défeuiller semblait sombrer dans une prostration maladive.
Mieux que je ne pourrais le supposer, j’imaginais qu’il a voulu fermer les yeux, comme une poupée dormeuse. Et rêver, avec beaucoup de plaisir, de choses magnifiques d’utilité et de pertinence. Sans demander le pourquoi de tout chose. Il a trouvé tellement reposant d’oublier qu’il avait toujours soif, qu’il doit sûrement l’être.
En dépit du bon sens, le rêve est la réalisation d’un désir. Il a pensé ça ? - peut être pas, mais c’est qu’il a voulu penser.
Se le tenir pour sentence, la facilité que l’on a de croire ce que l’on souhaite poussait fatalement droit à présumer du miracle.
Quand on aime bien quelque chose, il me semble qu’on a qu’une idée : c’est d’en reprendre. La suite du songe qui allait finir et le début du suivant qui va commencer tous imprégnés de flotte. Le malheureux figuier tombait de rêve en cauchemar, de cauchemar en convulsion nerveuse. C’est bien vrai, n’est-ce pas que des rêves absurdes hantaient souvent le sommeil d’un endormi ?
Des cascatelles qui versaient dans des cascades. Des torrents impétueux renversés cul par-dessus tête. Puis un violent orage et une trombe d’eau arrivant de plus de six lieux.
Il pleut, il mouille c’est la fête de la grenouille. Lala la, lala la !!
Le malheureux figuier lape, lèche suce se pourlèche. C’était la saison sèche, et dans toute la nature, on ne pourrait trouver un atome de vapeur d’eau.
La vérité, c’est que le figuier avait terriblement soif. Un oiseau bai, vocalisant éperdument sur une branche, l’arracha à son rêve, le fait tomber de son ciel. La gorge sèche, il ouvrit les yeux avala sa salive avec effort.
Ce qu’il faut toujours prévoir, c’est l’imprévu. Parait-il qu’une chose incroyable s’est produite.
D’abord le temps était devenu brumeux. Il suit de là qu’ensuite l’horizon, dessus la prairie à l’herbe, s’en fume d’un brouillard blanc, qui s’effile, se balance et s’étale.
Cela semblait plus étonnant que le rêve et d’un éclat surnaturel. Ce brouillard salutaire, rigoureusement semblable à un frimas, n’a demeuré qu’un moment à panser le paysage. Sitôt après il a pleuviné, pleuvioté, mouillassé. Voici de quoi étancher une grande soif. !
Lorsqu’une fois la grâce a touché ce brouillard, il a déroulé sa voile de cristal.
Le figuier a survécu à toutes les herbes folles et à tous les coquelicots du champ.
Imaginez que les âmes des plantes sont de même nature que la nôtre. Cela faisait peine de voir un figuier essuyer une condition mortelle.
Peut être que les rudes épreuves sont toutes comme cela. C’est possible, encore qu’un peu équivoque.
Il est des obscurités qui tiennent aux choses, qui arrivent et dont on y doute des causes, quand ils se répètent. Combien plus nous reste caché le détail. (Caillois)






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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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