Présages
La nuit s'insinue dans le bleu des gestes. Leur crépuscule auréolé de parfums rares Descend sur les plaines Que tes pas connaissent depuis longtemps: Départ imminent.
Un rayon de lune s'improvise navigateur. Quand tes chants commencent, Le vent te donne une harpe de bouleau Amplifiant ta nostalgie Dans les murmures vagabonds Qui somnolent en contre-bas.
Comment s'envoler? Comment devenir rumeur au lointain des océans? Comment apprivoiser le silence Qui ruissèle en bandoulière des voyageurs discrets Dont les refrains se remplissent d'élans en errance?
Au dehors, les tribus déroutées Cherchent une dernière constellation Pour rentrer au pays. Ton signal est si faible Qu'au large On dirait un brouillard peignant de ses songes Le sable devenu matériau noble, A l'origine d'un verre cardinal Veiné du bleu marine d'ifs miraculeux: Les seuls qui croissent au sud de tes marées intimes.
Tes messagers découvrent en lisant les strates des falaises Que le vent tressa il y a bien longtemps Dans tes cheveux la présence d'un Capricorne courant le long des berges parallèles.
Et que finissent les murmures assourdissants des oracles! Leurs allusions fanfaronnent en fines arabesques d'ébène au détour des courants déstabilisant les espadons et les tortues -reines.
Peu à peu, les certitudes se muent en rayons de fraîcheur Et dénouent les rancœurs ancestrales Qui configuraient la géométrie de ton cerveau , Ce végétal amateur d'horizons sachant si bien implanter l'apocalypse du ciel Dans le blason de l'aube.
D'opiniâtres bateleurs promettent de conduire Le long de ce fleuve Les prières anciennes dédiées au soleil.
La-bas, Dans les replis d'une Egypte visionnaire les regains croissent en grand nombre, Leur écume dorée Contient tout tes germes.
En ces temps-là , Tu savais combien était précieux Le mouvement des sols Pour les intentions agraires Qui défilaient dans l'esprit de tes ancêtres pollinisateurs.
Tu savais comme les collines Pouvaient s'improviser Dédales de cascades et terrasses d'ombre Fertilisant les canaux subtiles Qui alimentent les filiations de tes désirs.
Tu savais comme le départ Pouvait être proche Rien qu'en voyant les ornières Remplies de mercure, Tremplins propices lançant nos chariots de feu Dans l'aventure de la lumière cohérente.
Tu savais si bien voler, Instruire les arbres, Initier les nuages A la voltige des cerf-volants, Regarde, leurs voiles solaires se déploient Là où commencent à se profiler Dix mille visages allant du papillon Aux reflets des poissons-lunes En passant par l'équinoxe ambré Qui ce soir s'improvise luciole Ou encore licorne-mirabelle Dentelée de vertige, Douce amie orientant le ressac des larmes Vers l'instant pluriel Qui prépare ton envol.
Un signe nacré Donne aux berges des lacs sacrés Les lettres de noblesse Aux sédiments ayant la science Des montagnes à venir... 30/31 Juillet et 1 Août 2018
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