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Accueil >> newbb >> Défi du 2 au 9 Avril 2016 [Les Forums - Défis et concours]

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Re: Défi du 2 au 9 Avril 2016
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Cher Titi,

Ton texte me fait découvrir ce fameux papyrus. Cela signifie que de tous temps, les travailleurs ont été exploités par les plus nantis qui,eux, mangent de la bonne soupe...

Merci pour cette leçon d'histoire.

Bises

Couscous

Posté le : 03/04/2016 15:26
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Re: Défi du 2 au 9 Avril 2016
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Après la tempête


Robert Wilkinson lança un autre caillou dans la Seine. Ce geste lui vidait la tête de ses dernières mauvaises actions. Il contempla le fleuve, les bâtiments alentour, la beauté de la capitale française puis se dit que les grenouilles savantes n’avaient que ce qu’elles méritaient. Sa logique d’espion américain se confronta à ses restes d’humanité, à une morale où le Bien devait invariablement vaincre le Mal.

Son téléphone portable sonna. Robert hésita à décrocher, certain de qui l’appelait et pourquoi. Son sens du devoir poussa son doigt à appuyer sur la bonne touche du combiné.
— Bob, c’est Will, commença une voix à l’accent sudiste reconnaissable entre mille, celle de son commanditaire à l’Agence.
— Je t’écoute, Will.
— Que fais-tu, Bob ? Tu étais censé rejoindre Washington via Amsterdam.
— Je lance des cailloux dans la Seine.
— Je comprends.

Robert se demanda ce que pouvait bien comprendre William Robertson, un fidèle de l’Oncle Sam, le genre à dénoncer ses parents pour terrorisme avéré s’ils ne déployaient pas le drapeau américain le 4 juillet.
— Nous devions le faire, Bob, continua Will. Les Français nous menaient tous au bord du gouffre, avec leurs reculades et leurs hésitations.
— J’ai l’impression d’avoir envoyé Louis XVI et Marie-Antoinette à l’échafaud. Je sais que c’était justifié mais je n’aime pas la fin de l’histoire. Je me demande si le remède n’est pas pire que le mal. Nous jouons avec le feu, sur ce coup.
— Nous irons l’éteindre le moment venu.
— Avec un ouragan, je suppose.
— Il faut ce qu’il faut.

Robert raccrocha une fois expliqués les derniers détails de son retour. Il se leva, jeta son dernier caillou puis se dirigea vers la place du Chatelet. Les rues étaient désertes mais portaient encore les stigmates de la guerre civile amorcée dans la cité parisienne. Les tracts des syndicats, les pancartes des manifestants et d’autres signes d’une contestation organisée trainaient sur le sol, tels des reliques d’une civilisation disparue soudainement.

Robert sentit le coup de blues venir. Il décida d’appeler Keemee, sa confidente.
— Bonjour, reine des fleurs, j’espère que je ne te dérange pas.
— Tu ne me déranges jamais, Bob. Tu es à encore à Paris ?
— Comment le sais-tu ?
— Le son, Bob. Une ville déserte sonne différemment de Washington, Honolulu ou le Sahara.
— Pourquoi penses-tu que Paris est déserte ?
— Les informations tournent en boucle sur CNN. La grève générale a dégénéré en émeute, la police à joué du fusil, et maintenant tout le monde se terre chez soi en attendant que les décideurs fassent le bon choix.
— Les journalistes n’ont pas perdu de temps.
— J’aime quand tu fais l’innocent, Bob. J’ai reconnu ta patte et celle de l’Agence dans ce chaos. Je suppose que c’est pour ça que tu m’appelles. Tu as honte.

Robert imagina Keemee en face de lui, avec sa couronne de fleurs sur la tête et son large sourire d’Hawaïenne. Elle, son archipel et ses volcans lui manquaient, aujourd’hui plus que jamais. Dame Nature pouvait parfois être cruelle mais rarement injuste, contrairement à l’Agence, aux gouvernants et aux partisans de la manipulation de masse.

Robert ignora les consignes de sécurité, la menace de voir sa tendre Keemee surveillée par des oreilles indiscrètes, américaines, russes ou chinoises.
— Je ne suis pas fier, je l’avoue.
— Tu n’es que l’instrument, Bob.
— La hache du bourreau peut aussi se rêver une conscience.
— Je ne suis pas ton confesseur. Si parler te fait du bien, vas-y, mais ne compte pas sur mon absolution. Tu as choisi de travailler pour ces gens. Ils te paient grassement pour ne pas te faire de nœuds au cerveau. Assume !
— Je sais.
— Bon, j’ai compris. Je pose la première question. D’accord ?

Robert aimait quand Keemee jouait les psychothérapeutes. Elle savait lui sortir les mots de la bouche pour formaliser des actions en conséquences et dresser un tableau réaliste.
— Je marche.
— CNN prétend que le président français est acculé. Sa base ne le suit pas, les travailleurs sont contre lui, les forces de l’ordre refusent de poursuivre la répression, l’armée gronde, les parlementaires jouent double jeu. Comment vois-tu la suite ?
— Ces gens sont bien élevés. Jamais ils n’iront lui planter la tête sur une pique. On devra le faire pour eux. Ensuite, le premier ministre se dégonflera, jouera au démocrate et organisera des élections. Nous l’aiderons à les perdre, sous prétexte de laisser l’opposition gérer la merde et se salir les mains à son tour.
— C’est à ce point simple ? Tu l’as déjà fait mille fois. Il n’y a pas péril en la demeure.
— Non, Keemee. L’opposition républicaine va elle aussi perdre les élections. Les vert-de-gris vont gagner haut la main, avec leur prêtresse aux cheveux jaunes et leur géant borgne. Ensuite, avec notre aide, ils vont organiser des législatives et rafler ainsi la mise. Le Pays des Lumières va devenir Nuit et Brouillard.
— C’est grave, docteur ?
— Ces abrutis vont revenir au franc, fermer les frontières, décréter illégal le droit de grève, interdire les conversations à plus de trois personnes, j’en passe et des meilleures. La contagion va toucher les pays limitrophes, à l’exception de nos valets britanniques trop contents de passer pour des mecs fréquentables.
— Tout ça pour une malheureuse grève ?
— La théorie des dominos, Keemee.
— Je préfère le mah-jong, Bob.

Robert remercia secrètement Keemee. Elle lui avait montré l’horreur de la situation, sans le juger. Cela faisait trop longtemps que les grenouilles savantes ne savaient plus rien et surtout pas ce que pensaient les autres de leurs conneries. Un gars du Pentagone en avait eu marre de leurs histoires, de leur manque de fiabilité, alors il avait monté une opération d’envergure pour les noyer dans leur merde. Lui, Magic Bob, le roi des coups fourrés, l’ancienne gloire de l’Agence, avait été sorti de sa retraite dorée à Hawaii, payé une fortune et épaulé par les pires menteurs de la Terre, juste pour transformer une situation merdique en révolution vert-de-gris. Il avait alors décidé d’utiliser la spécialité locale, un truc appelé droit de grève, pour piéger les politiques et la société civile. Le résultat avait dépassé ses espérances. Soixante cinq millions de moutons fatigués étaient tombés dans le panneau, avait gobé les coups de menton des soi-disant patriotes, avalé la liqueur contre la décadence annoncée puis s’était jetés dans les bras de la Walkyrie bretonne. Le reste n’était plus qu’une histoire de temps. L’Amérique se paierait un nouveau plan Marshall pour relancer la vente du camembert et du saucisson sec.

Robert souhaita une bonne journée à Keemee, lui promit de reprendre le moral et accepta une promenade sur la plage dès son retour dans l’archipel. Il se dirigea ensuite vers sa voiture de location, ouvrit les portières et se mit au volant. La route vers Amsterdam était longue. Il ne fallait pas tarder, avant que les Belges ne ferment leurs frontières ou que l’Allemagne envahisse la France par les Ardennes. A cette dernière pensée, Robert Wilkinson se dit qu’il avait quand même bien travaillé, qu’il n’avait pas perdu la main en matière de coups tordus et surtout que l’argent n’avait pas d’odeur et encore moins de conscience. Il sourit franchement puis lâcha les chevaux-vapeur dans le matin parisien.

Posté le : 03/04/2016 18:32
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Re: Défi du 2 au 9 Avril 2016
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Cher Jacques,

Tes jeux de mots sont drôles et tu rebondis de phrase en phrase !

Cette grève, je pense qu'elle a juste besoin de repos.

Merci.

Couscous

Posté le : 03/04/2016 18:46
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Re: Défi du 2 au 9 Avril 2016
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Grève

Lucie regarde la femme assise à sa droite. Celle-ci est avachie sur la banquette de bois, les yeux clos, la bouche entrouverte. Son corps est recouvert de tatouages gothiques et ses bras portent les marques de consommation de drogues dures. Face à elle, une dame d’un autre genre : robe moulante à l’extrême, maquillage marqué et talons aiguille. Lucie a l’impression de connaître ce visage. Serait-ce Camille, la fille la plus populaire de sa classe de rhéto ? Elle se destinait à une carrière dans la marketing. N’aurait-elle trouvé que son corps comme marchandise ? Comme le regard de Lucie se fait un peu trop insistant, elle lui balance :

– Tu veux ma photo pour remplacer la tienne sur Facebook ?

La jeune fille baisse les yeux et rougit. « Mais comment en suis-je arrivée là ?! ».

Lucie a commencé son contrat de remplacement il y a un mois. Elle preste comme assistante sociale dans un CPAS wallon. Ce poste fut à pourvoir après la lourde chute d’une employée lors de ses vacances au ski. Les rumeurs disent qu’elle en aurait au moins pour six mois, cela ferait bien l’affaire de Lucie qui espère que cette convalescence sera aussi longue que celle de Schumacher.

Après les attentats du 22 mars 2016 en Belgique, le Ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, pondit une idée un peu folle, mais qui fut validée par le Ministre de l’Emploi, Monsieur Peeters, à savoir débaucher les assistants sociaux des administrations pour les lâcher dans les quartiers de Molenbeek afin de servir à la fois de pacificateurs, de négociateurs et d’enquêteurs. Ce projet se basait sur l’idée que les travailleurs sociaux ont cette capacité à apaiser les esprits, trouver des solutions d’intégration des marginaux et sont relativement bien acceptés dans les milieux défavorisés ou sensibles. Le gouvernement avait hésité entre les assistants sociaux et les prêtres. Mais ces derniers étant en voie de disparition et leur identité religieuse pouvant poser problème, il se rabattit vers sa première idée. Les divers syndicats du pays appelèrent donc à la grève les assistants sociaux, considérant qu’ils n’étaient pas suffisamment formés pour cela et qu’il y avait un risque élevé pour leur sécurité. Il est de notoriété publique que les belges ne soient pas les plus soucieux en la matière, mais tout de même ! Envoyer une majorité de femmes dans l’arène, il fallait oser.
C’est ainsi que Lucie fut embrigadée dans une manifestation de grande envergure dans la capitale Bruxelloise. Toutes ses collègues ne lui avaient pas vraiment laissé le choix. Soit elle tenait le service à elle seule, soit elle se joignait à elles ! Faire face seule à un afflux d’une centaine de personnes par jour n’était pas envisageable. De plus, son père, soixante-huitard, l’avait encouragée à se battre pour ses idées. Arborant une jolie casquette rouge, Lucie défila dans les rues en criant le slogan « Jambon, gare à tes fesses ! » ou encore « Peeters, ça va péter ! ». La marche fut longue et fatigante. Peu à peu, des hommes à la casquette rouge avec la publicité d’une célèbre marque de bière belge s’intégrèrent dans le cortège. Lorsqu’ils furent une trentaine, ils se mirent à sortir des battes de base-ball de leurs manches et s’attaquèrent aux voitures et vitrines environnantes. Les forces spéciales de la police ne tardèrent pas à intervenir et procédèrent à l’arrestation d’une partie des manifestants dont Lucie, malgré ses véhémentes protestations qui lui valurent un coup de matraque.

La grille s’ouvre et on appelle la jeune fille. Celle-ci quitte, sans regrets ses compagnes de cellule. Un inspecteur à la barbe de trois jours se pose devant elle.

– Alors, on se la joue rebelle, ma belle ?
– Non, vous vous trompez ! J’ai été embarquée par erreur.
– Tout le monde me dit ça !

Lucie ne peut s’empêcher de fondre en larmes.

– Allez, allez ! Vous avez de la chance car il y avait des caméras de surveillance dans cette artère. On vous y voit bien en train… de ne rien faire !

Lucie pousse un soupir de soulagement.

– Mais vous comprenez bien que votre manifestation ne nous arrange pas. Si vous, assistants sociaux, refusez cette mission de pacification de Molenbeek, ce sont nos policiers qui devront être envoyés au front.
– Mais… c’est normal ! Vous êtes formés pour cela, pas nous !
– Ne prenez pas tous les policiers pour des gros durs, nous sommes sensibles aussi.
– Oui, mais vous avez des armes et des gilets pare-balle. Nous on a un stylo et notre sourire.

Lucie fut libérée. Le projet « lâcher d’assistants sociaux » fut abandonné. Les policiers prirent donc le relai, avec le renfort de l’armée belge. En un mois, tous les logements de la commune Molenbeekoise furent fouillés, les réseaux terroristes furent démantelés et les assistants sociaux purent continuer leur boulot en toute tranquillité. Lucie se vit proposer un nouveau contrat au retour de la skieuse malchanceuse. Avec cette arrestation, elle est devenue un peu l’héroïne du service, elle, la gréviste malgré elle, surtout en arborant un œil au beurre noir à son retour au boulot. Son père fut très fier d’elle.

Posté le : 03/04/2016 19:37
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Re: Défi du 2 au 9 Avril 2016
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Mon Donald,

Ce Bob est vraiment un grand manipulateur mais avec une certaine conscience
J'ai tout particulièrement apprécié la référence à la haché du bourreau.

Merci pour ta participation assidue à nos défis.

Gros bisous des Pays-Bas. Je reviens d'Amsterdam et pense y avoir croisé Bob.

Couscous

Posté le : 05/04/2016 21:23
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Re: Défi du 2 au 9 Avril 2016
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Jacques, la grève qui fait grève, il fallait y penser ! par contre, le but de la grève est tout de même d'entrer en négociation. Un joli texte à la Devos, merci, tu fais concurrence à notre Belge ;)

Posté le : 07/04/2016 09:35
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Re: Défi du 2 au 9 Avril 2016
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Donald, je suis prête à faire grève pour sauver le camembert et le saucisson sec : "Tous ensemble, tous ensemble hey, hey !" Quand je pense à toutes ces machinations qui nous entourent, ça fait froid dans le dos.

Coucous, une terroriste armée d'un sourire et d'un stylo, je la soutiens à cent pour cent.

Bon je suis en retard, mon texte progresse mais il est loin d'être abouti, je suis un peu en grève...

Posté le : 07/04/2016 09:43
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Re: Défi du 2 au 9 Avril 2016
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La grève


Le soleil est encore haut dans le ciel. La mer scintille sous les rayons. Au loin un voilier met le cap sur l'horizon, comme j'aimerais être à sa place, oublier tout, me laisser porter au gré des flots, mais voilà, il faut que je trouve un travail.

Mais quoi ? Je vais passer des heures et des heures à faire une chose pour laquelle je ne suis peut-être pas faite. Comment choisir ? Il faut absolument que ça me plaise. Je suis une artiste dans l'âme, je pourrais être décoratrice, j'ouvrirais une boutique, je repeindrais des meubles, transformerais des fauteuils, je peindrais de la vaisselle. Remarquez, autant être peintre ou sculptrice, je créerais directement mes objets, ce sera plus simple. Mais en attendant, il faut vivre, se loger, se nourrir, tout le monde sait que les artistes crèvent la faim, pourtant il y en a qui se font du fric, et leur production est vraiment tarte.

Qu'est-ce que j'aime faire d'autre, ah oui, j'aime m'occuper des gens, les aider. Psychanalyste, c'est une bonne idée ! Je resterais chez moi, j'aurais un beau bureau douillet, accueillant, peut-être un peu classique. Non, un mélange de moderne et de classique. Les gens se sentiront en terrain connu, quelque soient leurs goûts. J'aurai de beaux vêtements, élégants mais confortable, peut-être une paire de lunettes en écailles. Bon. Mais entendre des personnes se plaindre toute la journée, ça doit être dur. Ça n'est probablement pas pour moi, et je vais aménager quelle pièce ? Mon appartement est trop petit. En plus il va falloir faire des études, lesquelles et où ? Ça va me coûter cher...et je ne travaille pas.

Qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Professeur. A l'université bien sûr, je ne supporterais pas les petits et encore moins les adolescents. Combien d'année de formation y-a-t-il ? Cinq, six, plus ? Je suis peut-être un peu vieille.

Je sais. Je vais créer mon entreprise. Dans les magazines il y a plein de femmes chefs d'entreprise. Les femmes prennent des responsabilités maintenant, elles prennent des initiatives. Une entreprise de quoi ? Il faut des produits bios, je ne supporte plus la pollution, je devrais acheter des livres sur le sujet. Le gros problème c'est que je suis nulle en comptabilité, et engager un spécialiste ça va être dur.


La vie est vraiment trop compliquée, et plus j'avance, plus j'ai le sentiment de stagner. Avant, tout était simple, j'allais à l'école, je travaillais bien, je passais dans la classe supérieure. Mais ça fait longtemps, longtemps, le temps passe, mes enfants ont grandi. Je sens comme un grand vide, je suis dans un labyrinthe dont je n'ai pas les clés. Où dois-je aller, je suis programmée pour quelque chose, mais quoi ?



Ma source de revenus s'est tarie, mes parents sont morts et mon mari m 'a quitté. Oh je sais ce que vous allez me dire : « elle a bien de la chance celle-là d'avoir de l'argent qui lui tombe du ciel ! », mais ça n'est pas si simple. Je me sens inutile, ça fait quelques temps que je ne sers pas à grand chose et maintenant, il va falloir que je subvienne à mes besoins. Je fais des cauchemars toutes les nuits, que vais-je devenir ?



Comment font les autres ? C'est ce qu'on me dit souvent. Dès que je parle de mes problèmes c'est la même rengaine, « comment font les autres ? » Et bien je n'en sais rien justement. Tout a l'air simple pour eux. Ils sont affairés, occupés, ils n'ont même plus le temps de me voir. On me regarde de haut : « à ton âge ? Tu fais quoi ? Rien ? Tu ne t'ennuie pas ? » Et bien non, je ne m'ennuie pas, je suis même très occupée. Je lis, je vois des films, je suis au courant de plus de choses que la plupart des gens. Ah bien sûr, ça ne me donne ni diplôme ni argent, mais est-ce si important ? Il faut bien manger me direz-vous, je sais, JE SAIS.


Quand je vois tous les boulots nuls qu'on m'a déjà proposé : ranger des produits sur des rayons de supermarché. Faire ce genre de choses sur un temps limité, je ne dis pas, mais je ne pourrai pas y passer ma vie. Et accueillir les gens dans un théâtre, leur montrer leur place, bon, au moins on peut voir le spectacle, mais ce n'est pas épanouissant.
J'ai aussi vendu des vêtements pendant un temps. Les clientes me prenaient pour leur larbin, c'était insupportable. Et toutes ces femmes difformes qui voulaient rentrer dans un 36, et ces idiotes qui achetaient des mini jupes avec des jambes comme des pattes d'éléphant, insupportable ! C'était il y a longtemps, qu'est-ce que je vais trouver aujourd'hui ?



En plus quand on voit combien d'heures il faut travailler pour un salaire de misère, je vaux mieux que ça. Je sais que je gâche mon talent. Les gens autour de moi me sous-estiment, ils ne savent pas de quoi je suis capable. Quand ils s'en rendront compte, ils seront désolés, ils me diront qu'ils ne s'imaginaient que j'avais tant de qualités, moi non plus d'ailleurs, de quoi suis-je vraiment capable, je n'en sais rien. Pourtant j'ai du potentiel.


L'autre jour j'ai rencontré une voisine, elle m'a proposés de venir voir ce qu'elle fait. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'est pas bousculée par le travail, elle est payée à ne rien faire, et cher encore ! Elle est idiote et elle a trouvé une super planque. Pourquoi est-ce que ça ne m'arrive pas à moi ? En même temps, je me sentirais mal à sa place. C'est une profiteuse, n'ayons pas peur des mots. Peut-être que moi aussi ? Mais non, je n'ai pas eu l'opportunité de me réaliser c'est tout. J'ai manqué de temps, je n'ai pas pensé à moi, toujours à m'occuper des autres. Pffff, je n'arrive pas à m'organiser, à prendre le temps, à réfléchir, à faire les bons choix.


Je regarde autour de moi, je respire l'air de la mer, et si je me mettais en grève ? Zut, en grève de quoi ?

Encore un truc que je ne peux pas faire...

Posté le : 08/04/2016 15:24

Edité par arielleffe sur 09-04-2016 15:32:34
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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