À Cloche-Pâques

Depuis que je suis petite, on m’a appris à faire entendre mon joli timbre, à ne pas hésiter à montrer ma joie pour la partager. Mon rire est fédérateur, spécialement pendant les fêtes de Pâques. Mes congénères et moi-même prisons cette période où nous symbolisons la générosité, le don, le partage et l’amour.
Mais cette année, les temps sont particulièrement troublés dans de nombreux pays. Certains hommes prônent des valeurs aux antipodes de celles que nous représentons. Dans ces circonstances, pouvons-nous chanter et crier alors que les cœurs saignent et pleurent ? Ne devons-nous pas préférer le mutisme afin de communier avec les minutes de silence, lourdes de chagrin ?
Ce fut le débat qui anima le Grand Conseil des Cloches cette année.
– Notre retour sonnant et triomphant de Rome ne sera-t-il pas considéré comme importun ? Carillonna Gabriel.
– Mais nous devons accomplir notre mission ancestrale ! Nous risquons de décevoir trop de monde ! Ils vont se demander ce qui cloche s’ils ne nous voient pas arriver, tintinnabula Marie.
– Ils ont tous le bourdon. Nous devons apporter du réconfort aux âmes en peine ! Sonnailla Marcel.
– On va nous jeter nos œufs en retour en incriminant notre manque de pudeur ! On va se faire sonner les cloches ! Tinta Berthe.
– Mes amis ! Ce débat pourrait durer des heures. Qui n’entend qu’une cloche, n’entend qu’un son. Votons à battant levé ! La voix du sage Gros Bourdon retentit dans l’assemblée.
Cette année, les cloches de Pâques décidèrent de sonner et résonner le monde entier plus fort qu’à l’habitude. Il ne sera jamais dit que des hommes se comportant comme des cloches puissent ternir les fêtes de Pâques.

Cher Donald,

J'ai beaucoup aimé le sésame ouvre toi, à ta manière, toujours aussi imaginative : "Waka-Jawaka" ! J'en suis resté baba. Pardonne moi, c'était trop tentant. Les cloches de Pâques me sont tombées dessus, et je suis peut être devenu fêlé.

Il me faudra que tu me donnes la recette de ta "potion magique". Cela marche mieux que l'hypnose.

Comme nos ami(e)s, j'admire toujours autant ta verve, ton imagination et ton sens des expressions à forte valeur symbolique.
J'ai beaucoup aimé cette phrase qui t'honore, je trouve : "Robert Wilkinson imagina un monde où les hommes sonneraient à leur tour, à des moments aléatoires, dans un carillon de joie et de fraternité."

Merci à toi cher Donald d'avoir ainsi honoré le défi de cette semaine.

Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Mon Donald,

Ton texte est porteur d'une belle vérité qui replace l'église au milieu du village. Tes notes d'humour et tes références me feront toujours rire.
Si un jour je vais voir cette Mme Irma, je connais le mot de passe.

Au fait, comment va Igor ? cela fait longtemps qu'on ne le voit plus...

Merci mon canard.

bises

Couscous

Chères Loréennes et chers Loréens,

Je crains d'être le dernier à sonner.
Voici donc ma réponse au défi de la semaine que j'ai appellé "le protocole d'accor pour que les cloches sonnent à nouveau" :

Je reviens à grands pas auprès du grand conseil qui a décidé de poursuivre ses débats dans la salle de Flore de l’ancien palais des ducs de Bourgogne. La célébration des batailles des Princes de Condé dans cette salle des fêtes avait éveillé l’attention des cloches réunies, qui désiraient tant en découdre avec les hommes.
Depuis que je me suis absenté, ont été convoqués tous les tocsins, les bourdons et le cloches de Bourgogne, toutes et tous empressés à vouloir laisser la place au silence.
Je m’approche du président du grand conseil :

- Monsieur le Président du grand conseil, je demande la reprise des débats. J’ai consulté mes chers amis de l’Orée et je reviens vers vous avec des idées nouvelles qui, je l’espère, retiendra votre attention et celle des membres du grand conseil.
- Nous vous écoutons ! Mais sachez maintenant que vos propositions seront soumises au vote de toutes les cloches présentes.
- Cela me laisse sans voix, Monsieur le Président. Et je suis sonné !
- On peut vous faire sonner l’angelus, si vous le souhaitez, répond le président.
- L’angelus, l’angelus. Nous voulons que toutes les cloches et pas se limiter au seul angelus ! Pourquoi ne voulez-vous plus sonner ?... Avec vous, tout devient magique. Vous êtes présentes ici et là, sur les traineaux, dans les fêtes, dans les maisons. Vous tintez et vous tintez encore et vous annoncez la tendresse de la nuit. Vos mélodies nous livrent à l’émerveillement des étoiles dans le ciel, qui clignent à votre écoute. Tant de fois, vous sonnez les délices des fêtes humaines… Je suis vraiment sonné… Mais pourquoi donc ne désirez-vous plus sonner ?
- Parce que celui qui vous a créé, en vous créant, s’est un peu surestimé. Vous êtes à l’origine de tant de malheurs. Voilà pourquoi nous ne voulons plus sonner, rétorque alors le président.
- L’un de nos amies, Kjtiti nous propose une solution que je vous soumets. Vous devriez être sensible à sa valeur poétique : « Agitez le tocsin, au plus fort, au plus haut, Que ce tonnerre de bruit secoue aussi les Dieux, A défaut d’apparaitre qu’ils exaucent ce vœu, ‘A tous ces fous d’eux-mêmes, qu’ils leur greffent un cerveau !!!!’’ ».
- Je trouve l’idée intéressante mais qui laisse entendre que seul le tocsin va sonner, vu le nombre de fous sur votre terre.
- Je comprends Monsieur le Président, je comprends, mais un autre membre de l’Orée Donald fait une autre suggestion qui vient compléter la première et qui mérite vraiment toute votre écoute clochante.
- Sonnez la donc !
- Eh bien voilà, notre ami Donald propose que les hommes puissent sonner à leur tour, à des moments aléatoires, dans un carillon de joie et de fraternité. Je crois qu’ainsi cela contrebalancerait la bêtise de celles et ceux qui contribuent aux malheurs des temps.
- Oui, mais alors, s’ils sonnent, nous ne sonnerons plus !
- Vous sonnerez en harmonie !

Le Président teinte alors et les membres du grand conseil teintent à leur tour dans une musique d’acquiescement. J’en profite pour avancer les derniers arguments. Et je leur réserve alors les arguments de notre grande spécialiste des défis, Couscous.

- Monsieur le président, notre amie Couscous propose que, malgré tous les malheurs et les humeurs, les cloches de Pâques décident de sonner et résonner dans le monde entier plus fort encore qu’à l’habitude. Il ne sera jamais dit que des hommes, se comportant comme des cloches, puissent ternir les fêtes de Pâques, nous propose-t-elle !
- Je vois que tous vos ami(e)s sont déterminés à profiter du plaisir de l’écoute des cloches… Avez-vous terminé ?
- Oui, Monsieur le président !
- Nous allons donc délibérer et prendre notre décision.

Le grand conseil des cloches ainsi que toutes les cloches convoquées se réunissent en conclave dans la salle de Flore.
Et après quelques heures de débat très sonnantes, le carillonneur sort de la salle et nous lit à haute voix le document suivant :

« Le grand conseil supérieur et mondial des cloches,

Constatant que certaines cloches se sont livrées à quelques folies pendant leurs tournées en tombant sur des bâtiments publics, sans qu’il en soit résulté quelque malheur pour les humains.

Constatant que bon nombre de cloches sont devenues fêlées après que des conflits humains en eussent été responsables et qu’ils ne restaient plus que des bourdons.

Constatant que la consultation du conseil des sages de l’Orée des Rêves a fait émergé une confiance renouvelée dans la gente humaine,

De manière à ce qu’il n’y ait plus rien qui cloche, il a été conclu cet accord entre toutes les parties prenantes et sonnantes mais non trébuchantes, consistant dans les différentes obligations suivantes :

1. Attendu que quelques exemples heureux en France sont là pour témoigner d’un équilibre harmonieux entre toutes les parties, il a été décidé que des cloches seront installées dans toutes les mairies de France et d’ailleurs et qu’elles ne seraient plus réservées qu’aux seuls lieux de culte.

2. Celle ou celui qui sonnera le tocsin des malheurs sera le premier à sonner le bourdon qui ne sonnera plus le glas, mais de nouvelles d’espérances. Toutes les cloches, alors, en sonneront davantage, et à la volée. Qu’on se le dise !

3. Tous les ans, dès lors qu’une catastrophe se fera annoncer, le sieur Carillon fera intervenir la fée clochettes.

4. Et attendu que le tocsin aura sonné autant de fois qu’il y aura eu de malheurs pendant l’année, la fée clochettes fera sonner toutes les clochettes dans toutes les mairies et les lieux de culte, dont l’effet sera la rédemption du bien-être et de la bonne humeur parmi les femmes et les hommes.

5. Il ne faudra pas croire que le son des cloches vous ouvrira la porte de votre paradis.

6. Une seule cloche ne pourra pas sonner. Il faudra au moins entendre deux sons de cloches.

7. Avant de prendre une décision, toutes les femmes et les hommes feront en sorte d’entendre tous les sons de cloche avant de prendre une décision, sans quoi les cloches ne sonneront plus pendant dix ans dans une grande ville du monde et ces êtres humains deviendront fêlés.

8. Toute tentative de fêler les cloches sera réprimandée.

9. N’abusons pas toutes et tous de la cloche. Il faudra s’en méfier autant que des canons.

10. Et que chacune et chacun se dise qu’il y a toujours une cloche qui signale son trépas. Agissons donc avant qu’une cloche ne sonne un coup de trop.

• Tout être humain ou toute cloche qui ne respectera ce protocole d’accord, on les lui sonnera pendant toute l’éternité. Et Prométhée y veillera lui-même et sera garant de l’application stricte de ce protocole. Les parties prenantes ont toute confiance en lui car il connaît la propension des hommes à s’élever au-dessus de leur condition.

Fait à Dijon, le lundi de Pâques de l’an de grâce 2016.

Signatures de :

Les membres du grand conseil supérieur et mondial des cloches.
Prométhée.
Vous toutes et vous tous, si vous en êtes d’accord, naturellement.
Votre serviteur qui a fini par devenir un peu cloche, après avoir vécu cette histoire.

Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Cher Jacques,

En voilà un beau débat ! Et tu nous y intègres tous. Quelle belle idée !
Bon, je promets de respecter ce protocole, en toute bonne cloche que je suis.

Je sonne et resonne pour célébrer ce bel accord.

Merci mon ami.

Bises


Couscous

Quelle envolée mon cher Jacques et quelle belle démonstration du bien fondé des idées Loréennes !!!

Le fameux Prométhée aurait s’arrêter de faire connaitre la métallurgie aux hommes juste après qu’ils sachent fabriquer les cloches et…………..avant qu’ils n’apprennent à fabriquer les canons !!!

D’ailleurs, comme le prétend Jean d’Ormesson :’’ Les cloches et les canons sont les deux grandes voix des hommes: elles luttent avec le tonnerre, cette grande voix de la nature.

Bravo Jacques, pour ta délicate nouvelle et la pensée que tu as eu pour chacun d’entre nous, et félicitations pour ta nouvelle orientation professionnelle, dans laquelle je te souhaite de trouver tout la plaisir auquel on aspire dans la cadre de son activité.

Amitiés

Serge.

Cher Serge,

Merci pour ton message qui me touche.
Le défi sur les cloches m'a fait du bien. J'ai pu ainsi me les secouer pour ne pas trop broyer du noir.
Je peux t'assurer que ma dernière journée professionnelle a été très pénible : un silence de plomb et des absences de regards à mes demandes de partage.

Je me repose pendant six semaines. J'aurai grand bonheur à venir ici pour me ressourcer et à vous lire toutes et tous.
C'est un vrai bonheur pour moi.

Porte toi bien et prend bien soin de toi.

Amitiés de Bourgogne.

Jacques