Bon, bon, bon. Mon texte à un peu foutu le cafard à certains... Je poste ici la version, surement finale, légèrement modifiée en partie une et deux, plus une troisième partie. Un jour y aura-t-il peut-être une suite mais pas cette semaine je pense.
I.
Cric, la flamme s’allume, une bouffée, haleine âcre, la nicotine ancrée dans ses veines, fumée propulsée dans sa bouche, locomotive rutilante sur les rails de ses poumons. Eclaboussures de sang sur son visage, lèvres pulpeuses, rosâtres, visage de porcelaine et chevelure ténébreuse. Deux perles de pluie au creux de ses yeux, maléfice sur son cœur. Serait-ce…Un sourire. Un éclair, puis la foudre et le néant… L’amour ?
J’ai le sida, tu dois l’avoir aussi, murmure-t-elle. Le chaos est si proche (peut-être déjà -là ?), pourquoi m’en soucierais-je, lui répond-il. Elle sourit à nouveau. Le café porté à ses lèvres, tendre amertume sur sa bouche incendiaire. Une goutte brunâtre dévale son menton, s’écrase sur son haut blanchâtre. Merde ! Si belle lorsqu’elle est en colère. Le monde s’effondre, ne te soucie pas d’un simple débardeur, il est trop tard pour ce genre de futilité. Elle serre sa main, si douce. Elle a peur, un frisson parcourt sa peau embrasée, odeur de chair putréfiée, de viande séchée. Il cache sa peur. Quelle tristesse : l’amour n’épargne donc pas la mort, ou l’inverse.
II.
Sa main arrache son visage, déforme sa joue, sa bouche, son menton. Sourire crispée. Pleurs aux bords des yeux verdâtres. Rupture. Son cœur se déchire. Sanglots. Le banc est si dur et la brise si fraiche, les feuilles crépitent, mais point de feu si ce n’est l’amour qui s’évapore, fureur charnelle emportée par les bourrasques acérées. Tranchante sensualité, aura sexuelle qui anéantit leurs corps, désormais ruines, poussière…
Remords sa chair et goûte sa peau de velours. Remords sur son esprit, leurs esprits. Pourquoi nous sommes-nous quittés ? Je ne sais pas, je ne sais plus, ai-je un jour su ? Pourtant, il y avait tant d’amour en moi, en nous, répondit-il. Et bientôt, il n’y aura plus d’amour, nulle part… Ses dents grincent, les siennes aussi. Je t’aime toujours mais… Je ne veux pas finir ma vie dans ce… Les voix se désaccordent, s’écorchent. Le monde s’effondre et leurs timbres s’éteignent, s’envolent, glissent sur les lettres et les mots nasillards. Sa langue nettoie ses lèvres, les pleurs se mêlent à la salive. Sel sur ses papilles. Nous étions si jeunes…
III.
La couverture caresse ses épaules nues et son corps s’abandonne sur les draps plissés, nuage soyeux. La chaleur de l’être aimé suffit à les nourrir. Survivre. Deux mainates à la fenêtre, ou peut-être des passereaux ? N’a jamais été doué en ornithologie. Ailes fuselées, suave mélodie dans leurs becs orangés. Il les pointe du doigt et elle l’enlace tendrement. Tu es un homme sinistre, parfois. Je sais, mais l’heure n’est-il pas au sinistre tandis que s’effondre notre monde ? Il a toujours été comme cela, sinistre ; aussi sinistre que l’amour peut l’être…
Caresse le long de son ventre. Frisson. Une mèche brunâtre dans ses yeux, délicatement relevée derrière son oreille. J’aimerais que cette seconde soit éternelle. Le chaos guette leur chair pourrissante. Elle se trouble. Tu te souviens lorsque… Eclat de sa mémoire oubliée. Oui, je me souviens. Le passé défile si vite au creux de leurs prunelles tremblantes. Serre-moi, juste une dernière fois. Leur peaux roule l’une contre l’autre. Passion. Ne t’inquiète pas, je… Je ne suis plus inquiet. Moi non plus, désormais.