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Re: Défi du 17/05/14
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Théodore vient de passer vingt années dans une tribu de Papous au cœur de la jungle amazonienne. Afin de communiquer le résultat de ses recherches à ses confrères anthropologues et obtenir enfin la reconnaissance de ses pairs, il décide de reprendre le chemin de sa Belgique natale.

Le taxi de l’aéroport le dépose à l’entrée de son village. Là, Théodore se retrouve face à un grand panneau d’affichage qui annonce « Zone de tests, réservée uniquement aux résidents de Mouscron ». Plus loin, des policiers montent la garde dans une guérite accolée à une barrière imposante. Un peu décontenancé, l’anthropologue s’avance vers les hommes en uniforme. L’un d’eux lui crie :

« Halte ! Votre carte d’identité je vous prie.
– J’en ai bien une mais elle est relativement ancienne. Par contre, j’ai mon passeport. »

Le policier ouvre le document et s’attarde sur le nom qui y est inscrit avant de s’écrier :

« Théodore ! C’est toi ? Je ne t’avais pas reconnu. Depuis le temps ! Je suis Nicolas Lejuste.
– Nicolas ! Je ne t’avais pas remis non plus ! Il faut dire que cela fait un bail que je suis parti. »

Il raconte alors, de manière succincte, ses aventures dans la nature sauvage, avant d’obtenir un droit de passage. Dans les rues, il croise des segways qui slaloment parmi les voitures électriques, le tout sans un seul bruit de moteur ni échappement de gaz nauséabond. Les façades des maisons sont toutes recouvertes d’une sorte de mousse brune, leur donnant un aspect uniforme. On dirait des habitations en chocolat qu’une vilaine sorcière aurait transformées afin de faire une farce aux habitants.

Il arrive sur la Grand’Place. Chaque devanture de café arbore la même affiche : « Par décision du collège communal du 17/05/2034, il est interdit de servir plus d’une boisson alcoolisée par jour et par habitant majeur. Tout contrevenant ou fraudeur se verra infliger une amende de deux cents bicals.» Juste en-dessous se trouve la traduction en langue de Shakespeare. Plus loin, une librairie fait état d’une autre limitation : « Maximum 25 grammes de tabac par jour et par personne de plus de 30 ans. » et la version anglaise est indiquée juste après également. C’est assez intriguant car, avant le départ de Théodore, c’était le néerlandais qui cohabitait avec le français, langues nationales obligent.

L’attention de Théodore est soudain attirée par un drôle de personnage. Malgré la température assez clémente, une femme affublée de nombreuses couches de vêtements entre dans un magasin à l’enseigne « douche-lavoir ». Elle est suivie de près par une autre qui semble avoir enfilé toute sa garde-robe. L’homme, intrigué par ce drôle de cirque, s’approche de la vitrine et découvre que les clients entrent dans des sortes de grandes cabines de douche pour ressortir quelques minutes plus tard avec un grand sourire. Il interpelle une dame :

« Excusez-moi mais que se passe-t-il dans ces cabines ?
– Cela lave aussi bien votre corps que vos vêtements, c’est de plus très agréable.

Elle s’approche de Théodore et le renifle avec dédain avant de déclarer :

– Vous devriez essayer ! »

Et la femme habillée en mode Bonhomme Michelin s’éloigne en se dandinant. En passant dans une rue plus animée, une voix résonne soudainement : «Vous êtes mal garé, veuillez bouger votre véhicule immatriculé BXY 597664 ». La même phrase est énoncée en anglais. Le chauffeur interpellé s’empresse de démarrer et de trouver une place plus loin. Théodore observe les alentours et découvre que des caméras sont postées à chaque coin de rue.

En attendant à un passage pour piéton, un homme se poste juste à côte de lui et se met à parler fort :

« Salut ! Comment vas-tu ? Pas trop crevé ?
– Excusez-moi, vous me parlez ?
– Quoi ? Non, attends, y’a un mec qui me demande un truc. Qu’est-ce que vous cherchez ?
– Rien mais vous m’avez parlé !
– Non, je suis au téléphone.
– Mais comment est-ce possible ? Les téléphones sont dans les maisons.
– D’où tu viens ? De la planète Mars ? Regarde. »

Le jeune homme désigne un petit morceau de plastique transparent collé sur son nez et sa montre.

« Je ne comprends pas, répond Théodore.
– Mon téléphone est dans ma montre et je communique avec le patch. C’est révolutionnaire. On est les premiers à les tester. »

Il traverse d’un pas rapide et reprend la conversation avec son ami. L’anthropologue sonne au 31 de la Rue de la Tapisserie. Une personne étrange vient lui ouvrir la porte en demandant avec une voix métallique :

« Bonjour, annoncez votre identité et le motif de votre visite, je vous prie.
– Bonjour, je suis Théodore et ma mère vit normalement ici.
– Attendez, je prends mes renseignements. »

L’homme entre dans l’habitation et c’est la Maman de Théodore qui fait son apparition. Grand sourire aux lèvres, elle enlace tendrement son fils chéri.

« Cela fait si longtemps ! Tu ne donnais pas de nouvelles.
– C’était compliqué de là où j’étais.
– Je sais. Entre !
– Qui est cet homme qui vit avec toi ?
– Quel homme ? Je suis seule depuis la mort de ton père.
– Celui qui m’a ouvert.
– C’est un robot de compagnie. Il m’aide dans les tâches quotidiennes. Comme j’ai plus de septante ans, il m’a été offert par la Ville.
– J’ai vu que vous étiez une zone de tests. Des policiers empêchent même l’accès.
– Oui, depuis cinq ans. Les chercheurs tentent de trouver le moyen de créer un environnement plus sain grâce aux nouvelles technologies. Si les essais sont concluants, ils étendront cela aux autres communes. »

Théodore s’assied dans le salon pendant que le robot apporte du café et des biscuits. Le scientifique observe avec intérêt cette machine qui a tout l’aspect du vivant, jusqu’aux expressions du visage. Il regarde ensuite sa mère ; elle a évidemment vieilli, semble avoir pris du poids et éprouve quelques difficultés à se mouvoir.

« Robert m’aide aussi à faire les courses. C’est très pratique et je ne suis jamais seule.
– Robert ? C’est son nom ?
– Oui, je l’ai baptisé ainsi. Comme le chien de ton enfance. Et puis, c’est toujours mieux que XPCT14225 !
– En effet. Tu ne vois plus tes amies du bridge ?
– Elles sont presque toutes décédées. Il reste Maria qui est dans une maison de repos. Elle avait aussi un robot de vie. Quand elle a fait cette mauvaise chute, c’est lui qui a appelé l’ambulance. Il lui a sauvé la vie. On communique grâce à l’ordinateur sur Blabla. Et toi ? Raconte-moi tout ! »

Théodore entame le long récit de ses aventures. Tout à coup, Robert apporte une petite boîte avec des pilules et un verre d’eau à la vieille dame qui le remercie.

« Pourquoi prends-tu ces médicaments ?
– Cela fait partie des essais. Les personnes âgées doivent prendre un traitement préventif contre l’ostéoporose, les maladies vasculaires et Alzheimer. Les plus jeunes doivent tester des antidépressifs révolutionnaires.
– Vous y êtes obligés ?
– Nous avons tous signé un contrat avec le groupe international qui mène l’étude. Ceux qui ont refusé ont été contraints de quitter la ville.
– C’est effrayant !
– Nous recevons tous une prime mensuelle et le remboursement total de nos soins de santé. Ce n’est pas négligeable à mon âge.
– Et tu n’as pas peur que Robert se dérègle ?
– Non. Un technicien vient régulièrement le contrôler. Il est programmé pour me protéger et toujours aux petits soins pour moi. Tu sais… ce n’est pas facile d’être seule, loin de son unique enfant. »

Là, la dame aux cheveux blancs se met à pleurer à chaudes larmes. Théodore, mal à l’aise, tente de la consoler. Pendant que sa mère se mouche et finit de se calmer, il se rend aux toilettes. En sortant du coin d’aisance, il se retrouve nez-à-nez avec Robert qui fronce les sourcils. Juste le temps de l’entendre dire « Vous êtes néfaste pour ma maîtresse ! » et il se voit asséner un grand coup de marteau sur le crâne.


L’explorateur entend des voix lui parler et un linge humide être posé sur son front douloureux. Il ouvre péniblement les yeux et se trouve face à Peypey, sa femme papoue.
« Que m’est-il arrivé ?
– Tu as voulu cueillir des fruits et tu es tombé de l’arbre. Tu t’es cogné la tête. J’ai eu très peur.
– J’ai fait un terrible cauchemar. Je pense que je ne vais pas retourner en Belgique. J’ai trop peur de ne plus rien reconnaître. En plus, plus personne ne m’y attend depuis le décès de ma mère avant mon départ. Ma vie et ma famille sont ici maintenant ! Je ne regrette pas la civilisation. »

Posté le : 18/05/2014 17:33
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Re: Défi du 17/05/14
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Salut,
J'ai adoré la fin de ton histoire. Je trouve que l'idée de ce rêve est très bien trouvée.
Cela m'a paru un peu comme une sorte de fable et, tout comme ton héros, je me demandais comment tous ces gens arrivait à vivre là-bas.
C'est drôle mais à la fois amère par moments et je trouve que le ton est très réussi.
Bravo pour avoir répondu avec brio à mon défi.
A bientôt.

Posté le : 18/05/2014 18:06
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Le soleil n'est qu'une étoile du matin.
H.D Thoreau
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Jean-Paul II pape Catholique 2ème partie
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Administration et diplomatie Rencontres officielles et fondations

Le troisième voyage apostolique en Pologne 1987
Il a plus que doublé le nombre des nonciatures (ambassades du Saint Siège) qui passent de 85 en 1978 (à son élection) à 174 à la fin du pontificat.
Au 16 octobre 2004, il a participé à plus de 1 475 entretiens avec des personnalités politiques, comprenant les 38 visites officielles : 738 audiences avec des chefs d'État et 246 avec des chefs de gouvernement, 190 ministres des affaires étrangères, 642 ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège. Ces chiffres ne comprennent pas les diverses rencontres qui ont lieu en clôture de cérémonies liturgiques, tant au Vatican que de par le monde.
En février 1984, il fonde l’institut Jean-Paul II pour le Sahel et en février 1992 : la Fondation Populorum Progressio pour les pauvres d’Amérique latine. Il a également fondé l'Académie pontificale pour la vie et l'Académie pontificale des sciences sociales.
De plus, il a institué la journée du malade célébrée chaque année le 11 février et les Journées mondiales de la jeunesse JMJ, la journée mondiale pour la Paix, la journée mondiale pour les migrants et les réfugiés, la journée mondiale pour les communications ainsi que six autres journées mondiales.

Représentations diplomatiques du Saint-Siège

En 1989, il rencontre le Chef Raoni afin de discuter des enjeux liés à la préservation de la forêt amazonienne.
Il a été le premier pape à tenir des conférences de presse dans des avions et une dans la salle de presse du Saint-Siège 24 janvier 1994.
Il a fait construire deux immenses basiliques près de Cracovie : la basilique de Nowa Huta en tant qu’évêque de Cracovie et celle dédiée à la Miséricorde Divine dans Łagiewniki à la consécration il a fait l'Acte de confier le destin du monde à la miséricorde divine.
Il a été reçu onze fois docteur honoris causa.

Curie et organisation de l'Église

Article connexe : Évolution du collège cardinalice sous le pontificat de Jean-Paul II.
L'organisation de l'Église a été profondément remaniée sous le pontificat de Jean-Paul II. Il a au cours des 9 consistoires créé 232 cardinaux et cherché à universaliser la Curie. Dès 1988 la majorité des cardinaux, ceux qui élisent le pape, venait des pays non européens. Il a également convoqué 6 réunions plénières du collège des cardinaux.
Jean-Paul II a voulu rendre l'administration du Vatican universelle. Il nomma aux postes importants de la Curie des cardinaux venant du monde entier comme Francis Arinze ou François Xavier Nguyen Van Thuan, alors que l'administration était principalement italienne avant son pontificat. Privilégiant la pastorale à la gouvernance du Vatican, il délègue une bonne partie de ses pouvoirs à son cardinal secrétaire d'État Agostino Casaroli surnommé le vice pape.
Il a nommé plus de 3 500 des 4 200 évêques encore vivants lors de son décès. Il intervient directement dans la nomination des évêques, ce qui fut critiqué comme une marque d'autoritarisme du pape. Il n'a pas fait évoluer la pratique des synodes des évêques, et convoqua 15 synodes: : 6 assemblées générales ordinaires sur la famille en 1980, la réconciliation en 1983, les laïcs en 1987, la formation des prêtres en 1990, la vie consacrée en 1994 et en 2001 sur le ministère épiscopal, 1 assemblée générale extraordinaire sur le concile Vatican II en 1985, 7 assemblées spéciales sur l'Europe en 1991 et en 1999, l'Afrique en 1994, le Liban en 1995, l'Amérique en 1997, l'Asie et l'Océanie en 1998 et un synode particulier pour les Pays-Bas en 1980. Il réaffirma l'autorité du pape sur les évêques et les églises locales afin de renforcer l'universalité de l'Église.
Il a consacré environ 10 000 audiences aux évêques venus à Rome.
Il a permis l’ordination d'hommes mariés dans certains cas très précis par ex. pasteurs protestants mariés qui se convertissent au catholicisme. Il a œuvré à la promotion du diaconat.
Il a également voulu associer davantage les femmes au fonctionnement de l’Église à tous les niveaux, y compris dans les processus d’élaboration des décisions. Il écrit une lettre aux femmes datée du 29 juin 1995. Il nomme le 9 mars 2004 Mme Mary Ann Glendon (professeur de droit à Harvard, et ancienne représentante de la délégation pontificale à la conférence de Pékin sur la Femme en 1995 présidente de l’Académie pontificale des sciences sociales. Auparavant, il avait déjà nommé : sœur Sara Butler, M.S.B.T., professeur de théologie à l’université St. Mary of the Lake » de Mundelein Chicago, et madame Barbara Hallensleben, de l’université de Fribourg, en Suisse à la Commission théologique internationale.
Jean-Paul II appuiera tout au long de son pontificat l'émergence et le développement de nouvelles congrégations religieuses et les nouvelles formes de rassemblement de catholiques en dehors des structures paroissiales habituelles de l'Église. Une partie de ces communautés et associations avaient des origines pré-conciliaires. Il les avait parfois rencontrées pendant ces voyages durant le concile Vatican II. Il les appuya durant son pontificat malgré certaines réticences parmi des membres de la Curie. Il marqua son attachement à ces groupes comme Communion et Libération, le Mouvement des Focolari, la communauté de l'Arche, communauté de vie avec des personnes handicapées ; l'Opus Dei qui favorise la sanctification sur le lieu de travail, les légionnaires du christ, mouvement de laïcs, le Chemin néocatéchuménal fondé dans les taudis de Madrid, la communauté de l'Emmanuel, fondée par un laïc, la Communauté de Sant'Egidio promouvant un intense engagement social, ou Sodalitium Christianae Vitae mouvement né au Pérou qui a une mission d'enseignement. Le pape les soutient malgré les risques de déstabilisations que ces mouvements pouvaient représenter vis-à-vis des structures traditionnelles de l'Église.

Rencontres et voyages Liste des visites pastorales du pape Jean-Paul II hors d'Italie.

Pays visités par Jean-Paul II

Jean-Paul II visitant Estelle Satabin lors d'une visite au Gabon en 1983
Durant son pontificat, Jean-Paul II effectue 104 voyages représentant 576 jours en dehors du Vatican, 143 voyages en Italie, 740 visites à Rome ainsi qu'à Castel Gandolfo. Il a rendu visite à 317 des 333 paroisses de Rome. Il a visité 129 nations la plupart d'entre elles accueillaient un Pape pour la première fois et 614 villes. La distance parcourue lors de ses voyages apostoliques est de 1 163 835 km soit 28 fois le tour de la terre ou presque trois fois la distance terre - lune.

Les pays les plus visités par Jean-Paul II ont été la Pologne, son pays natal (neuf fois, puis la France (huit fois, sept fois en métropole et une fois à la Réunion, et les États-Unis sept fois. Jean-Paul II avait un attachement particulier pour la France. Il a rappelé, lors de son premier voyage en France en 1980, qu'elle est la fille aînée de l'Église et, à la fin de son homélie au Bourget, a demandé : France, Fille de l’Église et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ?. Il a également effectué deux voyages à Lourdes 1983, 2004, un voyage européen à Strasbourg, Metz, et Nancy 1988, un voyage pour le 1500e anniversaire du baptême de Clovis 1996, et un voyage pour les Journées mondiales de la jeunesse à Paris 1997.
Durant son plus long voyage, le 32e, qui a eu lieu en novembre-décembre 1986, Jean-Paul II, qui avait déjà visité les Indes du 1er au 10 février de la même année, parcourt le Bangladesh, les Seychelles, Singapour, les iles Fidji, la Nouvelle-Zélande, l'Australie.
Alors que certains de ses voyages comme aux États-Unis ou à Jérusalem le mènent sur les traces de Paul VI, beaucoup d’autres pays n’avaient jamais été visités par un pape. Il devient le premier pape à se rendre au Royaume-Uni où il rencontre Élisabeth II, chef de l’Église anglicane. Lui et l’archevêque anglican de Cantorbéry s’embrassent devant les médias dans la cathédrale de Cantorbéry.
Il a été le premier pape à descendre dans un hôtel et non à la nonciature du pays visité Hôtel Irshad à Bakou, Azerbaïdjan en mai 2000, à dire la messe dans un avion, à dire la messe pour la communauté catholique située la plus au Nord à 350 km au nord du cercle polaire à Tromsø en Norvège en 1989. Il a repris la pratique de Paul VI de baiser la terre à son arrivée sur un sol étranger.
Il a présidé 1 160 audiences générales hebdomadaires en présence de plus de 18 512 300 pèlerins provenant du monde entier et plus de 1 500 audiences privées. Plus de 160 millions de personnes sont venues à Rome pour le voir.
Les raisons de ses nombreux voyages étaient la volonté de Jean-Paul II de montrer le caractère universel de la mission du pape, qui doit parler au monde entier, et doit être un signe visible de l'universalité de l'Église. Il voulait aussi permettre aux fidèles de voir le pape, en allant lui-même, comme le Christ, à la rencontre des personnes, d'autant que beaucoup de celles-ci n'avait pas les moyens de se déplacer à Rome.

Format des visites apostoliques

Durant ses voyages, il montre une dévotion particulière envers la Vierge Marie, visitant de nombreux lieux lui étant consacrés, dont Lourdes France par deux fois, Fátima Portugal, Guadalupe Mexique. Ces visites avaient trois principales raisons : l'attachement personnel de Jean-Paul II envers la Vierge Marie, la volonté de renforcer et populariser les pèlerinages vers des sanctuaires mariaux, le désir de rappeler cette dévotion des catholiques pour la mère du Christ, dévotion qui n'est pas partagée, au même titre, par les protestants.
Ses visites ont aussi la particularité de rassembler de gigantesques foules. Lors de manifestations, comme les Journées mondiales de la jeunesse, on a souvent dépassé le nombre du million de personnes présentes.

Doctrine sociale

Le pontificat de Jean-Paul II a été marqué par un profond engagement social. La dignité de l'homme est l'aspect le plus marquant de sa doctrine au cours de son pontificat.

Opposition au communisme

Le système soviétique anticlérical fut l'objet des critiques du pape dès le début de son pontificat, même si le communisme avait déjà été condamné par Pie XI. La dignité de l'homme donne le droit, selon le pape, à des droits inaliénables. Ce constat le conduit à critiquer les dangers des idéologies et des totalitarismes qui vont à l'encontre de cette dignité. Cette opposition au communisme sera renforcée par sa conviction que le communisme nie, selon lui, la vérité tant de Dieu, que la nature humaine. Il affirme ainsi que La vérité est aussi nécessaire que le charbon. Au nom de la dignité de l'homme dans le travail il défendit la création de syndicats libres, qui étaient interdits sous le régime communiste. Il favorisa en Pologne une résistance intransigeante contre le communisme. Son soutien aux dissidents de l’ex-bloc soviétique, en particulier au syndicat Solidarność et à Lech Wałęsa ainsi son élection comme pape venu de derrière le rideau de fer, ont joué un rôle important dans l’effondrement des régimes communistes en Europe de l’Est à la fin des années 1980. Il fut considéré comme l'un des acteurs principaux de la chute du communisme.

Dénonciation de la pauvreté

Jean-Paul II s'est également opposé aux inégalités criantes dans le monde. Il rejette l'impérialisme et toutes formes de négation de l'indépendance des nations. Dans ses discours il s'oppose à des idéologies et politiques telles que le féminisme, l'impérialisme, le relativisme, le matérialisme, le fascisme y compris le nazisme, le racisme, l'ultra-libéralisme et le capitalisme. À plusieurs reprises, il a dénoncé l'oppression des plus pauvres.

Démocratie

L'attitude de Jean-Paul II à l'égard des courants proche du marxisme, et notamment la théologie de la libération, ainsi que sa dénonciation de certains régimes dictatoriaux, tant en Amérique, qu'en Asie, ont favorisé, selon certains, la transition démocratique en Amérique du Sud et en Asie.
À l’occasion de son voyage au Chili, Augusto Pinochet demanda au pape : Pourquoi l’Église parle-t-elle sans cesse de démocratie ? Toutes les méthodes de gouvernement se valent. Jean-Paul II répondit : Non, le peuple a le droit de jouir de ses libertés fondamentales, même s’il commet des erreurs dans l’exercice de celles-ci. Au cours de cette même visite le pape demanda à Augusto Pinochet, lors d'un entretien en privé avec lui, de démissionner et de rendre le pouvoir à la société civile.

Dialogue interreligieux Rencontre d'Assise.

Le pontificat de Jean-Paul II s’est caractérisé par une intensification des échanges avec les autres religions. Au cours de ses voyages, il a rencontré bon nombre de leurs dignitaires et a prié dans plusieurs de leurs lieux saints. Le pape Jean-Paul II a sensiblement amélioré les relations entre le catholicisme et les autres religions. À plusieurs reprises, il a invité les responsables de toutes les religions à une prière commune pour la paix à Assise : 27 octobre 1986, en 1993 pendant la guerre des Balkans et le 22 janvier 2002, quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001.

Relations entre judaïsme et christianisme.

Jean-Paul II a grandi dans un contexte de culture juive florissante, son intérêt pour elle datant de son enfance. Il écrit un grand nombre de textes et de discours sur le sujet des relations entre l’Église et les Juifs, rendant hommage aux victimes de la Shoah. Son premier voyage, qui est aussi le premier d’un pape en ce lieu, est à Auschwitz. Il est le premier pape à visiter une synagogue, à la Grande synagogue de Rome en avril 1986. Il déclare que les juifs sont nos frères bien-aimés et, d'une certaine manière, …nos frères aînés .
En 1993, Jean-Paul II décide de reconnaître l'État d'Israël, établissant pour la première fois des liens diplomatiques officiels avec l'État hébreu, et ceci malgré l'opposition de membres de la Curie qui souhaitaient le règlement de la question palestinienne avant la reconnaissance des relations diplomatiques. Lors d'un colloque le 31 octobre 1997, Jean-Paul II affirme qu'un examen lucide du passé … peut démontrer clairement que l'antisémitisme est sans justification aucune et est absolument répréhensible.

En mars 2000, Jean-Paul II se rend au Mémorial de Yad Vashem, où il retrouve une rescapée qu'il avait secourue, et demande pardon à Dieu pour les actes antisémites commis par les chrétiens. Dans un billet glissé dans une fente du Mur des Lamentations, il demande à Dieu de pardonner pour les torts faits au peuple juif.
La rédaction par une partie des théologiens juifs du document Dabru Emet en 2000, qui affirme qu'« un nouveau dialogue religieux avec les chrétiens n'affaiblirait pas la pratique juive et n'accélèrerait pas l'assimilation des juifs et affirme la volonté de dialogue théologique avec les chrétiens, montre, pour certains, l'impact du pontificat de Jean-Paul II qui a permis de favoriser l'émergence de ce courant juif dans le développement du dialogue inter-religieux.
Des polémiques émaillèrent le pontificat de Jean-Paul II. Un carmel s'était établi à Auschwitz. Cette fondation fut très critiquée par une partie de la communauté juive. Jean-Paul II finit, après plusieurs années, par ordonner aux religieuses de déménager, afin de pacifier les relations. De même la canonisation d'Edith Stein, juive convertie au catholicisme, morte à Auschwitz fut décriée, et considérée par certains comme une récupération de la Shoah par l'Église, alors que Jean-Paul II, lecteur d'Édith Stein, considérait celle-ci comme exemplaire et sainte.

Islam

Jean-Paul II devint le deuxième pape à avoir visité la Turquie en se rendant dans ce pays en novembre 1979.
Le pape effectue une visite les 18-19 août 198538 à Casablanca au Maroc. Il parle devant 80 000 musulmans. Au cours de cette rencontre le pape affirme nous adorons le même Dieu. Plusieurs réactions négatives dans les pays arabes suivirent cette rencontre ; l'Iran et l'ayatollah Khomeini ne reconnurent plus le titre de commandeur des croyants au roi Hassan II. Le pape a effectué une visite d’une journée à Tunis le 14 avril 1996. L'assassinat des moines de Tibhirine en mai 1996 ainsi que celui de l'évêque Mgr Pierre Claverie ont cependant rendu les relations entre les deux religions plus difficiles.
Il encourage la construction d'une mosquée à Rome, tout en demandant plus de réciprocité dans la liberté de culte des pays musulmans. Les attentats du 11 septembre 2001, conduisent Jean-Paul II à condamner toute forme de violence au nom de Dieu, et affirme que ces attentats n'ont rien à voir avec le vrai Islam. Il invita alors à une journée de prière rassemblant toutes les religions et particulièrement les musulmans, voulant éviter de légitimer toute guerre des religions entre chrétiens et musulmans.
En mai 2001, Jean-Paul II est le premier pape à se rendre dans une mosquée. Désireux de se recueillir sur le lieu où se convertit saint Paul, il entre et prie auprès des reliques de saint Jean le Baptiste à la mosquée des Omeyyades à Damas Syrie.

Bouddhisme

Jean-Paul II a rencontré le 14e dalaï-lama, Tenzin Gyatso au Vatican en 1980, 1982, 1986, 1988 et 1990. Plus tard, le 27 janvier 2003, après une audience avec le pape, le dalaï-lama a déclaré lors de sa rencontre avec le président du Sénat italien Marcello Pera : J'ai dit au pape mon admiration pour ce qu'il a fait pour la paix et l'harmonie religieuse dans le monde .

Dialogue œcuménique

Article détaillé : Rôle de l'Église catholique romaine dans l'œcuménisme.
Le pontificat est marqué par une volonté de rapprochement avec les églises orientales. Dès le début il se pose en avocat des églises orthodoxes en grande partie contrôlées par le régime communiste. En se proclamant le leader de l'Église silencieuse, il affirme sa défense des églises orientales et occidentales lors de sa première visite en Pologne.
En 1985 il publie l'encyclique Slavorum Apostoli consacré aux saints Cyrille et Méthode, dans laquelle il appelle à un dialogue œcuménique.
Sur le sujet de la primauté du pape, il a proposé aux chrétiens des autres confessions de « chercher, évidemment ensemble, les formes dans lesquelles ce ministère pourra réaliser un service d’amour reconnu par les uns et par les autres dans l’encyclique Ut Unum Sint 1995.

Avec les orthodoxes

Article détaillé : Dialogue entre l'Église catholique romaine et l'Église orthodoxe.
En 1999, Jean-Paul II visite la Roumanie avec les personnalités locales de l’Église orthodoxe. Il est d’ailleurs le premier pape à visiter un pays à majorité orthodoxe depuis le schisme de 1054. Au cours de ce voyage il demande pardon au nom des catholiques pour le sac de Constantinople.
Lors du Jubilé de l'an 2000, il ouvre la Porte Sainte avec le métropolite orthodoxe Athanasios et le primat anglican George Carey, marquant la volonté d'unité des différents chrétiens. Cependant il ne put jamais se rendre en Russie, le patriarche de Moscou refusant de le rencontrer.
En 2004, lors d'un voyage en Grèce, il offre les reliques de Grégoire de Nazianze, conservées jusque-là au Vatican, au Patriarche Bartholomée Ier de Constantinople dans une logique de réconciliation.
Les tentatives de réconciliation avec les orthodoxes ont aussi été entravées par des conflits de juridictions et de frontières, les Églises uniates réclamant les églises confisquées par les Soviétiques au profit des orthodoxesE 10. Le pape fut critiqué du fait du prosélytisme des catholiques en Russie, conduisant au refus de l'épiscopat russe de le recevoir. Enfin la reconnaissance par le Vatican de l'indépendance de la Croatie fut très mal vécue par les orthodoxes serbes qui considéraient ce pays comme lié à la Serbie.

Protestants

Déclaration commune sur la justification par la foi.
À plusieurs reprises il demande pardon, au nom des catholiques, pour les torts infligés aux autres chrétiens. Ainsi, lors de son voyage en Slovaquie, il se rend devant un monument commémorant l'assassinat de calvinistes par des catholiques.
En 1998 les Églises luthériennes signent avec le Vatican ensemble un texte, la Déclaration commune sur la justification par la foi, sur une conception commune de la justification par la foi. Ils parviennent ainsi à un accord sur l'un des points principaux des divergences issues de la réforme de Luther.

Théologie sur le corps et la sexualité Conception de la sexualité de Jean-Paul II.

Jean-Paul II discourant après avoir reçu la Médaille présidentielle de la liberté, en juin 2004.
Jean-Paul II développa une véritable théologie du corps au cours de 129 conférences de 1979 à 1984. Cet enseignement est considéré comme une bombe à retardement théologique. Dans sa catéchèse Jean-Paul II affirme, en s’appuyant sur une anthropologie biblique, que le corps, créé à l’image de Dieu, a pour vocation première de permettre la communion entre l’homme et la femme, cette communion étant à l’image de la communion des personnes en Dieu. La sexualité ne peut donc pas se réduire à une relation de plaisir, qui réduit l’homme ou la femme à un objet dont on peut se satisfaire. Cette tendance utilitariste est selon Jean-Paul II une conséquence du péché originel. Cependant selon Jean-Paul II, le Christ contribue à restaurer la sexualité à travers le mariage, qui devient donc le lieu indissociable de la sexualité. Le mariage est le lieu de la communion entre deux personnes, à l’image de Dieu. La relation du mariage conduit à une relation de soumission réciproque de l’homme et de la femme, source de sanctification. La sexualité, le don des corps selon Jean-Paul II, dans l’acte conjugal vient donc exprimer et réaliser le don mutuel que les époux font d’eux-mêmes et de toute leur vie. La sexualité exprime donc l’amour, la fidélité et l’honnêteté entre les époux.
Cette conception conduit Jean-Paul II à confirmer l’opposition de l’Église à la contraception. Celle-ci va à l’encontre de la dignité du mariage et du don véritable des époux, et empêche une communion véritable à l’image de Dieu. Dans un entretien avec des scientifiques il affirme qu’il ne veut pas séparer la sexualité de sa potentialité procréative, la contraception allant à l’encontre de la vocation de l’homme et de l’ordre dans lequel Dieu l’a créé. Selon Jean-Paul II l’homme n’est pas et ne doit pas être maître de la vie, mais dépositaire de la vie.
Son opposition alla aussi à l’encontre de l’avortement. La vie humaine étant présente dès la fécondation, tout avortement constitue selon lui un meurtre, constituant une atteinte fondamentale tant aux dix commandements tu ne tueras point, mais aussi à la dignité de l’homme qui est niée.
À plusieurs reprises, il a rappelé l’enseignement de l’Église concernant l’exigence de fidélité conjugale et la recommandation d’éviter les méthodes artificielles de contraception. Ainsi quand on l’interrogea sur la possibilité d’utiliser la contraception pour éviter des avortements, Jean-Paul II affirma que la contraception et l’avortement étaient les deux fruits d’une même plante, qui conduit à nier toute la vocation à l’amour présente dans le mariage.
Il n'a jamais prononcé une seule fois le mot préservatif, mais a par contre insisté de nombreuses fois sur l'efficacité absolue de l'abstinence et de la fidélité contre les maladies sexuellement transmissibles43. Cette position fut très vivement critiquée, certains accusant le pape d’être responsable du SIDA en Afrique.
Il s’est fait le défenseur inlassable du droit à la vie, rappelant l’opposition de l’Église à l’avortement, l’euthanasie et à toute forme d’eugénisme. Il a également appelé à une plus ferme condamnation de la peine de mort.
Face aux nouvelles questions de bioéthique et notamment la fécondation artificielle, il publia le document Donum Vitae44. Le document la considère comme une technique moralement illicite parce qu'elle prive la procréation humaine de la dignité qui lui est propre et conaturelle, ainsi le détachement de la fécondation de l'acte sexuel, tout comme la contraception est là encore critiqué. Il s’opposa à tous les travaux sur les cellules souches embryonnaires, le clonage humain, qu’il considère comme une atteinte à la dignité humaine.
Il a également confirmé la tradition catholique sur le mariage en s'opposant au mariage homosexuel. Il a par ailleurs maintenu l’interdiction de la communion sacramentelle pour les divorcés remariés en raison de leur absence de communion spirituelle préalable avec l'enseignement de l'Église.

Abus sur mineurs commis par des prêtres

Plusieurs observateurs ont relevé que le Saint-Siège avait tardé à réaliser l’ampleur du problème des abus sexuels commis par des prêtres. Ces dossiers étaient traités, la plupart du temps, dans les diocèses, ce qui a pu empêcher une prise en compte globale de ce phénomène. Pour Bernard Lecomte, Jean-Paul II, sans être indifférent, a pu être négligent sur ce problème. Les accusations en 1998 contre le père Marcial Maciel Degollado, fondateur des Légionnaires du christ, n'ont pas été traitées avec suffisamment de moyens et de rapidité. Cette confiance excessive dans la personne du père Marcial Maciel constitue, d'après George Weigel, une erreur de gouvernement du pape. Les allégations d'abus sexuels contre le cardinal Hans Hermann Groër, n'ont pas non plus donné lieu à une enquête immédiate. L'habitude de traiter les affaires de mœurs dans la discrétion, une certaine culture du silence qui prévalait sur ces sujets, n'ont pas favorisé l'émergence de la vérité et la reconnaissance publique des souffrances subies par les victimes. Pour plusieurs vaticanistes, un tournant est pris en 2001, avec le motu proprio Sacramentorum sanctitatis tutela de Jean-Paul II et la lettre De delictis gravioribus Les Délits les plus graves, envoyée par le cardinal Ratzinger, imposant aux évêques de faire remonter les dossiers d'abus sexuels à Rome. Une plus grande transparence est alors préconisée. En avril 2002, alors que le scandale des abus sexuels de prêtres américains sur des enfants vient d'éclater, Jean-Paul II convoque onze cardinaux, tous venus des États-Unis. À cette occasion, il déclare : les gens ont besoin de savoir qu’il n’y a pas de place dans la prêtrise et dans la vie religieuse pour ceux qui feraient du mal aux jeunes. Il ajoute être profondément peiné et tient à exprimer sa solidarité aux victimes des violences sexuelles et à leurs familles, où qu’elles soient.
Abus sexuels sur mineurs dans l'Église catholique.

Béatifications et canonisations

Articles détaillés : Liste des béatifications par Jean-Paul II et Liste des canonisations par Jean-Paul II.
Il a redonné une impulsion au culte des saints, en célébrant 1 338 béatifications et 482 canonisations dont 402 martyrs. Il réforme les exigences de la canonisation, en ne demandant qu'un miracle au lieu de deux pour canoniser. La volonté du Pape était de montrer l'universalité de la sainteté, le Concile Vatican II affirmant que tous les chrétiens étaient appelés à la sainteté. Jean-Paul II voulait donc revivifier la dévotion aux saints qui avait été un peu oubliée après le Concile Vatican II, la vie des saints étant souvent considérée comme exceptionnelle et éloignée de la réalité quotidienne. II a recherché par ces nombreuses béatifications et canonisations à démontrer que tous les catholiques étaient appelés à devenir des saints, et ceci quels que soient leurs pays, leurs cultures et leurs origines, montrant par là même l'universalité de l'Église. Ainsi il béatifia de nombreuses personnes, tant laïcs que prêtres et religieux, montrant que tous les états de vies, le mariage comme la vie religieuse, étaient des formes possibles.

Catéchisme de L'Église catholique

En octobre 1986, il décide de constituer une commission de cardinaux et d’évêques pour préparer un projet de catéchisme universel romain et en confie la présidence au cardinal Ratzinger. Le cardinal autrichien Christoph Schönborn en sera l’un des principaux rédacteurs. Le Catéchisme de l'Église catholique60 est approuvé officiellement, le 11 octobre 1992, par le pape qui le considère comme un acte majeur de son pontificat.
La publication du catéchisme de l'Église catholique avait pour objectif de montrer que le catholicisme pouvait rendre compte de la foi, de l'amour qui sont à la base de la vie chrétienne. Dans cet ouvrage sont expliquées la doctrine et la tradition de l'Église catholique. Il place au cœur de l'enseignement de l'Église l'enseignement de la Vérité.

Liturgie et spiritualité

Le pape a commencé son pontificat par l'écriture de deux encycliques, Redemptor Hominis et Dives in Misericordia63, recentrant la foi catholique sur la personne du Christ rédempteur et invitant à approfondir le mystère de la miséricorde de Dieu. En 1986, il complète cette trilogie par l'encyclique Dominum et vivificantem, consacrée à l'Esprit Saint.
Il a institué dans le calendrier liturgique, à partir de l'an 2000 dans le jour de la canonisation de Faustine Kowalska, le dimanche de la divine miséricorde. Celui-ci a lieu une semaine après le dimanche de Pâques.
Il a ajouté, en octobre 2002, 5 nouveaux mystères à la prière populaire du rosaire. Il s'agit des mystères lumineux : le baptême au Jourdain, les noces de Cana, l’annonce du Royaume de Dieu, la Transfiguration, l’institution de l’Eucharistie.

Questions scientifiques Cas de Galilée

Repentance de l'Église catholique.
Le 10 novembre 1979, à l'occasion de la commémoration du centenaire de la naissance d'Albert Einstein, il exprime le désir que des théologiens, des savants et des historiens, animés par un esprit de sincère collaboration, approfondissent l'examen du cas Galilée. Le 3 juillet 1981, il désigne une commission d'étude chargée de réexaminer l'affaire Galilée, afin de reconnaître les erreurs commises par l'Église. Le 31 octobre 1992 il reconnaît les erreurs de la plupart des théologiens dans la condamnation de Galilée en 1633.

Théorie de l'évolution

Le 22 octobre 1996 il reconnaît dans un message à l’Académie pontificale des sciences que la théorie de l’évolution est « plus qu’une hypothèse », faisant allusion au qualificatif qu'avait employé Pie XII dans son encyclique de 1950, Humani Generis. Il précise en revanche que les théories qui verraient « l'esprit comme émergeant des forces de la matière vivante ou comme un simple épiphénomène de cette matière sont incompatibles avec la vérité de l'homme et incapables de fonder la dignité de la personne .

Rapport entre la foi et la raison

Le 14 septembre 1998, il promulgue l’encyclique Fides et Ratio sur les rapports entre la foi et la raison.

Reconnaissance posthume

Béatification de Jean-Paul II et Sœur Marie Simon-Pierre.

Béatification de Jean-Paul II le 1er mai 2011

Tombeau de Jean-Paul II dans la chapelle Saint-Sébastien de la basilique Saint-Pierre de Rome depuis le 5 mai 2011
Lors de ses funérailles présidées par le cardinal, doyen du collège cardinalice, Joseph Ratzinger, le 8 avril 2005, la foule avait scandé en italien Santo subito! saint tout de suite, appuyant la demande par des calicots écrits en grandes lettres rouges.

Le cardinal Camillo Ruini, vicaire de l'évêque de Rome, demande que la cause de Jean-Paul II soit introduite sans attendre la fin du délai de 5 ans après sa mort. Le 13 mai 2005, seulement 41 jours après sa mort, le jour du 24e anniversaire de l’attentat accompli contre lui place Saint-Pierre le 13 mai 1981 le pape Benoît XVI, élu le 19 avril, dispense la cause en béatification de Jean-Paul II du délai de cinq ans avant son ouverture.

Jean-Paul II avait lui-même ramené de trente ans code de droit canonique de 1917 à cinq ans après la mort du candidat le délai requis pour l’ouverture d’une cause.
Mais il avait aussi fait une exception à cette règle en autorisant, en 1999, l'ouverture du procès diocésain de Mère Teresa, deux ans seulement après sa mort. Antoine de Padoue a été canonisé un an après sa mort, mais depuis que le pape Sixte Quint a instauré, en 1588, la procédure moderne de canonisation, jamais aucune cause n’a été ouverte aussi vite.
Le postulateur de la cause en béatification de Jean-Paul II est monseigneur Slawomir Oder. Début 2010, 271 cas de guérisons avaient été soumis aux autorités vaticanes chargées de l'authentification des miracles de Jean-Paul II. Le diagnostic de la maladie de Parkinson dont aurait été atteinte puis guérie une religieuse du diocèse d'Aix-en-Provence, sœur Marie Simon-Pierre, restait à confirmer.
Quelques théologiens sont opposés à ce processus de canonisation. En octobre 2007, onze théologiens parmi lesquels le jésuite espagnol Jose Maria Castillo et l'italien Giovanni Franzoni, ont relevé sept points d'opposition qui incluent les dernières considérations de Jean-Paul II sur la contraception et le rôle des femmes au sein de l'Église catholique. On relève également des critiques concernant la couverture des affaires de pédophilie de prêtres catholiques, les négociations financières opaques avec la banque Ambrosiano et les sanctions à l'encontre d'une centaine de théologiens catholiques.
En novembre 2009, la congrégation pour les causes des saints valide l'héroïcité des vertus du défunt pape. Le 19 décembre 2009, le pape Benoît XVI a proclamé le décret reconnaissant son prédécesseur comme vénérable.
Le 14 janvier 2011, le Vatican annonce sa décision de béatifier Jean-Paul II. La béatification a lieu le 1er mai 2011, place saint Pierre, à l'occasion du dimanche de la divine miséricorde célébré par Benoît XVI devant plus d'un million de fidèles, parmi lesquels beaucoup de polonais. Le cercueil de Jean-Paul II, retiré de la crypte vaticane le 29 avril 2011 pour être exposé au public dans le chœur principal de la basilique Saint-Pierre de Rome, est ré-inhumé, le 2 mai 2011, dans la chapelle Saint-Sébastien de cette basilique, à la place précédemment occupée par Innocent XI. La canonisation de Jean-Paul II aura lieu si une autre guérison miraculeuse, postérieure à la béatification, est authentifiée.

Canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II et Floribeth Mora Diaz.


Canonisation des bienheureux Jean XXIII et Jean-Paul II, par le pape François.

Portrait de Jean-Paul II installé lors de sa canonisation.
Le 23 avril 2013, la commission de sept médecins de la Congrégation pour les causes des saints reconnaît le caractère scientifiquement inexplicable d'une guérison attribuée à Jean-Paul II. Il s'agit de Floribeth Mora Diaz, avocate costaricienne, atteinte d'une maladie incurable, plus précisément d'une lésion cérébrale, qui aurait été guérie dans la soirée du 1er mai 2011, le jour de la béatification de Jean-Paul II.
La commission des théologiens a reconnu le caractère scientifiquement inexpliqué de cette guérison le 18 juin 2013, selon la presse italienne.
Le 2 juillet 2013, les évêques et cardinaux membres de la Congrégation pour les causes des saints se réunissent en assemblée plénière pour évoquer différents cas de béatifications et de canonisations. Dès le 5 juillet suivant, le pape François autorise la congrégation à promulguer le décret permettant la canonisation des bienheureux Jean-Paul II et Jean XXIII. Lors du consistoire convoqué le 30 septembre 2013, le pape fixe la date de la cérémonie de canonisation de ses deux prédécesseurs au 27 avril 2014, dimanche de la divine Miséricorde, fête instituée par Jean-Paul II, fixée par lui au deuxième dimanche de Pâques, et au cours duquel il s'éteint le 2 avril 2005.

Le 13 avril 2014, lors de la messe des Rameaux, le pape François le nomme saint patron des Journées mondiales de la jeunesse

Le 27 avril 2014, lors de la messe du dimanche de la divine Miséricorde, le pape François préside la cérémonie de canonisation conjointe des papes Jean XXIII et Jean-Paul II. C'est la première fois dans l'histoire de l’Église qu'une double canonisation de papes a lieu en présence de deux papes vivants, François, qui préside la cérémonie, accompagné de son prédécesseur Benoît XVI. Jean-Paul II est fêté le 22 octobre, date de son intronisation pontificale.

Autres reconnaissances

Avant son enterrement, la crypte du Vatican recevait 1 000 visites par jour. Depuis, le chiffre approche des 2 000.
La place du Parvis-Notre-Dame de Paris s’appelle désormais parvis Notre-Dame - place Jean-Paul-II par décision du maire de Paris Bertrand Delanoë.
Il en va de même pour le parvis des cathédrales de Metz, Nancy visitées toutes les deux par le pape en 1988 et de Cambrai, et celui de l'église Notre-Dame des Mineurs à Waziers. La place jouxtant la cathédrale d'Évry qu'il avait visitée le 22 août 1997, initialement appelée clos de la Cathédrale, porte le nom de square Jean-Paul-II .

Une statue en bronze de 9 mètres de haut du pape Jean-Paul II a été offerte à la ville de Ploërmel, dans le Morbihan, par l'artiste russe Zurab Tsereteli, nommé citoyen d'honneur de la ville. Cette œuvre d'art, installée au centre-ville, place Jean-Paul II, a été inaugurée le dimanche après-midi 10 décembre 2006 en présence de 2 000 personnes. La subvention du conseil général du Morbihan pour ce monument a été annulée par le tribunal administratif de Rennes, à la suite d'un recours de membres de la Libre Pensée du Morbihan.
Une autre statue en bronze de 3 mètres et de 7 tonnes de Jean-Paul II a été érigée le 5 octobre 2011 sur le parvis de la basilique de Fourvière à Lyon en mémoire de son passage le 5 octobre 1986. Elle a été intégralement financée par le mécénat et la fondation Fourvière à hauteur de 200 000 €.
La maison où il se rendait d'habitude en été pour ses vacances, aux Combes d'Introd, en Vallée d'Aoste, est devenue aujourd'hui un musée. Elle témoigne de son amour pour la montagne, qu'il considérait être l'endroit idéal pour la réflexion et la prière.
À Nice depuis le 23 octobre 2010, la place sise devant le monastère franciscain de Cimiez porte le nom de Jean-Paul II et est ornée d'un buste le représentant.

Divers

Le père Stanisław Dziwisz fut le secrétaire personnel de Jean-Paul II pendant tout son pontificat. Le pape le nomma en 1998 évêque et préfet adjoint de la maison pontificale, puis en septembre 2003 archevêque titulaire de San Leone en Calabre (it).
La béatification du père Jacques-Désiré Laval, né à Croth en Normandie, fut la première de Jean-Paul II. Il plaça son pontificat sous la protection de cet humble missionnaire.
Selon un article de février 2002 du New York Post, Jean-Paul II a procédé personnellement à trois exorcismes pendant son pontificat. Le premier exorcisme qu’il a conduit a eu lieu en 1982 sur une femme qui se convulsait sur le sol. Le deuxième a eu lieu en septembre 2000 quand il a pratiqué le rite sur une femme de 19 ans qui était devenue furieuse sur la place Saint-Pierre. Un an plus tard, en septembre 2001, il a exorcisé une femme de 20 ans.
Jean-Paul II avait été créé cardinal par le pape Paul VI en 1967. À sa mort, il était donc le prélat le plus ancien ayant reçu la dignité cardinalice, aucun autre cardinal n’ayant alors autant d’ancienneté.
Au début de son pontificat et conformément à l'orthographe latine, le double prénom Jean Paul s'écrivit quelque temps sans trait d'union. Lorsque le site du Vatican utilisa ce trait d'union sur la partie francophone de son site, cette nouvelle orthographe s'imposa peu à peu.

Œuvres

Jean-Paul II a prononcé 20 351 discours pendant son seul pontificat dont 3 438 hors d'Italie. Ses écrits et textes de discours représentent, plus de 80 000 pages (soit environ 40 fois le volume de la Bible catholique.

Les seuls écrits officiels de Jean-Paul II représentent 55 volumes auxquels il faut ajouter des publications à titre personnel et sans doute des milliers de lettres et documents privés divers.

Encycliques
Jean-Paul II a écrit 14 encycliques :

Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003, sur l'Eucharistie dans son rapport à l'Église
Fides et Ratio, 14 septembre 1998, sur les relations entre la foi et raison.
Ut Unum Sint, 25 mai 1995, sur l'engagement œcuménique
Evangelium vitæ, 25 mars 1995, sur la valeur et l'inviolabilité de la vie humaine.
Veritatis Splendor, 6 août 1993, sur l'enseignement moral de l'Église (publié en France)
Centesimus Annus, 1er mai 1991, mise à jour de Rerum Novarum, sur les connaissances et l'organisation sociale
Redemptoris Missio, 7 décembre 1990, sur la valeur permanente du précepte missionnaire
Sollicitudo Rei Socialis, 19 février 1988, sur la question sociale, à l'occasion des 20 ans de Populorum progressio
Redemptoris Mater, 25 mars 1987, sur la place de la Vierge Marie dans la foi
Dominum et Vivificantem, 30 mai 1986, sur l'Esprit Saint dans la vie de l'Église et du monde
Slavorum Apostoli, 2 juillet 1985, sur saints Cyrille et Méthode
Laborem Exercens, 14 septembre 1981, sur le travail humain
Dives in Misericordia, 2 février 1980, Sur la miséricorde divine
Redemptor Hominis, 4 mars 1979, sur la dignité humaine

Autres écrits
Jean-Paul II a écrit :

15 exhortations apostoliques
12 constitutions apostoliques
28 motu proprio
42 lettres apostoliques

Livres

En tant que Karol Wojtyla, sous son nom ou sous le pseudonyme Andrzej Jawień
Frère de notre Dieu et Écrits sur le théâtre, éditions Cana/Jean Offredo et éditions du Cerf, 1983, 157 p, (Cerf) (ISBN 978-2-86335-037-9) (Cana)
La Boutique de l’orfèvre, éditions Cana/éditions du Cerf, 1983, 157 p,
Personne et acte, éditions Bayard, 1983,
Amour et responsabilité, éditions Stock, 1985 et 1998,

Depuis son élection sous la signature Jean-Paul II

À l’image de Dieu Homme et Femme : une lecture de Genèse 1-3, les éditions du Cerf, 1981,
Jeunes mes amis : le pape Jean-Paul II parle à la jeunesse du monde, éditions Lito, 1982,
Mémoire et identité : Conversations au passage entre deux millénaires, François Donzy (traduction, Flammarion, 2005, coll. « Divers sciences », 217 pages
Message pour demain, Presses du Châtelet, 2005, 60 pages, .
Entrez dans l’Espérance, avec Vittorio Messori, 1994, Rééd. Pocket, 2003, 331 pages.
Homme et femme il les créa : une spiritualité du corps, Cerf, 2004, Documents d’Église, 694 pages.
Jean-Paul II parle aux enfants, illustrations de Giulia Orecchia, Flammarion, 2004, Albums jeunesse, 84 pages,.
À vous les jeunes. Paroles d’un père spirituel, en coll. avec sœur Joëlle-Marie Micaud commentaires, Saint-Augustin, 2004, 108 pages.
Le rosaire de la Vierge Marie, Éditions Salvator, 2002, 52 pages.
Triptyque romain. Méditations, 2003, la version italienne de Grażyna Miller publiée par l’Édition de Vatican, 49 pages.
Levez-vous ! Allons !, François Donzy traduction, Pierre-Marie Varennes (traduction), Pocket, 2005, 182 pages.
Testament spirituel, Éditions Salvator, 2005.
Ma vocation : don et mystère (à l’occasion du 50e anniversaire de mon ordination sacerdotale), Bayard éditions/Cerf/Fleurus-Mame/Tequi, 1996,
Mes prières pour chaque jour de l’année, Plon/Mame, édition 1996 : 604 p,
Mon livre de méditations, textes choisis par Krzysztof Dybciak, Claude-Henry du Bord et Christophe Jezewski traduction, 287 pages, Éditions du Rocher
Les gémissements de la Création - Vingt textes sur l'écologie, Parole et silence, 126 pages, 2006,
Mon dernier livre de méditations pour le troisième millénaire, textes choisis par Krzysztof Dybciak sous l'autorité du Saint-Siège, Claude-Henry du Bord et Christophe Jezewski traduction, 348 pages, Éditions du Rocher, 2008,

Œuvres sur Jean-Paul II
Films


2005 : La Vie de Jean-Paul II, réalisé par Lorenzo Minoli & Judd Parkin
2005 : Daniel Costelle, Isabelle Clarke, Jean-Paul II, L'empreinte d'un géant, éd. Nouveau Monde (DVD).
2005 : Karol, l'homme qui devint Pape Karol, un uomo diventato Papa, réalisé par Giacomo Battiato, tiré d'un livre de Gian Franco Svidercoschi95
2006 : Karol, Pape resté humain, réalisé par Giacomo Battiato
2008: Les Toilettes du pape (El Baño del Papa, un film uruguayen réalisé par Enrique Fernández et César Charlone.

Biographie filmographique

Parmi quelques autres, le film Karol, l'homme qui devint Pape, de Giacomo Battiato, racontant la vie de Karol Wojtyla à partir de ses 18 ans dans la Pologne en guerre et jusqu'à sa mort. La prestation de Piotr Adamczyk dans le rôle de Jean-Paul II est assez étonnante, notamment par les transformations physiques majeures de l'acteur pendant le déroulement chronologique du film vieillissement du visage et du corps).

Après sa première présentation et projection au Vatican avec le réalisateur et les acteurs, le pape Benoît XVI a qualifié le film de « véritable encyclique » et a déclaré « Le film montre des scènes et des épisodes dont le réalisme suscite chez le spectateur un frisson d'horreur instinctif et le poussent à réfléchir sur les abîmes de cruauté qui peuvent se cacher dans l'âme de l'homme. Dans le même temps, la révocation de telles aberrations ne peut manquer de raviver en chaque personne ayant des sentiments justes l'engagement à faire tout ce qui est en son pouvoir afin que ne se répètent jamais plus des épisodes de barbarie si inhumaine » en parlant de l'Europe et de la Pologne en guerre.

Documentaires

2006 : Jean-Paul II - Sa vie, son pontificat produit par le Centre de télévision du Vatican [distr. HDH Communications].
2011 : Jan Paweł II. Szukałem Was… (Jean-Paul II. Je vous ai cherché), long métrage polonais réalisé par Jarosław Szmidt sur un scénario écrit avec Mariusz Wituski

Théâtre

N’ayez pas peur de Robert Hossein et Alain Decaux, avec la collaboration de Jean-Michel Di Falco et de Bernard Lecomte, au Palais des Sports de Paris, du 21 septembre au 5 décembre 2007.
Santo Subito de Pierre Amar - Éditions Parole & Silence.

Comédie musicale

Jean-Paul II de Michel Olivier Michel produite par l'association Revelateur. À Paris les 11, 12, 13 novembre 2011 et les 24, 25 mars 2012. Une comédie musicale avec plus de 50 jeunes chanteurs, danseurs, acteurs sur scène. www.spectaclerevelateur.fr

Discographie

Pierre Bachelet en 1986 composa L'Homme en blanc, hommage à tous les voyages de Jean-Paul II dans le monde.

Christine Baud, Jean-Paul II, le messager de la paix. Récit pour enfant de la vie de Jean-Paul II.
Liens

http://youtu.be/oNjooQaJH-I Histoire de Jean-Paul II
http://youtu.be/QLkTGptUQck Karol l'homme devenu pape
http://youtu.be/39_TCjKMLM8 Documentaire sur le pape Jean-Paul II
http://youtu.be/nTCWlmdzcjQ Canonisation de Jean XXIII et Jean-Paul II
http://youtu.be/xFcLa75WOc4 N'ayez pas peur
http://youtu.be/uID_iVjWugY Chorale N'ayez pas peur
http://youtu.be/FrY-VKZMrHU L'homme en blanc de P. Bachelet


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Posté le : 18/05/2014 19:13

Edité par Loriane sur 19-05-2014 12:57:30
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Jean-Paul II pape catholique 1ère partie
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Hors Ligne
Le 18 mai 1920 à Wadowice en Pologne nait Karol Józef Wojtyła,

pape Polonais de l'église catholique, élu au pontificat le 16 octobre 1978 à 58 ans; Intronisation le 22 octobre 1978
Il meurt à Rome, cité du Vatican, à 84 ans le 2 avril 2005 Fin du pontificat le 2 avril 2005 après 26 ans, 5 mois et 16 jours
Ordination sacerdotale 1er novembre 1946 par le cardinal. Adam Stefan Sapieha, fait Cardinal de l’Église catholique le 28 juin 1967 par le pape Paul VI, Titre cardinalice, Cardinal-prêtre de San Cesareo in Palatio, Évêque de l’Église catholique, Consécration épiscopale 28 septembre 1958, archevêque de Cracovie du 13 janvier 1964 – 29 décembre 1978 Adam Stefan Sapieha, Franciszek Macharsk, puis Évêque auxiliaire de Cracovie, Évêque titulaire d'Ombi le 28 septembre 1958 au 13 janvier 78

Il est fait Saint de l’Église catholique Canonisé le 27 avril 2014 par le pape François après une Béatification le 1er mai 2011 par le pape Benoît XVI son successeur.

Karol Józef Wojtyła, prononcé [ˈka.ɾɔl ˈju.zεf vɔi̯.ˈtɨ.wa] Wadowice, est né près de Cracovie, en Pologne, 18 mai 1920
prêtre polonais, évêque puis archevêque de Cracovie, cardinal, élu pape de l’Église catholique le 16 octobre 1978 sous le nom de Jean-Paul II en latin Ioannes Paulus II, en italien Giovanni Paolo II, en polonais Jan Paweł II.
Étudiant polonais en philologie, il joue dans un groupe de théâtre antinazi et entre au séminaire clandestin en 1942. Ordonné prêtre en 1946, après des études à Rome et en France, il est prêtre en Pologne communiste en 1948 auprès de la jeunesse. Après sa thèse sur l'amour, particulièrement conjugal, le cardinal Sapieha le nomme à l'université. Il devient en 1958 le plus jeune évêque Polonais. Il s'oppose au matérialisme notamment en demandant une église à Nowa Huta.
Pendant Vatican II, sa maîtrise des langues et de la théologie en font le porte-parole de l'épiscopat polonais ce qui le fait remarquer par le futur Paul VI. Archevêque, puis cardinal en 1968 le plus jeune il défend les ouvriers face au régime communiste, défendant les droits de l'homme et il s'intègre à la curie où, à la demande de Paul VI, il prêche avec charisme les exercices spirituels de 1976. Il reçoit des voix lors du premier conclave de 1978. Il est élu sur proposition du cardinal König à la mort brutale de Jean-Paul Ier.

Son pontificat 26 ans 5 mois et 18 jours est à ce jour le troisième plus long de l’histoire de l’Église après celui de saint Pierre et Pie IX 31 ans 7 mois et 23 jours. C’est le premier pape non italien depuis le pape hollandais Adrien VI en 1520 et le premier pape polonais de l’histoire de l’Église.
Sa volonté de rapprocher les religions a conduit à sensiblement améliorer les relations de l'Église catholique avec les juifs, les Églises orthodoxes, les anglicans et les musulmans. Il est à l’origine de la première réunion internationale interreligieuse d’Assise en 1986, réunissant plus de 194 chefs de religion.
Il parcourut plus de 129 pays pendant son pontificat, plus de cinq cents millions de personnes ayant pu le voir durant cette période, et institua de grands rassemblements comme les Journées mondiales de la jeunesse. Il béatifia 1 340 personnes et canonisa 483 saints, soit plus que pendant les cinq siècles précédents.
Il fut l'ardent défenseur des réformes du concile Vatican II, auquel il participa très activement en tant qu’évêque. Sa volonté de défense de la dignité humaine l’a conduit à promouvoir les Droits de l’homme. Il s'est opposé à l'idéologie communiste et par son action, notamment en Pologne, a favorisé la chute du bloc de l'Est. Il a également condamné les excès du capitalisme.
Jean-Paul II est considéré par certains comme l’un des meneurs politiques les plus influents du xxe siècle. Plus encore, il est présenté de plus en plus comme le modèle de la nouvelle évangélisation, portée par l'ensemble de sa vision pastorale et incarnée jusque dans sa sainteté de vie.
Béatifié le 1er mai 2011 par son successeur le pape Benoît XVI, puis canonisé par le pape François le 27 avril 2014, il est considéré comme saint par l'Église catholique et fêté le 22 octobre, date de son intronisation pontificale

Sa vie

Karol Wojtyla lors de sa première communion.

Karol Józef Wojtyła est né à Wadowice, petite ville de Galicie, deuxième fils d’Emilia, née Kaczorowska 1884-1929, et de Karol Wojtyła 1879-1941, officier en retraite. Le couple a eu également un autre garçon, Edmund en 1906 et une fille, Olga, morte en 1914 dès la naissance. Très tôt, le petit Karol perd sa mère 1929, atteinte d'une infection rénale, puis son frère aîné, Edmund 1906-1932, qui était médecin, atteint de la scarlatine.

Adolescent, Karol Wojtyła est passionné de littérature et de théâtre. Il participe à des représentations théâtrales données par son lycée. Il se lie d'amitié avec deux actrices de sa troupe, Halina Krolikiewicz (pl) et Ginka Beer. Une communauté juive importante réside à Wadowice, que Karol Wojtyla côtoie quotidiennement. Il joue dans de nombreuses pièces et obtient souvent les rôles principaux, remplaçant même au pied levé un acteur qui ne pouvait être présent. Il rencontre Mieczysław Kotlarczyk, professeur d'histoire au lycée des filles de Wadowice et passionné de théâtre. À partir de 1936, Kotlarczyk forme Karol Wojtyla à sa propre technique théâtrale, essentiellement fondée sur la force de la parole et du texte. Il discute aussi avec lui de la place de la langue dans la culture et l'identité polonaise. Karol Wojtyla a alors la volonté de devenir acteur, et souhaite se consacrer au théâtre. Il continuera à écrire à Mieczysław Kotlarczyk quand il quittera Wadowice. À quinze ans, il devient président d'une association de jeunes qui se consacre à la Vierge Marie.
Le 6 mai 1938, Karol Wojtyła reçoit le sacrement de confirmation. En août 1938, il quitte Wadowice, accompagné par son père, pour Cracovie où il suit des études de lettres à l’université Jagellonne de Cracovie. Il approfondit sa connaissance de l'étymologie, de la phonétique polonaise, du théâtre et de la poésie lyrique. Il se spécialise en philologie polonaise.
La défaite polonaise de 1939 entraîne le démembrement et l'occupation du pays par l'Allemagne nazie et l'URSS. Parmi d'autres mesures, l'occupant allemand impose la fermeture de l'université, et l'interdiction de fêter les saints polonais. Karol Wojtyła rencontre alors celui qui deviendra un proche, Jan Tyranowski, tailleur féru de spiritualité, homme de prière engagé dans sa paroisse. Une fois pape, Jean-Paul II dira de lui qu'il était l'un de ces saints inconnus, cachés comme une lumière merveilleuse au bas de la vie, à une profondeur où règnent habituellement les ténèbres Celui-ci lui propose de participer au Rosaire vivant, organisation catholique clandestine. Jan Tyranowski pousse les membres du Rosaire vivant à prier, à se former, à vivre en présence de Dieu et à faire que chaque instant serve à quelque chose. Tyranowski conseille à Karol Wojtyła la lecture des écrits de saints de l'Ordre du Carmel, comme Jean de La Croix, Thérèse d'Avila et Thérèse de Lisieux.
Karol Wojtyła continue à être acteur dans des pièces de théâtre. Il écrit aussi trois pièces, David, Job et Jérémie. Dans ces pièces on peut voir des parallèles entre le destin de la Pologne et d'Israël. Le théâtre est conçu par Karol Wojtyła comme un moyen de résistance et de défense de la patrie polonaise contre l'occupant nazi. Karol Wojtyła donne des représentations clandestines avec des amis : c'est le théâtre surnommé Studio 39.

Karol Wojtyła travaille pendant l'automne 1940 dans la carrière de Zabrziwek, où il découvre la réalité du travail manuel. En octobre 1940, Karol Wojtyła se fait embaucher en tant qu'ouvrier dans l'usine chimique Solvay, ce qui lui permet d'échapper au service obligatoire allemand. Cette expérience marquera durablement sa vie : Cette expérience de la vie ouvrière avec tous ses aspects positifs et ses misères, aussi bien qu'à un autre niveau, les horreurs de la déportation de mes compatriotes polonais dans les camps de la mort, ont profondément marqué mon existence.

Le 16 février 1941 survient le décès de son père, dernier membre vivant de sa famille.

En juin 1941, l'Allemagne nazie déclare la guerre à son alliée l'URSS et toute la Pologne passe sous le joug nazi.

En juillet 1941, Mieczysław Kotlarczyk rejoint Cracovie avec son épouse. Ils sont hébergés dans l'appartement de Karol Wojtyła. Un mois plus tard, avec un groupe d'acteurs incluant Karol Wojtyła, Kotlarczyk fonde le théâtre rhapsodique. Ce style théâtral, d'une grande sobriété de moyens, met en exergue le texte à travers un art déclamatoire très travaillé. Pour Kotlarczyk, la tension dramaturgique provient de la parole exprimée et reçue, plus que d'une mise en scène spectaculaire. Ce travail sur la puissance, en soi, de la parole, influencera profondément Karol Wojtyła dans son apostolat de prêtre, puis d'évêque et de pape.
L'éradication de la culture polonaise est un des moyens utilisés par les nazis pour supprimer toute résistance à long terme dans le pays. Le théâtre rhapsodique fait dès lors partie d'un vaste mouvement de résistance culturelle clandestine, baptisé Uni. L'Unia a aussi une branche militaire. Mais Karol Wojtyła refuse d'entrer dans la résistance armée, préférant des moyens plus pacifiques, comme le combat culturel et la prière. La troupe du Théâtre rhapsodique se produit dans la clandestinité, les acteurs risquant le peloton d'exécution s'ils se font prendre.

Au cours de l'automne 1942, après un long temps de réflexion, il décide de devenir prêtre, et entre au séminaire clandestin de Cracovie.

Séminariste sous l'occupation

Karol Wojtyła est accepté au séminaire clandestin que Mgr Sapieha, archevêque de Cracovie, a organisé malgré l’interdiction allemande de former de nouveaux prêtres, en octobre. Chaque étudiant est suivi par un professeur ; les cours ont lieu dans des églises ou chez des particuliers. Karol travaille comme ouvrier la journée et étudie le soir. Il lit alors le Traité de la dévotion à la Très Sainte Vierge Marie, de saint Louis-Marie Grignion de Montfort. La lecture de Louis-Marie Grignon de Montfort aura un grand impact dans sa vie, et il prendra en tant qu'évêque puis pape sa devise Totus Tuus, issue de la lecture du Traité de la dévotion à la très Sainte Vierge Marie. Il s'initie aussi à la philosophie, et notamment à la métaphysique. Celle-ci, dans un premier temps, le déroute. Mais au bout de deux mois de travail intensif, il y trouve les raisons profondes de son existence et la confirmation de ses intuitions sensibles. Il restera toute sa vie passionné de philosophie.

Le 29 février 1944, il frôle la mort. Il est renversé par une voiture et se retrouve pendant quinze jours à l'hôpital, victime d'un traumatisme crânien.

Le 6 août 1944, Hitler décide de réprimer l'insurrection de Varsovie. Karol Wojtyła échappe à une rafle qui a lieu dans son immeuble, restant silencieusement en prière dans son appartement situé en sous-sol. Menacé par la répression, il trouve refuge au palais épiscopal où Mgr Sapieha décide de cacher les séminaristes. Il ne sort que très rarement du palais épiscopal et avec de faux papiers. Il ne retrouve sa liberté de mouvement que le 17 janvier 1945, à la suite de la libération de Cracovie par l'Armée rouge. L'armée soviétique salue l'attitude du cardinal face aux nazis.
Karol Wojtyła étudie particulièrement la théologie de Jean de La Croix, de Thérèse d'Ávila et de Thérèse de Lisieux. Il pense d'ailleurs un temps à devenir carme, mais y renonce. En 1946, Mgr Sapieha, qui vient d'être nommé cardinal, décide de l'envoyer compléter sa théologie à Rome. Il avance la date de son ordination pour faciliter son départ. Karol Wojtyła est ordonné prêtre lors de la Toussaint, le 1er novembre 1946. Il a 26 ans.

Ministère de prêtre

Il poursuit ensuite sa formation à l’Angelicum de Rome, université alors dirigée par les dominicains. Les cours y sont dispensés en latin. Il y reste deux ans, pour préparer sa thèse de doctorat en théologie sur La foi dans la pensée de saint Jean de la Croix. Il loge dans le collège belge, où il apprend le français. Pour les besoins de sa thèse sur Jean de La Croix, il apprend aussi l'espagnol.
Le cardinal Sapieha lui demande pendant ses vacances de visiter l'Europe afin d'y étudier les méthodes pastorales. Il voyage alors en France et en Belgique. Pendant ce séjour il découvre la réalité du début de la déchristianisation de la France mais aussi les nouvelles méthodes pastorales. Il rencontre le théologien Henri de Lubac et observe l’expérience des prêtres-ouvriers. En Belgique, il rencontre l’abbé Joseph Cardijn, fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne. Lorsqu'il rentre en Pologne, il publie dans la revue catholique de Cracovie son impression positive sur les nouvelles formes d'évangélisation en France. Pays d'une magnifique culture intellectuelle catholique, mais pays de mission ayant de nombreux incroyants. Il voit alors la nécessité de s'adapter aux situations nouvelles du fait de la disparition d'une foi plus traditionnelle et observe avec intérêt les nouvelles formes d'évangélisation, qui montre de nouvelles voies, de nouvelles méthodes pour le travail apostolique : une nouvelle évangélisation.

Il revient ensuite en Pologne et, en juin 1948, est envoyé à Niegowic, un petit village de la campagne galicienne à cinquante kilomètres de Cracovie. Il y découvre le développement du stalinisme en Pologne. Il lit Lénine et Karl Marx, afin de mieux comprendre la logique communiste. Il défend cette conception : Le socialisme n'est pas contraire aux enseignements de l'Église, mais les méthodes des communistes sont contre l'Église. Le communisme prétend imposer aux gens des conceptions matérialistes, il torture la nation. Face aux pressions faites par le régime communiste, Karol Wojtyła conseillait de ne jamais résister, affirmant que les coses mauvaises doivent être vaincues par la bonté. Nous devons montrer le bon exemple, faire preuve d'humilité .
Le cardinal Sapieha le nomme en mars 1949 à la paroisse universitaire Saint-Florian de Cracovie. Pendant cette période il découvre l'importance fondamentale de la jeunesse. Il encadre alors un groupe de jeunes, à qui il donne des conférences.
Il apprend avec eux, fait du ski avec eux et organise une nouvelle forme d'évangélisation. Il organise des excursions, composées de temps de réflexion, de prière et de sport, ceci deux fois par an pendant quinze jours. Il célèbre la messe sur un canoë, chose assez rare avant le concile Vatican II, s'habille en civil, afin de ne pas se faire repérer par le régime communiste. Au cours de ces excursions, il écoute et discute beaucoup avec des jeunes, souvent fiancés, avec qui il parle des différents aspects de la vie conjugale. Il innove en discutant ouvertement de la sexualité. Il invitait les hommes et les femmes à apprendre à être ensemble avant de s'engager dans une relation plus intime. Ils devraient apprendre à se comporter l'un vis-à-vis de l'autre, à être patients, à s'entendre, à se comprendre mutuellement. Il développe une réflexion profonde sur la vocation du mariage, qui restera toute sa vie l'une des grandes thématiques de son enseignement.

Il est nommé à l'université par le cardinal Sapieha, contre sa volonté. Il étudie alors pour rédiger une thèse de philosophie. Il se spécialise en éthique et précisément la question de l'amour en général et de l'amour conjugal. Il étudie la philosophie de saint Thomas d'Aquin et les phénoménologues, dont Edith Stein, et sa thèse porte sur le phénoménologue Max Scheler. Il apprend alors l'allemand afin de pouvoir mieux comprendre Max Scheler. Il obtient alors un doctorat de philosophie, en 1953. Il continue cependant ses excursions avec les jeunes pendant l'été.
En 1953, il occupe la chaire de théologie morale et éthique sociale de la Faculté de théologie de Cracovie. Il écrit des poèmes sous le pseudonyme d'Andrzej Jawien. Le régime soviétique accentue alors la répression, développant le culte de la personnalité autour de Staline. Des personnalités catholiques comme le cardinal Stefan Wyszyński sont emprisonnées en septembre 1953. Le prêtre responsable du Rosaire Vivant fut condamné à mort. L'enseignement catholique est interdit dans les écoles, et la faculté de théologie de l'université Jagellonne où il enseigne, est ferméeB 17 en octobre 1954. À partir de la mort de Staline, les relations sont plus libres. Des manifestations en faveur de la liberté religieuse se produisent et le cardinal Stefan Wyszyński est libéré en 1956. En 1954, il est nommé professeur d'éthique à l’université catholique de Lublin. Il fonde dans cette ville un Institut de morale dont il conserve la direction jusqu’en 1978.
Karol Wojtyła participe alors secrètement autour du doyen et des professeurs de philosophie à des réunions afin de discuter de la situation de l'Église et de la nation. Ils développent des moyens subtils afin de saper le communisme de l'intérieur, spirituellement et philosophiquement. Karol Wojtyła critique le communisme, en considérant que l'éthique marxiste ne permettait pas d'appréhender la réalité de l'homme en tant que tel. Ainsi il considère que les marxistes considèrent l'homme comme quelque chose qui peut être créé dans le communisme - mais il n'y a pas de place pour l'individu, pour l'essence de l'homme. Parce que l'essence de l'homme s'incarne en chaque individu. Karol Wojtyła considère que l'approche chrétienne de la vie et de la société était extrêmement réaliste, alors que l'approche marxiste finissait par être purement idéaliste, faute d'être concrète. Face à cette opposition, Karol Wojtyła ne cherche jamais à développer une confrontation armée ou violente avec les communistes. Il cherche ainsi à fuir les problèmes politiques et les conflits, afin de ne pas gaspiller de temps, mais concentre son activité au développement de la connaissance, afin de se consacrer à un travail positif. Ainsi on ne trouve pas de réaction officielle de Karol Wojtyła lors du soulèvement de Poznań en 1956.

Évêque à Cracovie

Visite de l'église de la Visitation de la Bienheureuse Vierge Marie dans Cracovie. Carmes sur le sable - début juin 1967, peu de temps avant d'être créé cardinal
Le 28 septembre 1958, le pape Pie XII le nomme évêque auxiliaire de Cracovie. À 38 ans, Karol Wojtyła est le plus jeune évêque de la République populaire de Pologne. Cette nomination est validée par le régime communiste, car Karol Wojtyła est considéré comme une personne qui ne s'intéresse pas aux débats politiques, contrairement au cardinal Stefan Wyszyński. Le régime communiste voit dans le nouvel évêque un moyen de contrer et de diviser l'épiscopat polonais.
C’est à cette époque qu’il choisit sa devise Totus tuus : tout à toi , inspiré de la spiritualité de Louis-Marie Grignion de Montfort et illustration de sa dévotion à la Vierge Marie.
En tant qu'évêque auxiliaire il est responsable de la pastorale des étudiants. Il continue alors d'enseigner la morale à la faculté de théologie. Il enseigne principalement saint Thomas d'Aquin, Scheler, Husserl, Heidegger, Ingarden. Il tente de concilier dans sa réflexion, mais aussi dans les articles qu'il publie, la philosophie de saint Thomas avec la phénoménologie. Il considère que la phénoménologie propose des outils mais qu'il lui manque une vision générale du monde propre au thomisme.
Il continue ses activités littéraires, donnant même en 1960 une pièce de théâtre, La Boutique de l’orfèvre, dont le sous-titre est : Méditation sur le sacrement de mariage qui, de temps en temps, se transforme en drame . Il collabore aux revues Znak et Tygodnik Powszechny, signant ses poèmes du pseudonyme Andrzej Jawień.
En 1962, l'administrateur apostolique de Cracovie, Mgr Eugniusz Baziak, meurt. Karol Wojtyła est alors nommé pour le remplacer le 13 janvier 1964, devenant ainsi le plus jeune administrateur de diocèse en Pologne.
Pendant plus de 20 ans, Karol Wojtyła défend les paroissiens de la nouvelle ville Nowa Huta, une ville communiste modèle, privée de lieu de culte. Il soutient la construction d'une église en célébrant des messes de Noël en plein air afin de promouvoir la création d'un lieu de culte digne pour les ouvriers. Paul VI lui offre même une pierre de l'ancienne basilique de Saint Pierre.

CoIIe concile œcuménique du Vatican II

Peu de temps après sa nomination comme évêque, le nouveau pape Jean XXIII décide d'ouvrir le IIe concile œcuménique du Vatican. L'évêque Karol Wojtyla est alors invité à participer au concile. La phase préparatoire se déroule du 2 janvier 1959 au 11 octobre 1962. Dans la réponse au questionnaire pour le Concile Vatican II, Karol Wojtyła demande que le concile se prononce clairement sur l'importance de la transcendance de la personne humaine face au matérialisme croissant de l'époque moderne. Il souhaite que soit renforcé le rôle des laïcs dans l'Église, mais aussi le dialogue œcuménique et le célibat des prêtres qu'il défend. Même s'il n'a jamais joué un rôle fondamental au cours du Concile, sa position semble s'être progressivement renforcée au fil du concile au sein de la délégation des évêques polonais.
La première session du concile se déroule du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1962. Au cours de ce concile, Karol Wojtyła, parlant le français, l'anglais, l'allemand, le polonais, le russe, l'espagnol, l'italien et le latin, devient progressivement le porte-parole de la délégation polonaise. Cette délégation étant la plus importante du monde communiste, elle jouit d'une certaine autorité sur les questions concernant la vie de l'Église au sein du bloc de l'Est. Au fil des débats, Karol Wojtyła se lie d'amitié avec des évêques africains, qu'il sent animés d'une foi jeune, vivante, mais aussi avec les évêques allemands. Il croise des théologiens tels que Hans Küng et Joseph Ratzinger. La nomination de Karol Wojtyła comme archevêque en 1964, lui permet d'avoir une plus grande stature au sein de la délégation.
Il participe de manière active au Schéma XIII du Concile Vatican II, contribuant principalement au développement de l'exhortation sur l'Église dans le monde de ce temps. Lors du concile Vatican II, deux tendances s'affrontent sur la conception de l'athéisme, souvent liée à la représentation existante du marxisme. Karol Wojtyła ne prend jamais ouvertement position pour l'une d'entre elles, mais défend sa conception face à l'athéisme, lors d'une tribune le 21 octobre 1964 : Nous poursuivons une quête en même temps que nos frères humains... Évitons de faire de la morale. Il invite l'Église à employer la méthode heuristique, exactement comme on aide l'élève à découvrir la vérité par lui-même. Karol Wojtyła demande alors de considérer l'athéisme, non dans sa composante sociologique ou politique, mais avant tout dans son état intérieur de la personne humaine. Ainsi lors de son intervention du 28 septembre 1965, il déclare : L'athée croit fermement à son ultime solitude, parce qu'il croit que Dieu n'existe pas. D'où son désir de se rendre d'une certaine manière immortel, à travers la vie de la collectivité. Nous devons donc nous demander pourquoi le collectivisme favorise l'athéisme et vice et versa.
Le 30 novembre 1964, Paul VI reçoit pour la première fois Karol Wojtyła lors d'une audience privée. Le pape avait suivi ses interventions lors du concile, et il lui apparaissait comme la figure la plus marquante parmi la délégation polonaise, celle d'un évêque attaché à la tradition mais recherchant résolument le renouveau de l'Église, défendant l'autorité de l'Église sans étroitesse d'esprit, tout en étant doté d'une volonté de mettre la personne humaine et son salut au cœur des préoccupations.
À la fin du concile, les évêques polonais envoient une lettre aux évêques allemands, appelant à la réconciliation des deux nations. La dernière phrase Nous pardonnons et implorons le pardon, est vivement critiquée par le régime politique polonais, qui stigmatise l'attitude des évêques et leur manque de patriotisme. L'objectif était de favoriser la réconciliation entre les deux nations et d'éviter les revendications de territoire entre celles-ci, tout en n'oubliant pas la réalité des tensions historiques entre les deux pays, liées aux guerres et aux camps de concentration.

Archevêque

Il est nommé archevêque au côté du Cardinal Wyszyński, primat de Pologne, et figure de proue de l’épiscopat polonais dans la résistance au communisme. Paul VI le nomme archevêque de Cracovie le 30 décembre 1963. Il entre en fonction le 13 janvier 1964. Cette nomination continue à être soutenue par le régime communiste, qui considère toujours Karol Wojtyła, du fait de son absence d'implication dans les débats politiques, comme un allié face au cardinal Wyszynski. Cette nomination intervient alors même que le cardinal Wyszynski voulait promouvoir d'autres personnes à ce poste. Ce titre posa des problèmes à Karol Wojtyła qui craignait que le pouvoir communiste utilise et développe une concurrence entre les deux archevêques de Pologne. Karol Wojtyla choisit alors de soutenir inconditionnellement le Cardinal Wyszyński. Il est secrètement convoqué par le régime communiste. Il décide en juillet 1965, sans l'en avertir, de reprendre et de défendre les conceptions du cardinal Wyszynski sans montrer la moindre divergence avec lui. Ainsi Karol Wojtyła refuse de participer au premier Synode des évêques, qui a lieu à Rome, car le cardinal Wyszynski n'est pas autorisé par le régime à y participer. Karol Wojtyła est alors mis sous écoute et espionné par le pouvoir en place ; il est parfois suivi lors de ses déplacements.

Célébration du Millénaire

En 1966, l'archevêque organise la célébration du millénaire de la Pologne, lié à la commémoration du baptême de Mieszko Ier de Pologne, le 4 avril 966. Il préside plus de cinquante messes d'anniversaire, dont une messe pontificale au nom du pape Paul VI, qui n'est pas autorisé à entrer en Pologne, au sanctuaire Jasna Góra de Częstochowa, haut lieu du catholicisme polonais. L'objectif de la célébration du millénaire de la Pologne est aussi de mettre en avant l'héritage profondément chrétien du pays alors même que le gouvernement communiste promeut l'athéisme.

Amour et responsabilité

En 1962, il publie Amour et responsabilité dans lequel il développe une conception philosophique et chrétienne de l'amour et de la sexualité.

Cardinal

Paul VI le nomme cardinal de San Cesareo in Palatio le 28 juin 1967. Âgé de quarante-sept ans, il est alors le plus jeune de tous les cardinaux vivants. À la suite de sa nomination comme cardinal, Karol Wojtyła passe deux mois par an au Vatican. Il devient membre de quatre congrégations du Vatican : celle pour le clergé, pour l'éducation catholique, pour le culte divin, et pour les Églises orientales. Paul VI le nomme aussi consulteur du Conseil des laïcs.
Au printemps 1968, une révolte des étudiants polonais éclate face à la censure du régime communiste. Celui-ci accuse les Juifs d’être responsables de la révolte. Karol Wojtyła prend alors publiquement la défense des étudiants et invite, à une conférence organisée à l’archidiocèse de Cracovie, le philosophe juif Roman Ingarden, montrant ainsi son soutien à la communauté juive. L'année suivante il visite officiellement une synagogue montrant par là-même sa volonté de montrer sa solidarité envers la communauté juive.
Au cours de ces années, Karol Wojtyła organise l'aide secrète à l'Église de Tchécoslovaquie, en grande partie détruite par le régime communiste. Il ordonne alors secrètement des prêtres à Cracovie. Lors de la mort en prison de l'évêque Štěpán Trochta, en 1974, le pouvoir interdit à Karol Wojtyła de venir célébrer les obsèques. Néanmoins, il salue publiquement la figure héroïque de l'évêque tchèque.
Les ouvriers de Pologne se révoltent en 1970 face à l’augmentation des prix. La répression du régime entraîne la mort d’ouvriers. Karol Wojtyła, tout en se défendant de vouloir agir politiquement, prend la défense des ouvriers. Il tente d'éviter le durcissement des conflits.
Une nouvelle révolte éclate le 25 juin 1976. Des ouvriers manifestent dans la rue. Karol Wojtyła prend la défense des droits de l’homme, affirmant, lors de l’homélie de la veille du jour de l’an, qu’il défendait le droit de manger à sa faim, le droit à la liberté… une atmosphère d’authentique liberté sans contraintes… que rien ne menace. Il critique plus tard ouvertement la censure et les obstacles à la pratique du catholicisme. Cette défense des droits de l’homme se fait de plus en plus ouvertement. Il va jusqu’à affirmer en 1977 que les droits de l’homme ne peuvent être accordés sous la forme de concessions. Ce sont des droits innés, qu’il s’efforce de concrétiser au cours de sa vie. Et s’il ne peut pas les réaliser, les vivre pleinement, l’homme se révolte. Et il ne peut en être autrement, car il est homme, son sens de l’honneur l’exige. Cette défense des droits de l’homme va de pair pour le cardinal Wojtyła avec la défense et la reconnaissance de la nation. Il rejette la conception d’une nouvelle Pologne rattachée au mouvement communiste international et qui oublierait l’histoire et l’héritage du pays.
Parallèlement à ces prises de positions publiques, le cardinal encourage l’émergence du réseau d’intellectuels clandestins Odrodzenie Renaissance, dialoguant fréquemment avec eux.
Le cardinal Wojtyła participe aussi à des congrès internationaux, invité par Anna-Teresa Tymieniecka, tant à Naples où il débat avec des phénoménologues sur la place de l'auto-détermination en 1974, qu'à Harvard en 1976 où il participe à une conférence. Cela lui permet de connaître au cours de ces voyages l'épiscopat américain, et de commencer à avoir une stature internationale.

Humanae Vitae


Dès la fin du concile Vatican II, le pape Paul VI nomme Karol Wojtyła membre de la commission sur les questions de la contraception et de la sexualité. Il joue un rôle important dans le groupe qui conseille Paul VI au sujet de la contraception juste avant l'encyclique Humanae Vitae, publiée en 1968. Il reprend la conception de la sexualité qu'il avait déjà développée au début de son ministère de prêtre. Il préside une commission d'étude dans son diocèse. Celle-ci est composée de laïcs et de membre du clergé. Il envoie directement au pape Paul VI le fruit de ses réflexions. Lors de la publication d’Humanae Vitae, Karol Wojtyła se dit très satisfait d'avoir aidé le pape. Un prêtre du diocèse de Cracovie affirma que près de soixante pour cent de l'encyclique provenait du rapport de Wojtyła.

Synode diocésain

Une de ses initiatives originales, en tant qu’archevêque de Cracovie, est l'ouverture, en 1972, d’un synode pastoral, visant à partager la collégialité de Vatican-II avec les prêtres et fidèles de l’archidiocèse. Plus de 500 groupes d’études, composés de fidèles de toutes conditions, vont approfondir régulièrement les textes de Vatican-II ; plus de onze mille personnes, étudient ainsi les enseignements du concile. Ce synode de Cracovie se poursuit jusqu’en 1979 et contribue à mettre en pratique les principes du concile dans l’archidiocèse.

Synode des évêques

Karol Wojtyła participe aux synodes des évêques de 1969 sur la collaboration des épiscopats nationaux avec le siège apostolique, puis à celui de 1971 sur le sacerdoce et la justice dans le monde. Il est, en 1974, le rapporteur du synode sur l'évangélisation dans le monde contemporain.
Paul VI reçoit souvent le cardinal Wojtyła, dont plus de onze fois pendant la période 1973 à 1976. Cette connivence entre le cardinal Wojtyła et Paul VI conduit ce dernier à proposer à Karol Wojtyła de prêcher les Exercices spirituels du carême 1976 au pape et à la curie romaine. La préparation des Exercices spirituels conduit à un échange de correspondance entre Karol Wojtyła et le théologien allemand Joseph Ratzinger qui lui envoie son introduction au christianisme. Ce sera le début d'une amitié entre les deux hommes. Cette retraite prêchée au Vatican fait connaître Karol Wojtyła auprès de la Curie, le rendant pour la première fois papabile. Au cours de ces homélies il développe l'idée que les catholiques devaient être un signe de contradiction dans le monde, affirmant la vérité de Dieu, face au silence. Il critique tant le consumérisme de l'Occident que l'athéisme d'État communiste.

Personne et Acte

Il rencontre Anna-Teresa Tymieniecka en 1973 et développe avec elle un livre publié en anglais, The Acting Person, dans lequel il développe sa conception de l'amour et de l'homme. Certains ont cru voir dans ce livre une étape importante dans la maturation philosophique du cardinal Wojtyla. Ce travail dure près de trois ans. Le développement de sa conception de l'homme donne une place primordiale à l'auto détermination de l'être humain, l'individu devant donner forme à sa vie et décider ce qu'il veut en faire. Cette conception centrée sur la personne constitue le fondement pour le cardinal Wojtyła du rôle des systèmes politiques, qui ont pour vocation d'aider les individus à se déterminer eux-mêmes. Cela le conduit à critiquer les dérives des systèmes politiques : Si, d'une part, un système sociopolitique ne donne pas à l'individu ce droit légitime - c'est le cas des régimes totalitaires et communistes, qui abolissent l'autodétermination de l'être humain-, l'État est pernicieux. D'autre part, si les sociétés et les cultures autorisent l'individu à devenir strictement individualiste et à négliger les liens avec la communauté que cette autodétermination exige et établit à la fois, la cohésion sociale s'effrite.

Conclave

Le 26 août 1978, à la mort de Paul VI, Karol Wojtyła, cardinal, participe à l'élection du futur pape. Albino Luciani, patriarche de Venise, est alors élu, et prend le nom de Jean-Paul Ier, en hommage aux deux précédents papes qui ont ouvert et fermé le Concile Vatican II, Jean XXIII et Paul VI.
Jean-Paul Ier meurt trente-trois jours plus tard. Au cours de ce conclave, Karol Wojtyła avait déjà reçu neuf voix de cardinaux.

Élection

D'après l'opinion qui s'imposa par la suite, le conclave aurait été divisé entre deux favoris : Giuseppe Siri, archevêque de Gênes, plutôt conservateur et Giovanni Benelli, archevêque de Florence proche de Jean-Paul Ier et grand électeur du conclave précédent. Mais aucun ne s'impose et Karol Wojtyła, qui était aussi pressenti, est élu au huitième tour de scrutin, le 16 octobre 1978, pape de l’Église catholique. On sait d'autre part, que Mgr König, archevêque de Vienne, était très proche de lui, et paraît avoir été l'un de ses grands électeurs.
Enfin, les cardinaux allemands ont activement fait campagne pour l'archevêque de Cracovie ; parce qu'ils représentaient une église aux moyens financiers considérables, ils passaient beaucoup de temps en déplacements hors d'Europe pour mettre en œuvre une action caritative importante (hôpitaux, écoles, etc. ; ils disposaient d'une forte notoriété auprès de prélats africains et sud-américains et donc, d'une influence importante ; moins de quarante ans après l'agression nazie sur la Pologne, ce soutien était particulièrement symbolique.
D’après George Weigel, plusieurs facteurs peuvent expliquer son élection. Cardinal depuis onze années, Karol Wojtyła était bien connu des autres électeurs. Ses interventions lors du concile Vatican II et sa prédication pendant la retraite papale en 1976 avaient été remarquées. Il avait une longue expérience de la résistance culturelle au communisme qui pouvait contribuer à renouveler l’Ostpolitik du Saint-Siège. Mais avant tout, selon Weigel, il avait marqué les esprits dans sa mission d’évêque diocésain, montrant qu’une direction ferme pouvait être possible au milieu des tensions post-conciliaires. De même, pour Bernard Lecomte, le souhait général des cardinaux était d'élire un pasteur, un homme ayant l'expérience du terrain.
La surprise n'en est pas moins très grande : il est le premier pape slave de l'histoire et le premier non italien depuis Adrien VI en 1522. Le cardinal protodiacre peine d'ailleurs à prononcer son nom lors de l'habemus papam et en oublie même de donner le nom choisi par le nouveau pape. La foule croit d'abord avoir affaire à un cardinal africain, et nombre de commentateurs sont pris de court lors de l'annonce, ignorant tout du nouveau pape, le service de presse du Vatican n'ayant lui-même pas prévu de fiche biographique. Jean-Paul II se démarque dans la succession des papes par sa nationalité, sa relative jeunesse et sa condition d’ancien athlète. Surtout, il vient d’un pays communiste, d’au-delà du rideau de fer. Dans sa première déclaration, ce détenteur de l'infaillibilité suggère avec humour à la foule de le corriger s'il fait des erreurs… en italien. Le pape est polyglotte.
Après avoir, semble-t-il, renoncé à prendre le même nom que le saint patron de la Pologne, Stanislas, sur demande du cardinal-primat de Pologne, il choisit Jean-Paul II, en continuité avec ses trois prédécesseurs immédiats. Il inaugure son pontificat le 22 du même mois.
Son pontificat est le troisième plus long 9 664 jours de l’histoire bi-millénaire de la papauté. Sur ses 263 prédécesseurs, seul Pie IX 1846-1878 a régné plus longtemps que lui 31 ans 7 mois et 17 jours, mais saint Pierre, le premier des évêques de Rome, aurait régné encore plus longtemps 34 ans ou 37 ans dont 25 à Rome. Durant son règne, il aura connu trois présidents français, cinq présidents des États-Unis, et sept chefs d’État d’Union soviétique puis de Russie.

Pontificat

Les premiers jours de son pontificat sont marqués par des changements de forme du fait de Jean-Paul II. Il prépare personnellement ses premiers discours, et va directement à la rencontre du public, montrant alors sa grande indépendance vis-à-vis du protocole et de la curie.
Les premiers discours de Jean-Paul II marquent son attachement au concile Vatican II, à la collégialité dans l'Église, mais aussi au respect de la tradition, de la liturgie et sa volonté de poursuivre le dialogue œcuménique et la recherche de la paix et de la justice.
Le 22 octobre 1978, lors de la messe inaugurale de son pontificat, il prononce le discours" N'ayez pas peur "qui marque le début de son pontificat, montrant sa détermination, appelant à un christianisme plus engagé et à l'ouverture des frontières, interpelant :
" N'ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ. À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des états, des systèmes politiques et économiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation et du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme ! Et lui seul le sait!"
Il visite alors Assise, et se proclame porte-parole de l'Église du silence, représentant l'église sous les régimes communistes. Il défend très vite les droits de l'homme, considérant la liberté de pratiquer sa religion comme le fondement de toutes les autres libertés lors d'un discours pour le trentième anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme.
Jean-Paul II décide d''aller au Mexique en 1978. Au cours de son voyage, il multiplie les rencontres et les allocutions. Il visite le sanctuaire marial de Notre-Dame de Guadalupe. Au cours de ce voyage le pape critique les fonctions politiques que prennent certains prêtres, en partie liés à la théologie de la libération. Cependant le refus par le pape de fonction trop politique de la part du clergé ne l'empêche pas de prendre position pour la défense des pauvres et des indigènes. Il invite ainsi à lutter contre l'injustice et dénonce les atteintes portées à la dignité de l'homme.
Dès l'année suivante il visite la Pologne, l'Irlande, les États-Unis il est le premier pape à se rendre à la Maison-Blanche et la Turquie. Il débute au cours des audiences papales du mercredi une véritable catéchèse sur la destinée humaine, la sexualité ou la théologie du corps. En 1980 il se rend en Afrique, en France et au Brésil. Il défend l'appartenance à l'Église catholique de l'Église uniate, que Staline avait voulu dissoudre et annexer au patriarcat orthodoxe.

Tentative d'assassinat de Jean-Paul II du 13 mai 1981.

Le mercredi 13 mai 1981, jour de l'audience générale hebdomadaire qui se tient place Saint-Pierre à Rome, Jean-Paul II est victime d’un attentat : Mehmet Ali Ağca tire sur lui devant une foule de 20 000 fidèles. Mehmet Ali Ağca fait feu avec un Browning 9 mm automatique à moins de six mètres du pape, deux mois après la tentative d'assassinat de Ronald Reagan.
Le jour de l'attentat étant exactement le même que le jour de l'apparition de la Vierge de Fatima, qui devait être mentionnée dans son discours de l'audience, Jean-Paul II attribue sa miraculeuse survie à l’intervention de la Vierge de Fátima, et il pense que cet attentat correspond à celui évoqué dans le message de Fatima.
Plus tard, le pape se rendra dans la cellule de Mehmet Ali Ağca pour lui accorder son pardon.
Plusieurs thèses ont été formulées sur un possible commanditaire. Selon certaines sources, cet attentat pourrait être l’œuvre du GRU, les services de renseignements de l’armée soviétique. D'autres personnes du fait de la nationalité turque de Mehmet Ali Ağca pensent que des islamistes radicaux pourraient être à l'origine de cet attentat, celui-ci étant contre la visite du pape en Turquie, voyant en lui le Commandant des Croisades, Jean-Paul déguisé en chef religieux. Si cette visite n'est pas annulée, je ne manquerai pas de tuer le pape-Commandant. D'autres sources laisseraient entendre qu'il s'agirait d'une action menée par la mafia turque commanditée par la mafia italienne. Enfin certains n'y ont vu que la volonté propre de Mehmet Ali Ağca, considérant qu'il souffrait de troubles psychiatriques.

À la suite de cet attentat, qui a manqué de peu de lui coûter la vie et qui lui laissera des séquelles, il circule parmi la foule dans une voiture blindée, surnommée la papamobile .

Pologne

Walesa a la permission de rencontrer le pape en 1981. Il affirme alors que sans l'Église rien ne peut se passer en Pologne. Jean-Paul II publie sa première encyclique sociale entièrement consacrée à la question du travail, Laborem Exercens. Il affirme dans cette encyclique la supériorité du travail sur le capital, définissant une anthropologie catholique du travail. Il défend aussi la légitimité des syndicats.
Par cette encyclique, il montre son soutien à la cause polonaise de Solidarność. Il pousse les évêques polonais à défendre les accords qui ont lieu en Pologne. Cette période marqua un fort rapprochement entre l'administration Reagan et Jean-Paul II, qui partagent des informations confidentielles sur la Pologne. Ronald Reagan soutient aussi la position du pape sur les questions liées à l'avortement. Le 12 décembre 1981, face à l'augmentation des protestations en Pologne, le général Wojciech Jaruzelski déclare la loi martiale. Jean-Paul II cherche alors à apaiser les revendications, craignant un bain de sang, et affirmant qu'il faut promouvoir la paix. Lors de sa visite en Pologne en 1983, il soutient les opposants au régime. Il appelle les Polonais à suivre leur conscience, à faire un effort pour être un individu doté de conscience, appeler le bien et le mal par leur nom et de ne pas les confondre... développer en soi ce qui est bon et chercher à redresser le mal en le surmontant en soi-même. Par la suite il défend la justice sociale, les droits fondamentaux, les salaires équitables et les syndicats interdits par la loi martial. Au cours de cette visite, il reçoit le titre de docteur honoris causa de l'université Jagellon de Cracovie, en 1983.

Attaque à Fatima en 1982

Dans le film Testimony, portant sur la vie de Jean-Paul II, le cardinal Stanisław Dziwisz affirme que le souverain pontife a été blessé par un coup de poignard lors d'une visite au sanctuaire marial de Fatima au Portugal en 1982.
Le pape, qui venait remercier, dans ce sanctuaire, la Vierge Marie pour avoir échappé aux coups de feu tirés contre lui par Mehmet Ali Ağca, est attaqué par Juan María Fernández y Krohn, un prêtre intégriste espagnol opposé à la libéralisation de l'Église. Celui-ci se précipite sur le Pape avec un poignard à la main, mais il est rapidement maîtrisé. L'information n'est pas diffusée et le pape termine son voyage sans révéler ses blessures. Je peux aujourd'hui révéler que le Saint-Père avait été blessé. Quand nous sommes entrés dans la salle, nous avons vu qu'il saignait, déclare Mgr Dziwisz dans le documentaire.

Amérique centrale

Jean-Paul II fait un voyage en 1983 en Amérique centrale, au cours duquel il prend position contre la théologie de la libération. Il défend la lutte contre la pauvreté et l'exclusion qui touche ces populations, mais s'oppose aux révolutions armées. Face aux théologiens voulant concilier révolution et christianisme, il appelle à l'unité de l'Église et au dialogue, montrant une opposition à certains aspects de la théologie de la libération.
Il rencontre Mère Teresa et lui demande à partir de 1986 d'être son porte-parole pour défendre la position de l'Église concernant la vie, et notamment son opposition à l'avortement.
En 1986, il lance les premières Journée mondiale de la jeunesse. Ces journées sont nées de sa volonté de répondre aux préoccupations des jeunes et de les rencontrer. Stanisław Dziwisz affirme que ces journées sont issues des rassemblements qu'il a eus avec les jeunes, et particulièrement celui ayant eu lieu à Paris, au Parc des princes, en 1980. Ces rencontres réunissent des centaines de milliers de personnes, et ont lieu tous les deux ou trois ans

Rencontre d'Assise.

L'évènement le plus marquant de son pontificat est peut-être son initiative d'inviter les représentants de toutes les grandes religions à Assise, le 27 octobre 1986, pour participer à une Journée mondiale de la prière. Pour la première fois dans l'histoire, toutes les religions sont représentées ensemble afin de prier pour la Paix. La démarche de Jean-Paul II n'était pas du syncrétisme : toutes les religions étaient ensemble pour prier, mais ne priaient pas d'une seule voix. Cette démarche inter-religieuse fut critiquée par Mgr Marcel Lefebvre qui provoqua un schisme deux ans plus tard. Au cours de cette journée le pape pria avec les autres chefs religieux, et fit acte de repentance, affirmant que les catholiques n'avaient pas toujours été des bâtisseurs de paix.

Au cours de cette journée pour la paix, il n'y eut aucun mort sur les champs de bataille.

En 1987 il visite le Chili et est accueilli par Augusto Pinochet. Cette visite est critiquée, certains y voyant un soutien au dictateur. Cependant le pape ne critique pas lors de cette visite le vicariat à la solidarité, organisé par l'Église chilienne, qui aide les opposants au régime. Au cours de cette visite, il demanda en privé à Augusto Pinochet de démissionner et de rendre le pouvoir à la société civile.
En 1988, il publie l'encyclique Sollicitudo Rei Socialis. Dans cette encyclique, il défend une vision chrétienne du progrès social, tout en dénonçant les inégalités criantes entre le Nord et le Sud.

Nouveau millénaire

Statue de cire du pape Jean-Paul II au musée Tussaud de Londres en 1992.
La chute du mur de Berlin en 1989 et la fin de l'URSS, l'année suivante, furent considérées comme étant liées à l'action de Jean-Paul II. Le succès de ses voyages, en Pologne notamment, avaient contribué à déstabiliser le régime. Mikhaïl Gorbatchev affirmera : Tout ce qui s'est passé en Europe orientale au cours de ces dernières années n'aurait pas été possible sans la présence de ce pape, sans le grand rôle, également politique, qu'il a su tenir sur la scène mondiale.
Jean-Paul II critique alors avec plus de force les dérives du capitalisme. Au Mexique il dénonce les inégalités criantes de richesses dans le monde, du fait d'un capitalisme qui se développe sans souci du bien commun. La même année il publie l'encyclique sociale Centesimus Annus, où il critique le néolibéralisme et sa conception capitaliste du profit qui ne tient compte ni de l'Homme ni des ressources de la terre. Jean-Paul II refuse la primauté des choses matérielles sur l'Homme et insiste sur la nécessité d'une éthique dans l'économie. Il affirme que l'exploitation du pauvre et des ignorants est un crime contre l'œuvre de Dieu , affirmant que les pays pauvres jugeront les pays riches.

Il s'oppose aussi au déclenchement de la guerre en Irak.

Lors de sa visite en Pologne à Lubaczów les 2 et 3 juin 1991, il dénonce avec force la société de consommation. Il réaffirme également dans ses homélies son opposition claire à l'avortement et appelle les Polonais à suivre leur conscience et à ne pas confondre liberté et immoralisme. Il dénonce toute cette civilisation du désir et du plaisir qui règne désormais sur nous, en profitant des divers moyens de séduction. Est-ce de la civilisation ou de l'anticivilisation ?.
Il proclame l'année 1994 année de la famille. Il fait de la lutte contre l'avortement l'une de ses priorités, luttant contre sa légalisation lors de la conférence des Nations unies au Caire. Il dénonce alors une culture de mort, et invite les catholiques à défendre la vie humaine face aux manipulations génétiques, à l'avortement et à l'euthanasie.
Il organise le Jubilé de l'an 2000 qui marque le deux millième anniversaire de la naissance de Jésus. Au cours de cette année, il soutient officiellement la démarche d'annulation de la dette des pays d'Afrique, initiative lancée par Bob Geldof et Bono.

Problèmes de santé et décès

Mort et funérailles de Jean-Paul II.

L'historien Philippe Levillain estime que trop malade, Jean-Paul II n'a pas réellement gouverné l'Église durant les cinq dernières années de son pontificat.
Jean-Paul II avait réclamé dès l'ouverture de son pontificat que les malades soient placés au premier rang. Il a lui-même subi en tout six interventions chirurgicales. Après avoir perdu trois litres de sang lors de l'opération de cinq heures qui a suivi l'attentat de 1981, il a été transfusé avec du sang contaminé par un cytomégalovirus, ce qui l’affaiblira énormément par la suite. Il a souffert de la maladie de Parkinson depuis le milieu des années 1990. Il a été victime d'une tumeur de l'intestin, suivie d'une opération en 1992. Il fit plusieurs chutes, occasionnant notamment une fracture du col du fémur et une luxation de l'épaule.
En 2005, il contracte une grippe qui se transforme en laryngotrachéite aiguë avec des crises de spasmes du larynx, ce qui l'oblige à être hospitalisé le 9 février 2005. Le 23 février, il est de nouveau hospitalisé à la suite d'une crise d'étouffement, puis on pratique une trachéotomie. Il s'était entraîné à prononcer la bénédiction Urbi et orbi le jour de Pâques mais reste muet à sa fenêtre, sans arriver à dire un mot. Le 31 mars, il est victime d'un choc septique, d'un collapsus cardio-vasculaire et d'une infection urinaire en même temps. Jean-Paul II refuse alors l'hospitalisation. Dans la journée du 2 avril 2005, il dit adieu à ses collaborateurs, un par un, puis écoute l'Évangile de Jean prononcé par une des religieuses qui l'avait servi pendant 25 ans.

Il entre dans le coma en soirée puis s'éteint au Vatican le 2 avril 2005, veille du dimanche de la divine Miséricorde, à 21 h 37, heure locale, à l’âge de 84 ans et après un pontificat de 9 673 jours, le deuxième plus long de l’histoire de l’Église. D’après le certificat du décès publié le 3 avril par le Vatican, sa mort est due à un choc septique et à une insuffisance cardiaque. Il est enterré au Vatican le 8 avril. Le cardinal Joseph Ratzinger lui succède le 19 avril 2005 sous le nom de Benoît XVI.

Funérailles

Des Polonais se recueillent à l'annonce de la mort du pape dans tout le pays
Article détaillé : Mort et funérailles de Jean-Paul II.
Trois aéroports – Fiumicino, Ciampino, et l’aéroport militaire de Pratica di Mare – accueillent quelque 110 avions d’États et une soixantaine d’avions civils pour l’arrivée de ces délégations qui comprennent jusqu’à une cinquantaine de membres ; sont notamment présents lors des funérailles George W. Bush, président des États-Unis, Jacques Chirac, président de la République française, le roi d'Espagne Juan Carlos et le roi des Belges Albert II. Parmi les dignitaires religieux qui se rendent à Rome, on trouve, entre autres, Mgr Rowan Williams, archevêque de Cantorbéry et président du Conseil mondial des évêques anglicans, et Bartholomée Ier, patriarche orthodoxe de Constantinople.
Plus de 3 millions de personnes viennent à Rome, du 2 au 8 avril 2005. Celles qui vont en la basilique vaticane, saluer la dépouille du pape, défilent au rythme de 21 000 à l'heure, soit 350 personnes à la minute. L'attente va de 13 à 24 h, avec une queue maximale de cinq kilomètres.
Le jour des funérailles, 500 000 fidèles se trouvent place Saint-Pierre et Via della Conciliazione, 600 000 dans les sites urbains dotés d'écrans géants installés par la municipalité. La salle de presse du Saint-Siège et le Conseil pontifical pour les Communications sociales délivrent plus de 6 000 accréditations journalistes, photographes, reporters de radio-télévision pour la couverture de l'événement. 137 chaînes TV de 81 pays diffusent la Messe de funérailles. On estime à deux milliards le nombre de personnes qui ont vu la cérémonie d'enterrement de Jean-Paul II à travers le monde.
La messe de funérailles est concélébrée par 157 cardinaux, en présence de 700 archevêques et évêques, 3 000 prélats et prêtres.
De nombreux pays décrètent une ou plusieurs journées de deuil à la suite du décès de Jean-Paul II. Certains à majorité catholique comme le Brésil, l'Italie, les Philippines, la Pologne. D'autres où les chrétiens sont minoritaires, comme l'Inde, le Tchad, l'Albanie, etc. Dans d'autres pays, dont la France, la Suisse et la Turquie, les drapeaux sont mis en berne sur les bâtiments publics.

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... ost_id=5608#forumpost5608



Posté le : 18/05/2014 19:15

Edité par Loriane sur 19-05-2014 08:55:04
Edité par Loriane sur 19-05-2014 13:08:55
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Re: Défi du 17/05/14
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Eh bien EXEM, tu m'as bluffé.
Je n'avais pas vu venir la chute et la narration m'a emmené vers une autre voie.
C'est une nouvelle vraiment forte. Bravo !
Donald.

Posté le : 18/05/2014 19:16
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Re: Défi du 17/05/14
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Une histoire vraiment triste mon cher Alexis.
Tout est suggéré comme à ton habitude et je ne sais pas si la nostalgie l'emporte sur la tristesse ou les regrets.
Bravo !
Ce défi a vraiment inspiré tout le monde j'ai l'impression.
Donald.

Posté le : 18/05/2014 19:20
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Re: Défi du 17/05/14
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Sacré Couscous, je vois que tu as trouvé une fin digne de ta légende décalée.
C'est très fort; la société que tu décris est tellement réaliste que tu devrais te lancer dans la science-fiction.
Bravo !
J'adore !
Merci.
Donald.
PS: Alexis, je confirme que ce thème de défi a inspiré tout le monde.

Posté le : 18/05/2014 19:26
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Re: Défi du 17/05/14
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Thomas descendit du bus et se dirigea vers l’hôtel du centre-ville ; il n’avait pas encore réservé mais dans ses souvenirs cet établissement ne semblait pas faire le plein, surtout en ce mois d’octobre peu propice au tourisme. La réceptionniste peu affable lui fit remplir des papiers puis il eut droit à une chambre standard ; il posa son sac de voyage et ouvrit le mini-bar. « Qu’est-ce qui m’a poussé à revenir ici ? » se dit-il en ouvrant une bière ; il se remémora ses vingt dernières années.

Il avait quitté Brignais à l’age de dix-huit ans juste après avoir obtenu son baccalauréat au lycée d’Oullins ; ses parents lui pesaient et il avait décidé de s’engager dans l’armée où il avait intégré l’école des officiers de réserve. Après ses classes dans le trou du cul du monde vers Draguignan, il avait été affecté dans une unité de commando en Nouvelle-Calédonie ; il n’avait pas daigné revenir dans sa bourgade natale car sa famille lui restait encore en travers de la gorge et que ses copains ne le comprendraient pas. Par la suite, il était resté dans l’hémisphère sud pour de bonnes et de mauvaises raisons ; la France l’avait enrôlé au sein de ses prestigieux services secrets et il avait montré toutes ses capacités à manipuler les gens et éliminer la fange. Pris dans la spirale de l’aventure et des coups tordus, il avait négligé de garder le contact avec son passé et ni son frère ni sa sœur n’avaient réussi à lui parler depuis son départ pour les terres australes. Son père était trop fier pour tenter quoi que ce soit et sa mère trop soumise pour oser le contredire. En quelques années, les deux parties avaient coupé les ponts et Thomas n’avait pas cherché à prendre des nouvelles ; sa vie trépidante et pleine d'inattendu avait fait le reste jusqu’à le rayer définitivement des registres civils, du moins dans la version officielle.

Thomas imagina la réaction de son père quand ce dernier avait reçu son avis de décès ; il avait du certainement forcer sur les commentaires du genre « je vous l’avais bien dit, ce garçon était une tête brûlée. » à la lecture du rapport de police annexé au document. Sa couverture avait été bien étudiée et mourir d’un accident de voiture à vingt-cinq ans, dans des conditions classiques d’alcoolémie élevée et de jeunesse facile, représentait l’excuse idéale pour reprendre une nouvelle identité dans le cadre de ses missions futures ; le seul bémol à cette situation résidait dans le fait qu’elle devenait définitive. Thomas avait sauté sur l’occasion car rien ne le retenait à ces pauvres ratés qui partageaient ses gênes ; il s’était toujours senti étranger dans cet environnement étroit des petits bourgeois provinciaux plus occupés à dénigrer leurs voisins et à compter leurs sous qu’à penser aux autres et sortir grandi de leur milieu conformiste. En plus de changer de patronyme, devenant Thomas Corentin au lieu de Franck Durand, il avait bénéficié de chirurgie esthétique, passant de grand costaud paysan à play-boy mondain ; cette dernière intervention était indispensable dans le rôle de jeune et riche inutile qu’il devait jouer pour infiltrer la haute société australienne.
A bientôt quarante ans, il était devenu un parfait inconnu pour tous les habitants de ce bourg sans âme et personne ne pourrait se douter de qui il était vraiment ; il avait toute liberté de mouvement, un compte en banque bien garni, des relations bien informées et une volonté de fer.

Midi s’afficha sur sa montre et il quitta son repère pour aller déjeuner dans un petit restaurant de la place de l’église. Une fois assis à une table tranquille il commanda un repas typique de la région lyonnaise ; la serveuse lui rappela vaguement quelqu’un qu’il avait du connaître sur les bancs de l’école. Il opta pour une conversation futile avec la blonde chargée de le servir.
— C’est la première fois que je viens ici, commença-t-il, et j’aimerais savoir ce que cette petite ville a de typique.
— A part un aqueduc gallo-romain classé monument historique, je ne vois rien, répondit la femme dont il sentit qu’elle n’avait pas l’habitude des étrangers mais qu’elle était ouverte à la discussion tellement elle s’ennuyait avec les autochtones.
— Il n’y a donc pas d’endroit où s’amuser un peu ?
— Ici on s’ennuie, monsieur.
— Appelez moi Thomas.
— Je m’appelle Stéphanie et je suis née dans ce trou perdu où j’ai passé mon temps à élever trois enfants et travailler comme une folle pour acheter ma maison et préparer ma retraite.
— Vaste programme. Pourtant il y a des opportunités à Lyon et ce n’est pas très loin.
— Quinze kilomètres peuvent prendre une vie quand vous êtes enceinte très jeune et que le père est parti en courant dès l’annonce de votre grossesse.
Thomas ne fut même pas étonné de tant de franchise de la part d’une femme qu’il rencontrait pour la première fois ; c’était même cette qualité d’animal social qui lui valait sa carrière réussie d’espion de la République Française. Il aurait pu sympathiser même avec un Martien sur Vénus et se faire inviter le soir à sa table ; il profita de ce don pour courtiser la belle dont les charmes passées transparaissaient encore malgré ses dix kilos de trop et son regard fatigué.
De polie la conversation passa à plus personnelle et il parvint sans mal à obtenir un rendez-vous amical avec la dénommée Stéphanie. Une fois cette première étape franchie, il se dirigea vers le salon de coiffure le plus cossu sous le prétexte fallacieux de se rafraîchir les tempes.

— Qu’est-ce que ce sera pour le beau jeune homme ?
Le coiffeur commençait fort ; on sentait l’habitude d’appâter le chaland, de flatter les faibles et de fidéliser une clientèle essentiellement féminine. Thomas détailla le commerçant et reconnu en lui un ancien élève de son collège ; ce dernier avait probablement repris l’établissement de son père.
« Cet abruti de Gilles Bruchon est toujours aussi superficiel. » pensa Thomas.
— J’ai besoin de raviver ma coupe, répondit-il.
— Je vais vous rajeunir de dix ans. De Lyon à Saint-Étienne, je suis connu comme le loup blanc et même les joueurs de foot professionnel se battent pour venir dans mon salon.
Thomas le laissa vanter ses mérites et l’encouragea même à dépasser la seule lecture de son curriculum-vitae ; il se souvenait que Gilles Bruchon se targuait d’exploits plus ou moins crédibles auprès de ces dames alors jeunes filles innocentes et naïves. Il orienta les récits de son interlocuteur pour en apprendre plus sur les rapports de force entre les puissants de la ville ; le résultat ne le déçut pas bien au contraire et il obtint les informations nécessaires à sa mission personnelle.
A la fin de la séance d’autosatisfaction du coiffeur, il prit congé et se dirigea vers une grande supérette ; il ne l’avait pas choisie au hasard car elle était située à l’endroit exact où se trouvait dans le temps le magasin de son père. Il alla jusqu’au coin traiteur et engagea la conversation avec le gras du bide en charge du rayon.
— Quel bel étal vous avez, dit-il. C’est autre chose que les hypermarchés des grandes villes où tout se ressemble et rien n’a de goût.
— Bien vrai, répondit l’employé.
— Je suis passé devant il y a quelques années et je n’ai pas remarqué ce superbe commerce, tenta-t-il en usant de flatterie.
— C’est à monsieur François qu’on le doit mais il n’a pu ouvrir qu’au printemps.
— Des problèmes avec la mairie ou le cadastre ?
— Non. Un vieux con occupait le local depuis plus de trente ans et il ne voulait pas vendre alors que personne ne pouvait prendre sa suite.
— Il n’avait pas d’enfant ?
— Si, il en avait même trois. L’aîné est mort en voiture il y a longtemps, le cadet est monté à Paris où on raconte qu’il ne fait rien de ses dix doigts et enfin la petite travaille à Lyon dans une administration. Le vieux a enterré sa femme il y a déjà pas mal d’années.
— Pourquoi s’accrochait il donc à son affaire ?
— Pour faire chier son monde.
— Des comme ça il y en a des tonnes. Finalement il l’a vendu son magasin.
— Pas vraiment ; il a cassé sa pipe en début d’année et monsieur François a racheté le tout aux enchères.
— Un coup de bol en quelque sorte ?
— Plus chanceux que lui tu meurs ! Il a payé le dixième du prix estimé ; il faut dire qu’il a le sens des affaires et des amis haut placés le patron.
Thomas en savait assez ; il acheta du pâté de tête et des grattons frits, remercia l’employé pour sa gentillesse et la qualité de ses produits puis partit à la boulangerie du centre.

Au-delà de se fournir en pain, il profita de sa bonne mine pour tirer les vers du nez de la boulangère ; la bavarde matrone lui apprit qui était le monsieur François et à quel point il était puissant dans le coin. Thomas avait désormais toutes les informations nécessaires pour agir ; il ne lui restait plus qu’à préparer son coup.
Revenu dans sa chambre d’hôtel, il planifia son intervention dans les moindres détails ; Stéphanie devrait tenir le rôle principal en tant qu’alibi.
A dix-huit heures, la réceptionniste l’appela par la ligne intérieure ; son rendez-vous était arrivé et l’attendait dans la petite salle d’attente. Thomas descendit rapidement car selon lui il ne fallait jamais faire patienter une femme en particulier quand elle tenait en ses mains une opération secrète, de surcroît sans le savoir. Stéphanie rayonnait ; elle avait changé de tenue et ne paraissait pas endimanchée. Thomas se remémora sa jeunesse ; Stéphanie s’appelait alors Royer et elle était de loin la plus belle fille du collège. Elle avait deux ans de plus que lui et une classe les séparait ; il n’avait jamais tenté de la séduire car un gouffre abyssal s’interposait entre eux. En effet, Stéphanie faisait plus que son age, par ses formes et sa décontraction, ce qui reléguait les adolescents boutonneux comme Thomas au rang d’amoureux platoniques occupés à ronger leur frein en silence. Plus tard, quand la puberté avait terminée son œuvre, le jeune homme était devenu grand et fort avec ce physique de rugbyman qui plaisait aux lycéennes de la campagne lyonnaise, mais Stéphanie avait disparu du paysage préférant les études courtes au cycle général. Ils s’étaient ainsi perdus de vue à l’instar de beaucoup des collégiens quand ils devaient choisir leur orientation scolaire entre rester dans leur bourg ou monter à la ville.
— Vous êtes splendide Stéphanie, flatta Thomas.
— Ce n’est rien d’exceptionnel, répondit-elle. J’ai fait du neuf avec du vieux.
— Savez-vous ce qui me plaît le plus en vous ? Votre humilité caustique vous sert de bouclier alors que vous êtes une superbe femme dont bien des hommes aimeraient tenir le bras, continua-t-il.
Stéphanie rougit sous la flatterie et le regard doux de ce bel homme qui ne la voyait pas, pour changer, comme un bon bout de viande à consommer vite fait à l’arrière d’une voiture ou dans un gourbi zéro étoile. Elle lui tendit la main et l’invita à quitter l’établissement.
— Je suppose que vous n’êtes pas motorisé, ironisa-t-elle.
— Un point pour vous, admit Thomas. Nous pouvons commander un taxi.
— Inutile. J’ai une voiture ; ma voisine me prête la sienne car mon carrosse est en réparations.
— Je vous invite au restaurant ; des relations m’en ont recommandé un excellent dans le centre de Lyon. Il n’est pas trop huppé mais respire la classe, selon leurs dires.
— Je vous suis les yeux fermés, conclut Stéphanie en baissant les paupières.
Thomas ne put résister complètement à l’envie de l’embrasser et il posa délicatement ses lèvres sur son front ; Stéphanie se laissa tomber dans ses bras puis se reprit doucement, en signe d’approbation secrète. Visiblement, elle voulait profiter de son statut de princesse et goûter aux délices d’une soirée partie pour durer toute la nuit.

Le voyage fut l’occasion de discuter de façon plus personnelle ; Thomas utilisa sa science de l’écoute et Stéphanie se livra au jeu de la vérité. Elle avait effectivement quitté le collège local en fin de sa seconde troisième car elle n’arrivait plus à suivre le rythme des études ; elle avoua quand même que ce n’était pas pour des raisons logiques liées à ses notes mais par désir de travailler vite et partir de chez ses parents. Elle était ensuite rentrée dans un cursus hôtelier qu’elle avait brillamment réussi puis se dirigeait vers une carrière assurée. « Qu’est-ce qui avait merdé ? » se demanda Thomas. Stéphanie lui donna la réponse à quelques hectomètres de l’arrivée : elle avait rencontré le soi-disant homme de sa vie, était tombée enceinte et s’était faite larguer par le père dans les mois qui précédèrent son accouchement. Elle avait tenté de refaire sa vie avec un ancien camarade de classe qui s’était avéré largement meilleur pour planter sa graine que pourvoir aux besoins d’une famille entière ; finalement le feignant l’avait fui à la naissance de son troisième enfant. A quarante ans tout juste, elle se retrouvait avec trois marmots à élever dont le petit dernier tangentait les dix ans ; son ambition s’était envolée avec son optimisme.
Stéphanie se gara dans un parking public sous la Place des Cordeliers ; Thomas l’enlaça galamment et le duo se rendit dans le fameux restaurant appelé « Les yeux dans le ciel » où était réservée une table centrale. Ils débutèrent au champagne rosé en guise d’apéritif puis continuèrent avec des mets d’une finesse extrême que Stéphanie apprécia à leur juste valeur, sans tambour ni trompette. Thomas détailla son invitée une fois encore ; quand elle souriait et même riait, il revoyait en elle la reine de beauté qui avait égayé sa tendre adolescence. Il se sentit coupable de ce qui lui était arrivé durant toutes ces années de galère ; bien sûr il savait pertinemment qu’il n’avait rien à se reprocher car jamais ils n’avaient été proches. Malgré la logique de son raisonnement et la vérité historique, il ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir ; il l’avait laissé tomber, elle son fantasme d’adolescent, comme il avait abandonné ses parents, sa sœur et son frère. « Quand je pense au nombre de coups tordus que j’ai organisé, je me demande pourquoi je cogite tant ce soir. » pensa-t-il soudainement ; son cerveau d’homme d’action venait juste de reprendre le dessus sur un vieux cœur d’artichaut qu’il croyait enterré quand il avait changé d’identité.
Au dessert, il proposa à Stéphanie d’aller danser dans un club privé réservé à l’élite lyonnaise ; d’abord elle refusa, invoquant sa condition de serveuse et d’autres arguments qu’il démonta un par un. Quand elle accepta, il la sacra duchesse et leur soirée devint gala au rythme d’une musique saccadée entre salsa et samba. Entre deux pas de danse, il l’embrassa chaleureusement et elle s’abandonna dans ses bras.
Vers une heure du matin, elle était nue dans son lit et le chevauchait fougueusement telle une walkyrie triomphante. Quatre-vingt-dix minutes plus tard, la belle Stéphanie dormait à poings fermés, en cela bien aidée par un puissant somnifère versé dans sa coupe de champagne entre deux ébats et trois mouvements de gymnastique horizontale. Thomas se leva, enfila sa tenue de campagne et prit son équipement ; il utilisa la voiture amenée par Stéphanie pour se rendre sur le lieu de son opération. Après avoir accompli ce qu’il avait prévu, il effaça ses traces et revint à l’hôtel se coucher auprès de son alibi aux longs cheveux blonds.

Le lendemain à midi, Stéphanie Royer se réveilla avec un léger mal de crâne ; elle regarda sur le côté si son prince charmant avait réellement existé. En guise de grand blond au physique d’Apollon, elle trouva un splendide bouquet de fleurs accompagné d’un petit mot. « Tu es une femme merveilleuse ne l’oublie jamais. » était écrit en lettres capitales sur ce fin papier qu’elle serra contre son cœur. Elle rentra chez elle avec un sourire aux lèvres qui n’était pas prêt de s’éteindre.

Quelques jours plus tard, la presse locale rapporta la disparition mystérieuse d’un édile et commerçant notoire dans la ville de Brignais. Selon des sources policières, le dénommé François avait été vu pour la dernière fois dans sa villa le jeudi soir et depuis plus personne n’avait eu de ses nouvelles. La piste criminelle fut rapidement abandonnée par les autorités du cru quand elles constatèrent des transactions régulières sur sa carte bancaire, entre Paris et Bruxelles, dans des bars louches où des femmes légères vendaient régulièrement leurs charmes aux bourgeois de passage.

Posté le : 18/05/2014 19:40
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François Nourissier
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Le 18 mai 1927 à Paris naît François Nourissier, journaliste et un

écrivain français


qui fut, pendant trente ans, membre de l'Académie Goncourt, ses romans et divers écrits lui valurent le Grand prix du roman de l'Académie française en 1965, le prix Femina en 1970, le Prix mondial Cino Del Duca en 2002, ses Œuvres principales
sont : "Un petit bourgeois" en 1964, "Allemande" en 1973, "À défaut de génie" en 2001, il meurt dans la même ville à 83 ans le 15 février 2011.

François Nourissier est successivement secrétaire général des éditions Denoël 1952-1955, rédacteur en chef de la revue La Parisienne 1955-1958, et conseiller aux éditions Grasset 1958-1996. Il a parfois été rattaché à l'école des Hussards.

Il est élu à l'Académie Goncourt en 1977 au couvert de Raymond Queneau, en devient le secrétaire général en 1983 et le président de 1996 à 2002. Il démissionne en 2008 pour des raisons de santé.
En 1962, il a épousé Hélène Cécile Muhlstein 1936-2007, artiste peintre et apparentée à la famille Rothschild. Il raconte leur relation tumultueuse, marquée par l'alcoolisme, dans le livre pseudo-autobiographique, Eau-de-feu 2008.
Frappé d'akinésie depuis le début du XXIe siècle, il se compare avec pudeur à un caméléon et désigne la maladie de Parkinson dont il souffre sous le nom de Miss P.

Il meurt le 15 février 2011, à 83 ans.

François Nourissier est né à Paris en 1927. Il raconte avec humour dans Le Musée de l'homme 1978 qu'il s'était inventé, à une certaine époque, une identité de « Lorrain de fantaisie », à défaut de pouvoir produire des origines sociales plus légitimées. Il a huit ans quand son père meurt subitement à côté de lui, tandis qu'ils sont au cinéma. Le monde de son enfance est étouffant, catholique et féminin. Sans doute faut-il voir là l'origine de composantes essentielles de sa personnalité. En 1945, il fait partie des bénévoles qui, à l'hôtel Lutétia, accueillent les déportés qui reviennent des camps, et il publie, entre 1949 et 1952, des travaux sur les personnes déplacées, tout en poursuivant des études supérieures à Sciences Po. Il occupe d'importantes fonctions éditoriales, chez Denoël de 1952 à 1955, chez Grasset de 1958 à 1996. Élu à l'académie Goncourt en 1977, qu'il quittera en 2008, il assume les contraintes de la position de secrétaire général à partir de 1985, puis de président de 1996 à 2002. Sa connaissance intime du milieu littéraire se retrouve dans plusieurs de ses ouvrages, comme Les Chiens à fouetter 1957.

Nombre des événements de la vie personnelle de François Nourissier seront par la suite rapportés dans ses ouvrages, pour se fondre dans le seul univers qui compte à ses yeux : la littérature. Car il sait depuis toujours que sa vocation est l'écriture. Son premier roman, L'Eau grise 1951, republié en 1986 avec une Préface très éclairante, est remarqué par Jacques Chardonne, ce qui lui ouvre les portes de la reconnaissance littéraire. Il se sent proche du groupe des Hussards Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent, Michel Déon, parce qu'il partage leur refus d'une littérature asservie à une idéologie, et que – à l'exception notable de Céline – il admire le talent littéraire d'auteurs qui se sont compromis avec l'occupant allemand ou qui traditionnellement sont considérés comme des écrivains «réactionnaires . Il fallait en effet faire preuve, au début des années 1950, d'une grande autonomie d'esprit pour revendiquer une filiation avec Chardonne ou Morand, Montherlant ou Drieu la Rochelle, voire Bernanos et Barrès. François Nourissier acquiert de la sorte, au sein de la république des Lettres, une réputation d'homme de droite , qui ne le quittera jamais tout à fait, qu'il assume et sur laquelle il s'est longuement expliqué Mauvais Genre, 1994, marquant son attachement à l'idée d'une patrie française, son refus de l'intellectualisme engagé, son goût pour les maisons bourgeoises La Maison mélancolie, 2005, les automobiles ou les beaux objets, la discipline du corps et de l'allure.

La carrière de François Nourissier est rythmée par ses activités multiples au sein du monde des lettres. En 1952, il prend la succession de Jacques Laurent à La Parisienne pour en faire une revue moins politique et plus littéraire. À L'Express, aux Nouvelles littéraires, au Figaro et au Figaro Magazine, au Point, il livre d'innombrables articles qui contribuent largement à faire connaître au grand public les livres nouveaux. Sa vie privée alimente une production romanesque abondante, dont la dimension autobiographique n'a cessé de prendre de l'importance, au point de lui faire affirmer que la fiction, tout compte fait, l'intéresse assez peu. Il fait exception, néanmoins, pour L'Empire des nuages 1981 ou Le Gardien des ruines 1992, roman qui brosse un tableau saisissant de la société française de 1938 à 1990.

L'écrivain s'observe avec étonnement, et dégoût parfois. Le style incisif, la pointe sèche du moraliste stigmatisent les faiblesses d'une âme inquiète qui souffre de se sentir sans grandeur Portrait d'un indifférent, 1957 ; Le Musée de l'homme. Dès Bleu comme la nuit 1958, la chronique personnelle se mêle à la matière romanesque, mais c'est Un petit bourgeois 1963 qui fixe la manière de Nourissier, avec ses interrogations sur l'homme moyen d'aujourd'hui. La maladie, beaucoup plus tard, viendra le tourmenter : loin de sonner le déclin de l'œuvre, elle va lui donner une nouvelle vigueur en inspirant des textes magnifiques Prince des berlingots, 2003, qui sont à la fois une méditation sur le corps, le vieillissement et la mort, une forme libre d'introspection et une chronique sociale de la France contemporaine. Lire Nourissier, c'est se souvenir qu'on a lu Montaigne, Rousseau ou Chateaubriand, même si les inspirateurs plus modestement revendiqués par l'auteur sont Benjamin Constant, Michel Leiris, Pierre Jean Jouve ou Aragon, dont il fut l'ami intime et l'admirateur. Prétexte à une réflexion sur le goût littéraire, à l'abri des modes et des faux-semblants, les 865 pages d'À défaut de génie 2000 resteront un chef-d'œuvre d'écriture autobiographique, procédant par subtils glissements d'un sujet ou d'un thème à un autre. L'analyse de soi chez Nourissier ne tourne jamais à la complaisance malsaine : qu'il s'agisse d'analyser l'effritement des couples Eau-de-Feu, 2008, de s'observer soi-même dans ses ridicules et ses tricheries intimes ou de faire l'expérience de la dépossession de soi Roman volé, 1996, toujours la confession reste en deçà de l'obscène pour dire loyalement au lecteur tout ce qu'il est en droit d'attendre des analyses d'un moraliste. L'exploration des ténèbres de la conscience se fait d'ailleurs, il faut le souligner, sans le recours à la psychanalyse, ce qui ajoute à la singularité de l'écrivain dans son époque. Éthique qui donne un sens aux événements d'une vie, la littérature est l'espace naturel dans lequel il se meut.

François Nourissier inverse le processus ordinaire du langage qui, le plus souvent, rapporte la réalité d'un déjà-là psychologique. Je marche au hasard dans ma vie. À cette phrase du Maître de maison 1968, il faudrait ajouter que les perpétuels déplacements de ce hasard sont guidés par un sens intuitif de la meilleure prose française. L'écrivain vit dans sa langue, sa personnalité s'y inscrit pour graver un style. Grand séducteur, Nourissier n'accepte à son tour de n'être durablement séduit que par les mots, qu'il traque à l'infini pour qu'ils lui révèlent quelque jour son visage à lui, sans espoir de le connaître jamais. Le retrait sceptique, le fort pessimisme, l'absence de contestation bruyante, les angoisses du qui suis-je ? et de la finitude sont portés par une écriture vive, pleine, inventive et drôle, sans concession d'aucune sorte. Ce qui fait de François Nourissier l'un des plus authentiques représentants de la tradition vivante d'un classicisme français.

Œuvre

1951 - L'Eau grise
1952 - La Vie parfaite
1955 - Lorca, dramaturge5
1956 - Les Orphelins d'Auteuil
1956 - Les Chiens à fouetter
1957 - Le Corps de Diane
1958 - Bleu comme la nuit
1964 - Un petit bourgeois
1965 - Une histoire française Grand prix du roman de l'Académie française
1968 - Le Maître de maison
1970 - La Crève prix Femina
1973 - Allemande
1975 - Lettre à mon chien
1978 - Le Musée de l'homme
1981 - L'Empire des nuages
1987 - En avant, calme et droit
1985 - La Fête des pères roman La Fête des pères
1990 - Bratislava
1992 - Le Gardien des Ruines
1996 - Roman volé
1997 - Le Bar de l'escadrille
2000 - À défaut de génie
2003 - Prince des berlingots
2005 - La Maison Mélancolie
2008 - Eau-de-feu
Autres
2000 : Albums de la Pléiade : album de la NRF, bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard.

Liens
http://youtu.be/5xT3vin5BwI La Java
http://youtu.be/EPpKApcmwUQ La polka
http://youtu.be/gAOC4R0gfKk Mort de François Nourissier
http://youtu.be/LBhLxzhwSJc
http://youtu.be/vAtbCLQpDag Roman volé


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Posté le : 18/05/2014 21:02

Edité par Loriane sur 19-05-2014 23:31:54
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Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
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Le 18 mai 1799, à 67 ans, à Paris meurt Pierre-Augustin Caron

de Beaumarchais
,

né le 24 janvier 1732 à Paris; homme d'affaires français, musicien, poète, philosophe du mouvement des lumières et dramaturge est surtout connu pour ses talents d'écrivain, romans, théatre, poésie ...
L’une des figures emblématiques du siècle des Lumières, il est considéré comme un précurseur de la Révolution française et de la liberté d'opinion ainsi résumée dans sa pièce Le Mariage de Figaro :


"Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur".

Sa vie

Pierre-Augustin Caron est né le 24 janvier 1732 à Paris, en France.
Fils d’horloger et frère de Vincent Caron, inventeur du mécanisme de l'échappement à hampe, qu'un horloger du Roi s'est attribué et que Beaumarchais confondra devant toute la Cour.
Caron est également l’inventeur d’un mécanisme de perfectionnement destiné aux pédales de harpes.
Il se marie une première fois le 27 novembre 1756 avec Madeleine-Catherine Aubertin, veuve Franquet.L'épousée est de dix ans son aînée mais possède des biens. Il se fait dès lors appeler de Beaumarchais, nom d’une terre qui appartient à son épouse et qui donne l'illusion de la noblesse.
Madeleine-Catherine meurt dès l'année suivante à 35 ans. Immédiatement, le jeune veuf - il a 25 ans - est soupçonné d'assassinat et se trouve confronté au premier de la longue suite de procès et de scandales qui marqueront son existence.

Ses travaux et ses rencontres

Nonobstant les ennuis de sa vie privée, il commence à être connu. Il se lie d’amitié avec le financier de la Cour, Joseph Pâris Duverney qui favorise son entrée dans le monde des finances et des affaires. Il se lance alors dans les spéculations commerciales et déploie un tel génie en ce genre qu’en peu d’années il acquiert une grande fortune et achète une charge de secrétaire du roi qui lui confère la noblesse.
En 1759, faveur insigne, il est nommé professeur de harpe de Mesdames, les quatre filles du roi Louis XV, qui résident à la cour.
Patronné par un prince du sang, Louis-François de Bourbon, prince de Conti, il devient bientôt lieutenant général des chasses et commence à écrire de petites parades pour des théâtres privés Les Bottes de sept lieues, Zirzabelle, Jean Bête à la foire qui jouent sur un comique de mots et de corps proche de la farce.
Menant un train de vie aisé mais toujours à la merci d'une disgrâce, il se remarie en 1768 avec madame de Sotenville, la très riche veuve du garde général des Menus-Plaisirs née Geneviève-Madeleine Wattebled. Celle-ci meurt dès 1770, à 39 ans, après seulement deux ans de mariage, lui laissant une importante fortune. Face à ce second veuvage précoce, Beaumarchais est accusé de détournement d’héritage.

Intrigues et procès

Les années 1770-1773 sont pour Beaumarchais des années de procès et de défaveur : outre ses démêlés avec le comte de la Blache, il est occupé par la succession testamentaire de Joseph Pâris Duverney qui va entraîner l’affaire Goëzman. Il y manifeste un art consommé des factums, allant jusqu’à renouveler le genre, mais il y perd sa fortune, ses alliés et ses droits civiques.
Cependant expert en intrigues et marchandages de toutes sortes, il est en mars 1774 une première fois envoyé à Londres pour négocier la suppression du libelle les Mémoires secrets d’une femme publique de Théveneau de Morande, dirigé contre la comtesse du Barry, favorite royale, mission où il espère regagner les faveurs de la Cour. Cependant, le roi meurt en mai suivant et la comtesse du Barry est bannie de la cour par Louis XVI.
Le 8 avril 1775, sous les conseils de Sartine, il est chargé par le nouveau souverain d’empêcher la publication d’un nouveau pamphlet, l’Avis à la branche espagnole sur ses droits à la couronne de France à défaut d’héritiers, d’un certain Angelucci, qui prétend que le roi a l’aiguillette nouée.
Cette mission, qui conduisit Beaumarchais en Angleterre, aux Pays-bas, dans les États allemands et en Autriche, où il fut pour un temps incarcéré pour motif d’espionnage, devient sous sa plume une aventure picaresque.
La même année, il est chargé à Londres de récupérer des documents secrets détenus par le chevalier d’Éon.

La guerre d’indépendance des États-Unis.

À partir du mois de juin 1777, il se lance dans une nouvelle aventure et il se fait l’avocat d’une intervention française dans la guerre d'indépendance des États-Unis. Il entame alors une correspondance enflammée avec le comte de Vergennes, où il défend la cause des Insurgents. Dès le mois de septembre 1775, Beaumarchais joue un rôle politique en tant qu’intermédiaire entre les Insurgents et la France, et il rencontre fréquemment Arthur Lee, député secret des Insurgents.
Le 10 juin 1777, le secrétaire d’État aux affaires étrangères lui confie une somme importante pour soutenir secrètement les Américains. Initié secrètement par Louis XVI et Vergennes, Beaumarchais reçoit l’autorisation de vendre poudre et munitions pour près d’un million de livres tournois sous le couvert de la compagnie portugaise Rodrigue Hortalez et Compagnie qu’il monte de toutes pièces. La société Rodrigue Hortalez et Cie, devait lui permettre, pensait-il, de s’enrichir en vendant armes et munitions et en envoyant une flotte privée pour soutenir les Insurgés.
Cette péripétie, alors que Beaumarchais s'implique dans les grandes spéculations boursières sous Louis XVI, est le sujet central du roman historique de Lion Feuchtwanger intitulé Beaumarchais, Benjamin Franklin et la naissance des États-Unis, paru en 1946. En fin de compte, bien qu'il ait reçu plus tard les félicitations publiques du Congrès, il engagea dans cette opération une grosse somme plus de cinq millions dont, après d'interminables débats, ses héritiers ne purent recouvrer qu'une faible part.
Il milite au sein de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, fondée en 1777 à son initiative, et obtient à la Révolution la reconnaissance des droits d'auteur. Ceux-ci sont automatiques à la création d’une œuvre. Ils garantissent à son auteur ses droits patrimoniaux et moraux.
Il se lance dans l'édition des Œuvres de Voltaire, et, après avoir acquis les caractères de Baskerville, loue pour vingt ans le fort à Kehl en décembre 1780.
En 1786, il épouse en troisièmes noces Marie-Thérèse Willermaulaz. Née en 1751, la nouvelle épousée, âgée de 35 ans, a dix-neuf ans de moins que son mari. Ils se sont rencontrés en 1774 et ont eu une fille, Amélie-Eugénie, en 1777. Marie-Thérèse lui survivra et mourra au début de la Restauration en 1816.
En 1788, après d’importants travaux de reconstruction inachevés, il vend à Aimé Jacquot et Jean Hérisé la papeterie de Plombières-les-Bains qu’il avait acquise en 17806.
En février 1789, il cède aux frères Claude Joseph et François Grégoire Léopold Desgranges les papeteries qu'il possède en Lorraine à Arches et Archettes.

La Révolution française

En 1790, il a 58 ans et se rallie à la Révolution française qui le nomme membre provisoire de la commune de Paris. Mais il quitte bientôt les affaires publiques pour se livrer à de nouvelles spéculations ; moins heureux cette fois, il se ruine presque en voulant fournir des armes aux troupes de la République.
Cependant son esprit brillant et frondeur ne convient pas à l'austère et vertueuse République. Il devient suspect sous la Convention et est emprisonné à l’Abbaye pendant la Terreur. Il échappe cependant à l’échafaud et se tient caché quelques années. Il s’exile à Hambourg puis revient en France en 1796.
Il écrit ses Mémoires, chef-d’œuvre de pamphlet, et meurt d’apoplexie à Paris le 18 mai 1799 à l'âge de 67 ans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise division 28 à Paris.

Sa descendance

De son union avec Marie Thérèse Willer-Lawlaz (1753-1816) qu’il épouse le 8 mars 1786, il eut une fille, Amélie-Eugénie de Beaumarchais (1777-1832).
Amélie-Eugénie épouse en 1796, André Toussaint Delarue (1768-1863), beau-frère du comte Mathieu Dumas dont elle aura trois enfants :
Palmyre (1797-1835) qui intente, en 1814, un procès afin d’obtenir le remboursement des sommes avancées par son père pour financer la livraison d’armes destinées à la Révolution américaine. Palmyre aura une descendance directe sous l’Empire et la Restauration via les familles Poncet, puis Roulleaux-Dugage ;
Charles-Édouard (1799-1878) qui deviendra général de brigade, épouse Marthe Paule Roederer dont il aura un fils, Raoul 1835-1900, qui sera colonel de cavalerie. Charles-Edouard Delarue obtiendra en 1835 800 000 dollars et la branche de la famille des deux petits-fils sera ensuite autorisée à relever le nom de Beaumarchais (décret impérial de 1853.
Alfred-Henri 1803-? qui travaillera dans l'administration des finances.
Jean-Pierre Delarüe Caron de Beaumarchais, coauteur du Dictionnaire des littératures de langue française, figure parmi les descendants.

Œuvres

Théâtre

Eugénie, drame en 5 actes en prose avec un essai sur le drame sérieux. Première représentation : 29 janvier 1767.
Les Deux Amis, ou le Négociant de Lyon, drame en 5 actes et en prose, Vve Duchesne, Paris, 1770. Première donnée à la Comédie-Française le 13 janvier 1770.
Tarare, mélodrame en 5 actes, P. de Lormel, Paris, 1787. Première donnée à l’Académie royale de musique le 8 juin 1787. Livret de Beaumarchais, musique de Salieri.
Trilogie de Figaro, ou Le Roman de la famille Almaviva, selon l’appellation donnée par Beaumarchais dans une préface de La Mère coupable :

Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile, comédie en 4 actes, Ruault, Paris, 1775. Première donnée à la Comédie-Française le 23 février 1775 et 2e représentation du Barbier de Séville en 4 actes le 25 février 1775.
La Folle journée, ou le Mariage de Figaro, comédie en 5 actes et en prose, Ruault, Paris, 1778. Première donnée à la Comédie-Française le 27 avril 1784.
L’Autre Tartuffe, ou la Mère coupable, drame moral en 5 actes, Silvestre, Paris, 1792, an II . Première donnée le 6 juin 1792.

Factums

Concernant l’affaire Goëzman : Le 17 juillet 1770, le financier Pâris-Duverney meurt et les dispositions qu’il a prises dans son testament en faveur de Beaumarchais sont contestées par le comte de La Blache, son légataire universel. Un procès s’ensuit et les biens de Beaumarchais sont finalement saisis lorsqu’en 1773 il publie à propos des agissements du rapporteur à son procès, le juge Goëzman, quatre mémoires dont l’esprit et la dialectique ont un retentissement considérable et font condamner le juge, le 26 février 1774. Michaud
Requête d’atténuation pour le sieur Caron de Beaumarchais, A Nosseigneurs de parlement, les chambres assemblées, Knapen, Paris, 1773
Supplément au mémoire à consulter pour Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, Quillau, Paris, 1773.
Addition au supplément du mémoire à consulter pour Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais ... servant de réponse à madame Goëzman ... au sieur Bertrand d’Airolles, ...aux sieur Marin, ... et Darnaud-Baculard ..., P.-D. Pierres, Paris, 1774.
Quatrième mémoire à consulter pour Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais... contre M. Goëzman, ... madame Goëzman et le sieur Bertrand, ... les sieurs Marin, ... Darnaud-Baculard ... et consorts ..., J.-G. Clousier, Paris, 1774.

Œuvres complètes

Œuvres complètes de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, publiées par P.-P. Gudin de La Brenellerie, L. Collin, Paris, 1809. 7 volumes in-8° avec gravures. I-II. Théâtre ; III-IX. Mémoires ; V. Époques ; VI-VII. Correspondance.
Le Tartare à la Légion, édition établie, présentée et annotée par Marc Cheynet de Beaupré, Le Castor Astral, Collection "Les Inattendus", 1998, 232 pp. (Cet ouvrage retrace les liens entre Beaumarchais et Joseph Pâris Duverney, détaillant les phases du procès qui opposa Beaumarchais au comte de La Blache, relatif à la succession du financier. Outre le texte annoté du dernier mémoire à consulter de l’affaire, il donne un éclairage intéressant sur les circonstances ayant présidé à la rédaction du Mariage de Figaro et du Barbier de Séville.

Opéra

Le Nozze di Figaro, Vienne, Burgtheater, 1er mai 1786, par Mozart, livret de Lorenzo da Ponte, d’après ud sur un livret de Madeleine Milhaud (1966).

Cinéma

Le Mariage de Figaro et Le Barbier de Séville ont fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques en plusieurs langues, pour la télévision essentiellement. Le personnage historique lui-même a été porté à l’écran, notamment dans les films suivants :

Beaumarchais ou 60 000 fusils de Marcel Bluwal - Téléfilm, 1966, France. Avec Bernard Noël dans le rôle de Beaumarchais.
Beaumarchais, l'insolent d’Édouard Molinaro - 1996, France, 96 minutes, Couleur. D’après une pièce de Sacha Guitry. Avec Fabrice Luchini dans le rôle de Beaumarchais.

L'apparition de Beaumarchais dans le théâtre et les lettres françaises de la fin du XVIIIe siècle relève de la magie. Il touche à tout, fait flèche de tout bois et apporte au théâtre le charme qui s'en est absenté après la mort de Marivaux. Ce séducteur écrit et agit dans un roman qui ne s'embarrasse que rarement du récit et de la rétrospection parce qu'il va son chemin sans s'arrêter longtemps. L'auteur et l'aventurier vont du même pas. Comme les « bâtards conquérants » des romans, Beaumarchais ne doit pas son succès à sa naissance mais à son talent et à sa propre énergie.

L'élégance roturière

Si Beaumarchais a peu de naissance, il n'en a pas moins une famille très présente et très aimée : Pierre-Augustin, fils de l'horloger Caron, qui doit le nom de Beaumarchais à une maison de sa première femme, et son anoblissement à l'argent, à la différence de tant de parvenus, revendique sa filiation roturière au même titre que sa noblesse, récente mais personnelle. Vif, ami des plaisirs et des femmes, il est aussi le bon fils des drames bourgeois, dévoué à sa famille et fort de son soutien, entouré par l'affection de ses cinq sœurs. Mais cette famille n'est pas fermée. La boutique de l'artisan est ouverte sur la ville. On y joue de la musique, on y lit des romans, on y parle d'abondance. Le travail d'horlogerie est créatif : Beaumarchais invente en juillet 1753 un nouveau système d'échappement pour le ressort des montres. Il doit défendre sa découverte contre un confrère de son père qui, abusant de sa confiance, s'en est attribué la paternité. Devant l'inertie judiciaire, il écrit au Mercure, en appelle à l'Académie des sciences et obtient gain de cause. Sa victoire lui permet d'être reçu par le roi et ses filles – à qui il donnera bientôt des leçons de musique – et d'être introduit à la cour. Il fait un premier mariage avantageux mais perd sa femme avant de pouvoir en hériter. Il se lie et s'associe avec le financier Pâris-Duverney, devient homme d'affaires, s'enrichit, et achète une charge qui l'anoblit. Il fréquente Le Normand d'Étioles, financier et mari de Mme de Pompadour ; pour divertir sa société, il écrit des Parades, courtes comédies à la mode, qui sont représentées sur la scène privée de son riche ami. Il part pour l'Espagne en 1764, où l'appellent des affaires de famille et d'argent : à Madrid, il s'emploie vainement à marier sa sœur Lisette avec son prétendu, Clavijo, qui se dérobait, et ne réussit pas plus dans les projets mirifiques qu'il agitait. Il racontera plus tard cet épisode qui devait inspirer Goethe, dans les Mémoires contre Goezman, avec un sens étonnant du drame et du roman. Pendant les années qui suivent son retour à Paris, il fait jouer un drame, Eugénie, à la Comédie-Française 1767 se remarie, puis perd sa femme en 1770 et, la même année, son ami Pâris-Duverney. Beaumarchais entre dans une période de grandes difficultés.

Sa réussite lui avait valu beaucoup d'ennemis, mais le procès qui l'oppose au comte de La Blache, l'héritier de Pâris-Duverney, va déboucher sur une véritable coalition d'obstacles placés sur son chemin. La mauvaise foi et la cupidité de son adversaire n'ont d'égales que celles du juge corrompu qui rapporte contre lui : le conseiller Goezman. Une méchante affaire de femme avec le duc de Chaulnes vient tout compliquer et le conduit en prison. Beaumarchais se débat et publie des Mémoires justificatifs où éclatent ses talents de rhéteur et son intelligence précise. Ce sont des textes travaillés à la manière de Voltaire, mais avec un humour et un sens de l'émotion qui n'appartiennent qu'à leur auteur et entraînent la conviction. Si, dans un premier temps, il n'obtient pas satisfaction devant le tribunal qui se contente de le blâmer à égalité avec son adversaire, il triomphe dans l'opinion publique. Il devient agent secret de Louis XV, puis de Louis XVI, en Angleterre et en Hollande, avec pour mission de faire disparaître des libelles injurieux contre la monarchie. Il convainc son maître de venir en aide aux insurgents d'Amérique et sert d'intermédiaire pour l'achat des armes nécessaires à cette guerre. L'intérêt personnel et l'attachement à une cause juste lui paraissent marcher de conserve.

Au milieu de toute cette agitation, Beaumarchais trouve le temps d'écrire un second drame, Les Deux Amis 1770 et une comédie, Le Barbier de Séville, qui est représentée pour la première fois le 23 février 1775. Il achève Le Mariage de Figaro en 1778. Il lance en 1780 le prospectus paraît en janvier 1781 le projet d'une grande édition complète des Œuvres de Voltaire et va le mener à bien : c'est l'édition de Kehl dont le dernier volume paraît en 1790. Il est, dès 1776, en conflit avec la Comédie-Française et réussit à regrouper les auteurs dramatiques pour faire valoir leurs droits ; il jette ainsi les bases d'une réglementation de la propriété littéraire qui sera fixée une première fois en 1780 par le Conseil d'État puis par l'Assemblée constituante en 1791. C'est que sa vie d'homme de lettres ne constitue pas pour lui une alternative à son engagement dans la vie sociale. Le choix du théâtre est, à cet égard, significatif : l'esprit de divertissement, poussé au XVIIIe siècle jusqu'à l'ivresse, coexiste avec un sérieux didactique et moral qui le lie délibérément à la société. La campagne d'opinion menée par Beaumarchais pour faire représenter Le Mariage de Figaro en dépit des censeurs fait apparaître cette profonde unité. La pièce est reçue, dans une première version, à la Comédie-Française dès septembre 1781. L'action avait pour cadre la France et les allusions aux abus du régime étaient directes. Le roi, alerté par la rumeur, se fait lire la pièce et est scandalisé par le persiflage de Beaumarchais. Celui-ci révise son œuvre et en transporte l'action en Espagne. Elle est lue partout, dans les cercles de la grande noblesse. Le comte d'Artois en fait préparer la représentation à la cour, mais le 13 juin 1783, au moment où le rideau va se lever, l'interdiction royale est signifiée. La campagne d'opinion cristallise alors une véritable fronde aristocratique. En septembre 1783, le Mariage est joué à Gennevilliers, chez le comte de Vaudreuil, devant le comte d'Artois et l'assistance la plus brillante ; le roi s'est tu. Le 27 avril 1784, c'est la première, dans la nouvelle salle de la Comédie-Française. Le tout-Paris s'écrase dans la salle qui vibre d'enthousiasme et fait un triomphe à la représentation qui sera suivie de cent autres entre 1784 et 1787. La distribution était la meilleure qu'on pût trouver, avec Dazincourt, Molé, Mlles Contat, Saint-Val et Olivier. Cette soirée éblouissante est sans aucun doute l'événement théâtral majeur du XVIIIe siècle, à la fois par sa signification esthétique et son importance politique. La bataille qui va se poursuivre dans la presse, avec ses surprises l'auteur est à nouveau momentanément incarcéré, prolonge le succès de la pièce. Dernière consécration : Le Barbier de Séville est repris à la cour, avec la reine dans le rôle de Rosine et le comte d'Artois dans celui de Figaro.

Mais, bientôt, l'auteur vient se jeter dans l'affaire Kornmann-Bergasse, dont l'épilogue judiciaire lui sera favorable alors que l'opinion se détachera de lui : Beaumarchais est enveloppé, piégé dans une guerre de pamphlets qui débute en 1787, et l'avocat Bergasse parvient à le faire passer, au début de la Révolution, pour l'incarnation même de la dépravation de l'Ancien Régime. Au reste, l'auteur, malgré quelques sympathies au début, ne se trouve pas en phase avec les événements. Il écrit, avec le musicien Salieri, un opéra, Tarare 1787, qui déconcerte mais connaît un vif succès et dont il modifiera certains éléments en fonction des changements politiques. Puis il donne une suite au Mariage, à La Mère coupable, achevant ainsi une véritable trilogie. Bergasse, sous le nom transparent de Bégearss, y fait figure du traître de mélodrame. Ce drame, après avoir connu un demi-échec en juin-juillet 1792 (du fait, probablement, des événements), réussit honorablement sous le Directoire. Beaumarchais entreprend une nouvelle opération politique et spéculative dans laquelle il va manquer de laisser la vie. L'Assemblée législative se prépare à la guerre et l'infatigable aventurier entreprend de fournir des armes à sa patrie : soixante mille fusils, déposés en Hollande, qu'il s'agit de faire entrer en France. Mais les affaires traînent et les événements vont vite. Il est accusé de cacher ces armes et, le 11 août, le peuple envahit la luxueuse maison qu'il s'était fait construire à côté de la Bastille. On ne trouve rien. Beaumarchais est incarcéré, libéré de justesse au milieu des massacres de septembre 1792 ; il ne renonce pas à défendre ses intérêts et, en pleine Terreur, quitte Londres où il s'était réfugié et vient à Paris où il publie un Mémoire justificatif. Sa tactique réussit : il se rétablit, quitte la France comme commissaire de la République mais se retrouve émigré. Il revient en 1796 et meurt le 17 mai 1799.

Une dramaturgie nouvelle

L'œuvre de Beaumarchais a traversé les siècles. L'œuvre, c'est-à-dire Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro ; mais des rééditions récentes des Mémoires contre Goezman et des Parades, tout comme les mises en scène de La Mère coupable et de Tarare incitent à moins de sévérité que n'en a témoigné la critique contre ces œuvres mineures. En 1990, on a pu voir représenter au cours de la même saison les trois pièces de la trilogie sur la scène du Théâtre-Français et on a joué Tarare à Strasbourg en 1991 ; cet heureux rapprochement rendait sensible la portée de l'étonnante révolution dramaturgique opérée par l'auteur, aussi bien dans la comédie que dans le drame et l'opéra. Cette dimension, essentielle pourtant, fut occultée par le scandale politique du Mariage, mais les contemporains, comme la comtesse d'Oberkirch, l'avaient perçue : ne s'étonnet-elle pas du succès d'une pièce si manifestement contre « les règles de l'art » ? Le dessein réformateur de Beaumarchais s'inscrit dans des réalisations de ton et d'intérêt variés, mais aussi dans des textes théoriques d'une grande clarté. Entre 1759 et 1767, il élabore sa théorie du théâtre sérieux et se réclame des innovations de Diderot ; Eugénie et l'Essai sur le genre dramatique sérieux préface à la seconde édition de ce drame en sont les fruits directs mais on en retrouve l'empreinte partout, dans la préface du Barbier de Séville La Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville et dans celle de Tarare (Aux abonnés de l'opéra qui voudraient aimer l'opéra, dans Le Mariage et dans La Mère coupable. Il s'agit de bousculer profondément le système des genres dramatiques français, fondé sur la distance tragique ou comique qui sépare le spectateur de la scène et sur le clivage des personnages nobles et bourgeois. Ce projet poétique repose sur une critique idéologique des formes du théâtre de cour. Beaumarchais choisit l'effet de proximité et de sympathie, visé dans le drame ou la tragédie domestique, et la complicité dans le comique. Le spectateur doit se retrouver dans le personnage parce que, comme lui, il est homme. C'est le « caractère », Figaro ou Tarare, qui compte plus que l' état, Beaumarchais proclame brillamment l'idéologie humaniste et morale des Lumières.

Ce qui distingue vraiment les genres, c'est ainsi leur effet : le sérieux ou la gaîté ; encore peuvent-ils se mêler, comme on le voit dans Le Mariage de Figaro mais aussi dans Eugénie et dans Les Deux Amis : on passe sans rupture de l'attendrissement au sourire. Le genre sérieux, tournant le dos à la tragédie héroïque, doit être écrit en prose : sa beauté doit naître du naturel, de l'« énergie » des situations, des caractères et des émotions. De même, l' opéra doit être débarrassé d'un trop-plein de musique qui l'éloigne de la nature : « une abondance vicieuse étouffe, éteint la vérité : l'oreille est rassasiée et le cœur reste vide Aux abonnés de l'opéra. Contre le formalisme poétique, Beaumarchais affirme avec force la prépondérance de la qualité dramatique, proprement théâtrale, du texte : la réévaluation récente de La Mère coupable et de Tarare est directement liée à la réussite scénique de ces textes, qu'encombrent pourtant une rhétorique d'époque ou des vers de mirliton. Tarare n'est pas seulement intéressant par la qualité dramatique assez rare en 1787 de son livret, mais aussi par l'équilibre obtenu entre drame et musique grâce à une collaboration étroite entre Beaumarchais et Salieri. Ce n'est certes pas non plus hasard si les pièces de Beaumarchais ont fourni des livrets d'opéra à Mozart et à Rossini, qui sont parmi les meilleurs on peut encore mentionner pour mémoire Darius Milhaud.

Mais ces réformes, dessinées dans la théorie et consciemment mises en œuvre dans les pièces, ne constituent qu'un élément plus immédiatement lisible d'une transformation profonde qui atteint l'ensemble de la structure dramatique. C'est une révolution théâtrale profonde, et si bien intégrée qu'elle est à présent à peine perçue A. Ubersfeld. Beaumarchais tire les leçons de l'évolution de la scène en France et des possiblités décoratives nouvelles qui permettent d'absorber la scène dans le décor, donc dans la fiction. L'espace de la scène devient tout entier mimétique ; il se prolonge fictivement et continûment au-delà de la toile de fond ou des coulisses. Dans Le Barbier de Séville, on est tantôt dans la rue sous la jalousie de Rosine, tantôt de l'autre côté, à l'intérieur de la maison. La scène n'est qu'un fragment prélevé sur l'espace fictif : la plupart des scènes essentielles du Mariage impliquent ce réalisme visuel. Le théâtre doit rivaliser avec la peinture et bien des scènes sont conçues comme des tableaux de genre. Il ne s'agit pas au reste d'un détail formel, car le conflit dramatique est formulé en termes spatiaux : effraction de la maison du bourgeois Bartholo par le noble comte Almaviva (Le Barbier), menaces sur la chambre domestique, arpentée et mesurée par Figaro, pénétrations de l'espace des femmes par Chérubin ou par le comte (Le Mariage). Le temps dramatique est, lui aussi, l'objet d'un travail de ce genre. Il s'agit de dénier la clôture du temps dramatique. De là les « jeux d'entracte » dans Eugénie, mais surtout l'extension de la trilogie selon un modèle d'illusion temporelle semblable à celui qu'on rencontre dans le roman. Du coup, le travail du temps sur le monde et sur les héros est rendu sensible : on passe de Séville, la ville des chansons et de la jeunesse, au château de la maturité, puis au Paris de la Révolution et aux tristesses du second versant de la vie. En 1990, à la Comédie-Française Jean-Pierre Vincent achevait La Mère coupable par un tableau qui regroupait tous les personnages de la famille, s'endormant au son de la bourgeoise pendule. Le temps intérieur et le temps de l'histoire agissent sur la scène. Beaumarchais « invente » la scène de Hugo, de Dumas, père et fils, et de Tchekhov. C'est enfin, comme l'a noté Anne Ubersfeld, la conception de l' action qui constitue le troisième axe de cette révolution. Dès Eugénie, mais de façon tout à fait nette dans Le Mariage, l'action n'est pas dirigée par le héros. Tout semble se faire en dépit de Figaro. Seules triomphent les forces du hasard, qui ne sont providentielles que parce qu'on se trouve dans un monde comique. Là encore, Beaumarchais est un précurseur de Hugo et de la comédie d'intrigue de Labiche ou de Feydeau.

La dernière fête : ambiguïtés et audaces

L'audace politique de la trilogie de Figaro, et surtout celle du Mariage, n'a pas frappé que les contemporains, Danton disait qu'il avait tué la noblesse. C'est la valeur subversive de cette pièce qui l'a portée, contre toutes les hypocrisies de l'ordre politique et moral, à travers le XIXe siècle. Elle tient à l'étincelante fête de mots décochés contre l'ordre privilégié et contre les abus de l'Ancien Régime dont Beaumarchais avait tant souffert. Ce verbe d'enfer s'est affûté dans la rédaction des Mémoires contre Goezman qui constituent l'un des plus brillants textes pamphlétaires du siècle : l'étude attentive des différentes phases de leur rédaction, tout comme celle des brouillons et versions successives du Barbier et du Mariage, fait apparaître le travail minutieux de Beaumarchais pour rendre le mot incisif ou percutant. Mais l'insolence du plébéien, paradoxalement, s'intègre merveilleusement dans l'art de la conversation des salons de l'Ancien Régime. L'esprit y est plus à l'aise que dans la rhétorique sentencieuse de ceux qui feront la Révolution et qui considèrent la comédie elle-même comme une inconvenance monarchiste : c'est là une autre raison de l'éclipse de Beaumarchais après 1789.

Tout aussi ambiguë est l'audace idéologique et structurelle de la trilogie. Le Barbier de Séville est construit sur le modèle de certaines des parades auxquelles l'auteur s'était essayé de si bonne humeur. Ces pièces en un acte mettent en œuvre un canevas conventionnel, adapté de la commedia dell'arte : Léandre, aidé par Arlequin, recherche une Isabelle peu farouche et s'oppose ainsi aux desseins du barbon, Cassandre. Zizabelle mannequin, Jean-Bête à la foire ou Léandre marchand d'agnus sont des variations sur ce schéma. Le Barbier l'enrichit. La jeunesse triomphe de cette comédie d'intrigue au rythme stupéfiant c'est l'effet, entre autres choses, de la « contraction » de la pièce en quatre actes, mais aussi le grand seigneur, libertin quoique amoureux. Dans Le Mariage, le modèle se transforme, le valet Figaro n'est plus au service des desseins de son maître, il s'oppose à lui et tente de mener une action qui assure la réalisation de ses ambitions et de ses désirs propres : c'est déjà Ruy Blas. Le plébéien s'oppose ainsi à la pratique du droit du seigneur qui livrerait au comte Almaviva sa propre fiancée, Suzanne, et rameute autour de lui une véritable troupe populaire. Mais la jacquerie tourne à la fête réconciliatrice autour de l'union conjugale, celle du comte et de la comtesse, celle de Bartholo et de Marceline, celle de Figaro et de Suzanne. Les déguisements de la parade, le feu d'artifice, les fêtes traditionnelles font oublier les menaces et les insolences de Figaro ou de Chérubin. Ainsi tout finit par des chansons : Le Mariage de Figaro est la dernière fête de l'Ancien Régime, sa dernière utopie. Quant au dernier drame de Beaumarchais, il porte partout la trace de la politique, mais d'une politique qui se fait ailleurs et dont le foyer n'est nullement le discours dramatique ; la présence du buste de Washington, l'engagement de Léon au club, le renoncement aux marques extérieures de noblesse révèlent l'inscription de la pièce dans l'histoire.

Ce n'est pas non plus le moindre paradoxe de voir monter dans la trilogie le thème de la famille comme valeur et refuge, thème présent dès les deux drames de 1767 et 1770, en même temps que le travaillent ceux du désir, de l'adultère, de l'inceste et de la perversion. À cet égard, La Mère coupable révèle étonnamment les pulsions qui étaient à l'œuvre dans Le Mariage. Le jeune Chérubin, ce morveux sans conséquence, qui s'introduit si facilement chez les femmes du château et surtout chez sa belle marraine, ce joli valet de cœur n'en est pas moins promis à la mort par la jalousie du roi, et l'on apprend qu'il a violé la comtesse. Le désir, comme le ruban taché de sang, ne circule pas impunément. L'ombre de l'inceste plane sur les amours de Léon et de Florestine. Le double adultère de La Mère coupable appartient à la thématique du drame moderne. Beaumarchais lève un tabou de la scène d'Ancien Régime on n'y évoquait que des mariages secrets et annonce un topos du théâtre bourgeois des siècles suivants. Il inscrit aussi cet événement historique majeur qu'est l'instauration du divorce par la Révolution. Par une série d'opérations magiques, l'intrigue de la pièce débouche sur une réconciliation générale autour d'une famille reconstituée, et Figaro peut conclure par cette sentence : On gagne assez dans les familles quand on en expulse un méchant. Mais cette expulsion ne clôt pas l'imaginaire. Le traître satanique ainsi est-il désigné par Figaro part en proférant des menaces qui restent dangereuses. Le drame de famille naît de tous les secrets enfouis, chuchotés ou surpris, sans lesquels il n'est pas de famille. C'est cette structure détraquée qui donne au drame son actualité.

Beaumarchais, grâce à l'épaisseur d'histoire individuelle dont il les dote, fait de ses personnages de véritables sujets. Recentrant Le Barbier de Séville autour de Bartholo, admirablement interprété par Roland Bertin, la mise en scène de Jean-Luc Boutté à la Comédie-Française en 1990 montrait à nu la mutation du statut du personnage conventionnel du barbon ou du docteur de la commedia dell'arte. Bartholo aime, mais il est vieux et laid, or sa jalousie lui confère une rare profondeur de souffrance et d'intelligence. Quand Beaumarchais se saisit de l'emploi du valet de comédie, il le traite tantôt en usant des ressources de la tradition (l'Éveillé et la jeunesse du Barbier, Guillaume de La Mère coupable), tantôt en le transformant totalement. Figaro (dont la personnalité s'esquisse avec Drink dans Eugénie) est un sujet avec son histoire, ses contradictions, avec sa conscience réfléchissante, en un mot avec son moi. Il peut s'interroger dans son monologue célèbre. Il est d'ailleurs plus qu'un personnage, il est encore le spectateur de son histoire et surplombe la comédie comme le spectateur lui-même, avec lequel il est en profonde sympathie. Et dans ce moi, comme dans le théâtre romantique, nous sentons, nous cherchons l'auteur et sa subjectivité. Son amour des femmes est présent dans chaque scène. C'est ce qu'a vu Mozart, qui a écrit les Nozze autour du sublime trio vocal de la comtesse, de Suzanne et de Chérubin. En elles est le secret du charme et de l'énergie de Figaro. En elles toutes les nuances de la vertu, de l'audace, de l'amour conjugal, mais aussi la fragilité, le désir et ses abandons. Beaumarchais, touché par la grâce, réussit l'alliance du libertinage et de la tendresse.

Si Le Mariage de Figaro est la plus indiscutablement réussie des comédies. c'est que Beaumarchais nous entraîne dans un rythme admirable, parce qu'il est celui de la vie et du désir. Même lorsqu'on sent l'amertume dans le monologue de Figaro, on la devine passagère : l'insolence tourne à la fête et non pas au ressentiment. Quand on sent cette gaîté s'estomper, ce tempo se casser, le charme s'évanouit : c'est le temps du dernier drame et de la Révolution. Beaumarchais est en vérité l'homme de deux siècles : c'est qu'il est tout à fait libre. Il est libre des traditions, dont il sait pourtant retenir les ressources, libre dans l'idéologie même des Lumières, à laquelle il est attaché, libre dans sa parole et dans ses sentiments. Cette liberté est le secret de sa jeunesse.


Liens
http://youtu.be/GcDkVOiX0qA Beaumarchais l'insolent
http://youtu.be/HkZhW3HO5J4 Le mariage de Figaro
http://youtu.be/RNyHUpoC-u0 Le Barbier de Séville
http://youtu.be/FaVR-Lyue_s Lettre à une amoureuse de Beaumarchais
http://youtu.be/OJb_vHfVSn4 Ouverture du barbier de Séville par les 4 barbus

[img width=600]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/56/Jean-Marc_Nattier,_Portrait_de_Pierre-Augustin_Caron_de_Beaumarchais_(1755).jpg[/img]

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Posté le : 18/05/2014 21:05

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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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