| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Défi du 18 janvier 2015 en hommage à Bacchus [Les Forums - Défis et concours]

Parcourir ce sujet :   1 Utilisateur(s) anonymes



(1) 2 »


Défi du 18 janvier 2015 en hommage à Bacchus
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35015
Hors Ligne
Bonjour à tous,

Cette semaine, s'est envolé pour d'autres cieux notre ami, notre papy, notre poète au grand coeur, Bacchus. Ses textes, ses commentaires bienveillants, sa plume inspirée resteront à jamais gravés dans nos coeur et sur l'orée.

Je veux lui rendre hommage en vous proposant un défi où je vous demande d'intégrer des éléments qui caractérisaient notre ami : la Corse, le bon vin, la bonne chaire, l'humour et la gentillesse.

À vos plumes mes amis. Bacchus nous regarde de son nuage.

Bises à tous.

Couscous

Posté le : 17/01/2015 07:35

Edité par couscous sur 18-01-2015 07:59:33
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 18 janvier 2015 en hommage
Plume d'Or
Inscrit:
14/03/2014 18:40
De Paris
Messages: 1111
Niveau : 29; EXP : 25
HP : 0 / 706
MP : 370 / 20901
Hors Ligne
Un taxi corse


L’avion se posa tranquillement sur l’aéroport d’Ajaccio. La responsable de cabine en profita pour prodiguer les derniers conseils aux passagers avant de les laisser s’engouffrer dans le tunnel de sortie.

Don héla un taxi en sifflant bruyamment avec ses doigts. Il se croyait encore sur le boulevard Barbès où le système D avait force de loi. La réalité corse le ramena rapidement sur terre. Il dut se ranger dans la file d’attente, comme le péquin moyen, sous le regard amusé des autres clients qui avaient assisté, hilares, à son ménage.

Trente minutes plus tard, un temps géologique pour les hommes pressés, Don se retrouva assis dans une vieille berline de marque française. Le conducteur, apparemment un sexagénaire, tenait du chanteur d’opéra italien avec sa voix de stentor, sa haute stature, son ventre de gastronome et sa barbe de patriarche.
— Alors, où souhaitez-vous aller, monsieur ?
— Au gite Badalamenti. Vous connaissez ?
— Oui. C’est à trente kilomètres d’ici, sur les hauteurs. Un endroit retiré.
— Comment ça ? Il n’y a rien, pas une ville ou quelque chose s’en approchant ?
— A part l’hôtel, c’est désert. Cet endroit est fréquenté par les écrivains en mal de solitude, les poètes maudits, les cinéastes sur le retour et les maffieux en cavale.
— Vous êtes sérieux ?
— J’ai l’air de plaisanter ?
— Je ne sais pas. Je ne vous connais pas. Au premier abord, je dirais que vous vous foutez de ma gueule, un genre de bizutage pour les touristes parisiens.
— C’est léger. J’ai essayé de pimenter votre début de séjour d’une touche de mystère propre à l’âme corse et aux légendes insulaires.

Le détective privé soupira. Il sentait en son chauffeur un comique né, un afficionado de la grosse rigolade et du canular pour gogos, ce qui ne le gênait aucunement. « Au moins, je vais me marrer pendant le voyage. » se surprit-il à penser.
— Dites donc, vous m’avez l’air d’un sacré rigolo. Vous avez peaufiné ce sketch pour tous vos clients ?
— Non, je suis d’un naturel joyeux voire un peu taquin, je l’avoue. J’improvise selon mon humeur. Vous m’avez bien fait rire tout à l’heure avec votre numéro de siffleur.
— Que voulez-vous, on ne change pas des années d’éducation lutécienne. J’ai toujours un temps d’adaptation quand je sors de Paris. C’est encore plus flagrant en dehors de la région francilienne. A vrai dire, la province m’est plus exotique que les pays étrangers.
— Vous avez déjà vécu hors de France ?
— Oui, à Los-Angeles en Californie, chez ces fondus du bulbe d’Américains. Une expérience intéressante pour qui aime les armes en vente libre, le relooking extrême et les clones de Jane Fonda.
— Vous faisiez quoi là-bas ?
— La même chose qu’à Paris. Détective privé. A traquer les épouses infidèles, les adolescents fugueurs et les associés partis avec la caisse. Rien de bien fabuleux.
— Pourquoi êtes vous revenu en France ?
— Ma partenaire, un petit bout de femme énergique venue de Belgique, a fait fortune dans la littérature de science-fiction. Elle a revendu ses parts pour se consacrer entièrement à son art. Du coup, je me suis senti bien seul dans la Cité des Anges et j’ai eu le blues. Plus rien n’était comme avant. Un retour aux sources m’a semblé la solution à mon spleen naissant. J’ai monté une agence à Paris.
— Et ça marche ?
— Du feu de Dieu. Il faut dire que mon assistante, une beauté russe du nom d’Irina, m’a grandement aidé même si je ne lui dis pas tous les jours. D’ailleurs, c’est elle qui m’a incité à venir ici, pour un congrès de la profession où je suis supposé rencontrer le gratin des investigateurs privés, à jouer au Cluedo et à phosphorer sur des cas d’école.
— Vous avez l’air emballé !

Don sourit à cette affirmation. Son interlocuteur l’avait percé à jour. Travailler sur des enquêtes fictives avec des pépères endimanchés, des Philip Marlowe du dimanche et des Miss Marple en fin de course, ne l’enthousiasmait pas vraiment. Il préférait de loin sa vision idyllique de l’Ile de Beauté, à boire des cocktails sucrés avec de sulfureuses naïades, à leur servir son boniment mâtiné d’entorses à la vérité, avec la promesse d’une nuit torride à la clé.
— Je suis plus un épicurien qu’un penseur.
— Et si vous preniez la tangente ?
— Irina me tuerait si elle l’apprenait.
— Elle est si terrible ?
— A côté d’elle, une walkyrie ressemblerait à une première communiante, Xéna la Guerrière serait plus inoffensive que Barbie.
— Vous pouvez lui monter un bateau. Ici, c’est le sport national.
— Irina, c’est un service de renseignements à elle seule. Si ça se trouve, elle a envoyé un drone pour me surveiller, un chaperon électronique dans le but de s’assurer que je respecte à la lettre le programme du séminaire.
— Faites le mur.
— Pour aller où ? Vous m’avez dit que le gite Badalamenti tenait plus du monastère que de l’open bar.
— C’est un détail. Pour nous, les insulaires, rien n’est plus facile que de déjouer les surveillances policières, même sophistiquées.
— Vous êtes quoi au juste ? Un bandit des montagnes déguisé en taxi ?
— Non, juste un amateur de bon vin, de bonne chaire et de grosses crises de rire.
— C’est vendeur. Moi, mon truc c’est plus les petites pépées pas trop farouches mais je ne crache pas sur un repas bien arrosé à se fendre la poire avec des gars pas trop coincés du cul.
— On devrait s’entendre alors.

Don laissa ses cellules grises entamer une controverse. D’un côté, les petits neurones rouges argumentèrent sur le bien-fondé d’un peu de folie dans une existence trop formatée. De l’autre côté, les parangons de la raison pure, les fanatiques de la sagesse érigée en religion, invoquèrent le serment fait à Irina, les résolutions de début d’année et tout un tas de prétextes politiquement corrects mais ennuyeux à mourir. Les rouges jouèrent du trident, soufflant le feu de la jouissance et des plaisirs terrestres, au grand désarroi des gris plus enclins à réciter des psaumes, à chanter des cantiques et à étayer leur démonstration de principes dépassés depuis qu’Adam avait baratiné Eve dans un jardin public. Au final, les rouges embrochèrent les gris sans autre forme de procès.
— Je vous suis. Racontez-moi une belle histoire, avec de splendides serveuses, des chopes de nectar et des assiettes de victuailles.
— Laissez votre imagination voler au dessus de la triste réalité du moment. Je me charge du reste.
— Vous allez ouvrir la boite de Pandore. Je ne fais pas les choses à moitié, encore moins quand il s’agit de contourner les règles.
— Lâchez-vous !

Don ne se fit pas prier. Son nouvel ami, prénommé Jean-Charles, organisa la fête et mit en œuvre le concerto pour pipeau et orchestre à destination du cerbère Irina. Le soir même, après un détour par le gite, le détective privé se rendit dans un village de montagne où l’attendaient les rois du contournement, les spécialistes de l’approche en zigzag, ses nouveaux potes de tablée.
Rapidement mis dans le bain des coutumes locales et des bourdes à ne pas sortir devant une assemblée de fiers Corses, Don s’acclimata en un temps record.
— Alors, Don, on n’est pas mieux ici avec Jean-Charles ?
— Tu m’étonnes !
— Que penses-tu du vin et de la cuisine ? Un régal, n’est-ce pas ?
— Je ne sais pas si je vais m’en remettre.
— Tu ne connaitras rien d’égal nulle part ailleurs dans le monde. Encore moins à Paris.
— Il ne manque plus qu’une jolie poulette à se mettre sous la dent et je prends le maquis. Illico.
— Si tu n’enfreins aucune des règles que je t’ai expliquées à l’apéritif, tu devrais terminer en fanfare avec Caterina, la serveuse en chef. Elle t’a à la bonne depuis ton arrivée. Son frère est un de mes amis. Il ne te mettra pas un coup de douze si tu restes correct dans les formes. Par contre, après ça tu seras bon pour rester avec nous quelques années, histoire de ne pas déroger au code d’honneur.
— Vive Caterina, vive la Corse, vive son frère et adieu Paname !

La suite donna raison à Jean-Charles. Don se convertit sans tambours ni trompettes, épousa Caterina dans l’année et monta une lucrative affaire immobilière avec son nouveau beau-frère.
Irina tenta en vain de le retrouver, cassant ici et là quelques têtes d’autonomistes, fracturant des genoux indépendantistes, soudoyant les gendarmes locaux sans obtenir d’autre résultat que fausses pistes et balivernes en tous genres. Elle abandonna la partie après six mois de recherches, sous le conseil d’un ami des renseignements généraux un tantinet inquiet de la tournure des évènements.

Posté le : 17/01/2015 13:19
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 18 janvier 2015 en hommage
Administrateur
Inscrit:
30/05/2013 12:47
Messages: 1622
Niveau : 34; EXP : 7
HP : 0 / 826
MP : 540 / 26382
Hors Ligne
‘’Quand la traite faucheuse, me coupera l’envie,
De rester sur l’ORée, lire la poésie,
De Bacchus, Donaldo, Exem , et leurs consorts
Ayant lu leurs écrits, j’accepterai mon sort’’.


Ainsi, je m’exprimais dans un curieux poème,
Evoquant la camarde, il y a quelques semaines,
Mais par gout du défi, toi le Corse frondeur
Tu m’as pris de vitesse, partant bien avant l’heure.

Une question, depuis, taraude mes pensées
De nature essentielle, primordiale et sensée :
Bacchus à tu songé, à prendre une chopine
De vin, car saches le, même les Dieux tétinent

Du Paga Debiti, Malvoisie ou d’épine
De ce sang de la vigne, qui flatte nos narines,
Avant de procurer, aux nobles épicuriens
Que nous sommes, l’envie, le gout d’un ‘’j’y reviens’’

Quand tu verras celui que l’on dit créateur,
Passer sur son nuage, et en apesanteur,
Passe lui ce message : ‘’à l'ORée on t’en veux
De voir partir Bacchus, nul n’en à fait le vœu’’

Lui qui parle d’amour, et d’aimer son prochain,
Fais lui lire tes écrits, il me semble opportun
Qu’il parcoure la prose, d’un vrai gentil, d’un sage
Il serait temps pour lui d’amender son image.

Sans vouloir abuser de ton temps éternel,
Bacchus, vois ce prophète, fais lui part des nouvelles,
Qu’il sache qu’en son nom quelques fous de lui même
Pour un dessin, massacrent, en criant au blasphème.

Toi qui faisais rimer amour avec humour,
Avançant qu’un bon rire valait bien des discours,
Livre-lui ce bon mot de Georges Wolinski :
‘’La vie sans humour est un glaçon sans whisky’’

Bacchus, tu sais combien, j’adore la bombance,
Mais sachant que là haut t’auras pas la dispense
De venir partager l’andouillette, si tu vois
De ton nuage, un gars faire l’andouille, c’est moi !!

Mais si l’envie te prend par une nuit sans lune
De venir nous saluer, j’ai encore quelques une
De ces bonnes bouteilles, en cave de Montlouis
Qu’ensemble, on devait boire, on se l’était promis………..



Posté le : 17/01/2015 13:24
_________________

Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 18 janvier 2015 en hommage
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35015
Hors Ligne
Donald,

En voilà une belle reconversion pour un détective priv, délaissé par une belge ! Croiser la route de Jean-Charles a été la plus belle opportunité de sa vie. On reconnaît bien là la malice et le grand coeur de notre Bacchus, toujours prêt à dispenser de bons conseils.

Un grand merci !

Couscous

Posté le : 17/01/2015 17:54
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 18 janvier 2015 en hommage
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35015
Hors Ligne
Cher Kjtiti,

Vous étiez de grands complices et vos joutes poétiques étaient un pur régal. Votre amitié restera éternelle.

Merci pour ce magnifique hommage.

Couscous

Posté le : 17/01/2015 17:57
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 18 janvier 2015 en hommage
Administrateur
Inscrit:
30/05/2013 12:47
Messages: 1622
Niveau : 34; EXP : 7
HP : 0 / 826
MP : 540 / 26382
Hors Ligne
Il a un gout salé, cet Aleatico,
Ce vin de haute corse ou de Patrimonio ,
Cette sapidité, que nous offrent les larmes
Versées, lorsqu’un ami a dû rendre les armes.

Oh, Île de beauté, quand je boirais ton vin,
Mes yeux, vers les nuages, ignorant le divin,
Seront tournés et lors, en levant haut mon verre,
Je trinquerai à lui, mon ami, mon compère.

Puis pointant mon oreille j’entendrais dans le vent,
Comme un fredonnement, et le doux son d’un chant,
Sans doute Corsica de Petru Guelfucci.
Qui sera son message pour me dire : merci.

Alors, dans mon sommeil, je relirai sa prose,
Marquée de ses humeurs, aux fragrances de rose,
Me laissant au matin, orphelin de sa plume,
Mais refusant l'idée,qu'elle puisse être posthume........!!!

Posté le : 17/01/2015 18:47

Edité par kjtiti sur 18-01-2015 06:07:41
Edité par kjtiti sur 18-01-2015 06:19:47
_________________

Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 18 janvier 2015 en hommage à Bacchus
Modérateur
Inscrit:
21/03/2013 20:08
De Belgique
Messages: 3218
Niveau : 44; EXP : 15
HP : 215 / 1078
MP : 1072 / 35015
Hors Ligne
Papy corse

À l’occasion d’un de mes rares voyages, je me suis un jour posée sur l’île de beauté avec ma tente et mon sac à dos. Pas loin de mon lieu de villégiature se trouvait une petite crique avec une plage de sable fin que venait doucement lécher la méditerranée. À chaque baignade, je m’émerveillais de la clarté des flots, loin de la couleur verdâtre de ceux de la mer du Nord que j’avais toujours connus.
Lors de mes régulières séances de bronzage, je remarquai la présence d’un grand-père, allongé sur sa chaise longue, occupé à surveiller d’un œil son petit-fils occupé à barboter, et de l’autre, les touristes de la plage. Il était toujours muni d’un petit cahier vert à spirales et d’un crayon gris. Je le voyais parfois se mettre à écrire, tout en riant dans sa moustache fournie.
Pendant mes courses à l’unique supermarché du coin, je revis le papy occupé à discuter avec le jeune garçon qui faisait goûter des cubes de fromage. Après avoir traversé quelques rayons, je repassai devant le stand de dégustation et découvris que ce dernier avait été pris d’assaut par une dizaine de personnes, toutes discutant âprement les unes avec les autres. L’homme à la moustache m’interpella :
« Mademoiselle, venez goûter ce fromage, je vous prie. Et dites-moi s’il a un petit goût de bière. »
Intriguée, je m’approchai et goûtai un petit cube à la couleur orangée, planté sur un cure-dents.
« Non, je ne pense pas que la croûte de ce fromage ait été lavée à la bière.
– Moi je suis persuadé du contraire, comme quatre autres personnes ici. Vous savez, cela se fait souvent en Belgique.
– Oui, je sais. Je suis belge.
– Comme je suis content de voir une petite nordiste ici. Ça doit vous changer de voir un peu de soleil ! Et le Manneken pisse toujours ?
– Bien sûr !
– Il a dû en boire des bières ! À son âge, ce n’est pas raisonnable.»
Je partis dans un fou rire. Il commença alors à me parler de ses voyages en Belgique et me confia qu’il appréciait particulièrement la simplicité, l’humour et la convivialité de mes compatriotes. C’est ainsi qu’il finit par m’inviter à souper chez lui, en famille.
Le soir, je me retrouvai attablée devant un superbe couscous et un verre de bon vin local. Je fis connaissance avec son épouse, ses enfants et petits-enfants. Assis en bout de table, mon hôte, prénommé Claude, était un véritable patriarche, attentif et attentionné envers chacun de ses petites et petits.
Claude m’expliqua qu’il aimait se poser en observateur et croquer en rimes tout ce qui attirait son attention. Je pus lire quelques unes de ses productions à l’humour piquant, mais toujours bienveillant. Il avoua être adepte d’une forme d’ « happening », c’est-à-dire créer une situation, un débat générant une communication entre des personnes qui ne seraient pas entrées en relation sans cela. Ainsi, c’est lui qui avait lancé la discussion sur le fromage à la bière ou pas.
Je retournais le lendemain vers ma Belgique natale et nous échangeâmes nos numéros de téléphone. Depuis lors, je ne manque jamais de prendre des nouvelles de mon ami du Sud devenu mon petit papy corse.

Petite sélection de textes de Bacchus :

http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=4244

http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=3950

http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=3398

http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=3109

http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=2670

http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=2574

http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=2554

http://www.loree-des-reves.com/module ... /article.php?storyid=2206

Posté le : 18/01/2015 19:59
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 18 janvier 2015 en hommage à Bacchus
Administrateur
Inscrit:
30/05/2013 12:47
Messages: 1622
Niveau : 34; EXP : 7
HP : 0 / 826
MP : 540 / 26382
Hors Ligne
merci couscous,pour ce récit, qui colle si bien au personnage de notre papy corse, avenant.

C'est curieux, sans avoir pu le rencontrer alors que c'était un de nos projets pour cette année 2015, j'ai l'impression de l'avoir connu encore plus intimement que certains de mes amis Tourangeaux !!

La force de l'écrit sans aucun doute.

De fait, chère couscous, il nous faut, pour continuer de le compter présent, faire en sorte que ce (ton) défi soit encore plus vivant qu'il ne l'était, lui qui ne manquait pas d'y ajouter sa plume acérée..

merci encore pour cet émouvant partage

Posté le : 20/01/2015 10:23
_________________

Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 18 janvier 2015 en hommage à Bacchus
Plume d'Or
Inscrit:
14/03/2014 18:40
De Paris
Messages: 1111
Niveau : 29; EXP : 25
HP : 0 / 706
MP : 370 / 20901
Hors Ligne
Je ne connaissais pas Bacchus autrement que par ses textes et par ses commentaires mais c'est comme cela que je l'imaginais. Merci Couscous d'avoir un peu levé le voile.
Donald
PS: kjtiti, je suis d'accord avec toi, par nos textes nous contribuons un peu à son souvenir. Je vais d'ailleurs en publier un second qui, j'espère, l'aurait bien fait rire.

Posté le : 22/01/2015 11:58
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer


Re: Défi du 18 janvier 2015 en hommage à Bacchus
Plume d'Or
Inscrit:
14/03/2014 18:40
De Paris
Messages: 1111
Niveau : 29; EXP : 25
HP : 0 / 706
MP : 370 / 20901
Hors Ligne
Type IV


Des naïades brunes nageaient avec des dauphins dans une mer de fleurs, au son majestueux des concertos d’Heitor Villa-Lobos. Robert se sentait bien dans cet univers de volupté. La dure réalité le ramena sur Terre. Son téléphone sonna. Il sortit tant bien que mal de son rêve pour décrocher l’insistant combiné.
— Robert Wilkinson, dit-il d’une voix pâteuse. Qui me demande ?
— Le Président des Etats-Unis en personne, répondit une voix autoritaire avec un accent redneck prononcé, signe de la longue dynastie des Bush.

« Merde, jamais je n’aurais cru que ce bouseux m’appellerait un jour. Il doit vraiment se trouver dans la panade. » pensa Robert. En effet, ancien agent d’élite de l’administration Obama puis Clinton, Robert Wilkinson, plus connu sous le nom de Magic Bob, ne pouvait pas sentir les Républicains qu’il comparait souvent à des Néanderthaliens dotés de l’arme nucléaire. Depuis l’élection d’un énième Bush à la présidence des Etats-Unis, Magic Bob avait disparu des écrans radars, préférant prendre une retraite anticipée à Hawaï. Il en avait soupé de l’Oncle Sam, des agences gouvernementales et du discours maintes fois entendu autour des valeurs universelles de la Grande Amérique. Désormais, il se consacrait à l’observation des étoiles, au lever de coude et aux vahinés locales. C’était moins con que de jouer au golf. En plus, il conservait une bonne forme physique au lieu de devenir un de ces gras du bide perclus de cholestérol comme il en trainait tant à Washington.

Magic Bob mit fin à son introspection.
— Que puis-je pour vous, Monsieur ?
— Magic Bob, l’Amérique a besoin de vous. Le Monde Libre en dépend.
— Pouvez-vous m’en dire un peu plus ?
— Je vais laisser le Secrétaire d’Etat vous briefer. La géopolitique et moi ça fait deux.

« Quand je pense que cet abruti peut appuyer sur le bouton rouge. » soupira Magic Bob. A l’instar de dix milliards de Terriens, il croisait les doigts pour que le cow-boy ne balance pas une salve de missiles sur la Corée du Nord, l’Iran ou la Belgique.
— Robert, c’est le Secrétaire d’Etat Hawk. Nous avons un problème majeur, classé top secret. Il rentre parfaitement dans votre champ de compétences.
— Allez-y, Hawk, passez la phase salades et lâchez la purée. J’ai eu mon lot de décorations.
— D’accord ! Il s’agit d’extra-terrestres. Une civilisation de type III sur l’échelle de Kardashev a établi le contact avec notre espèce.

« Putain, ça craint ! » crièrent en chœur les cellules grises cartésiennes de Magic Bob. Il y avait en effet de quoi s’alarmer. Atteindre le type III sur l’échelle de Kardashev n’était pas donné à n’importe qui. Cela signifiait la maîtrise totale d’une galaxie entière. A côté, l’Amérique faisait figure d’entité monocellulaire, d’amibe juste sortie de la soupe primordiale. Jamais l’Humanité n’avait rencontré une telle puissance. Si ça se savait, les concepts de Dieu, d’Allah ou de Quechua deviendraient caducs. Les intégristes se feraient des nœuds au cerveau, les athées revendiqueraient leur victoire, les Chinois envahiraient le Japon, les Papous demanderaient à intégrer la Communauté Européenne.

Magic Bob comprit qu’il était le seul à pouvoir démerder ce bazar.
— Qui est l’heureux élu ? A qui les tronches de cake extra-terrestres ont-ils parlé ?
— Au Président de la France !
— Sans déconner ? Etes-vous sûr de parler d’une civilisation de type III sur l’échelle de Kardashev ?
— Robert, les gars du SETI, du Caltech, du JPL, du MIT, enfin tous les boutonneux à lunettes spécialisés dans ce genre de conneries sont d’accord. On a en face de nous du lourd, de la technologie de pointe, des adversaires capables de générer une énergie incommensurable.
— Je sais mais avouez quand même que pour des dieux de l’espace ils ont fait fort dans le manque de discernement. Ils découvrent notre planète et ne trouvent rien de mieux à faire que de contacter les grenouilles savantes. Vous feriez ça, vous, à leur place ?
— Primo : je ne suis pas dans leur tête. Deuxio: Hubert Boulon de la Visse, le président français, n’est pas plus con que son homologue allemand, britannique ou italien. Tertio : ces dirigeants sont nos alliés. De ce fait, nous les écoutons à travers notre programme ELEPHANT alors ils ne peuvent rien nous cacher.

« Ils sont forts ces politiques pour noyer le poisson et répondre à côté. » se dit Magic Bob. Il avait toujours admiré cette qualité même si elle l’énervait parfois, surtout quand il devait prendre des décisions à court terme. Ceci dit, le Secrétaire d’Etat ne lui avait pas expliqué pourquoi une rencontre du troisième type avait eu lieu avec les Français, un peuple de râleurs, largué en seconde division, juste bon à faire des claquettes à l’O.N.U ou à gérer des pétitions pour la faim dans le monde.

Magic Bob décida d’en savoir plus.
— Si on passait la seconde. J’aime bien les préliminaires mais il serait temps de rentrer dans le vif du sujet, de me cracher le morceau. Qu’ont donné vos écoutes ?
— Vous êtes assis, Robert ? Je veux dire, confortablement, à l’abri de la gravité.
— Je suis même allongé. Ne me faites pas attendre plus longtemps.
— Les extra-terrestres ont proposé aux Français d’acheter un bout de leur territoire.
— C’est tout ?
— Oui !
— Qu’offrent-ils en contrepartie ?
— La technologie permettant de générer la puissance d’une civilisation de type I sur l’échelle de Kardashev.

Magic Bob prit enfin la mesure des emmerdements. Atteindre ce niveau signifiait maîtriser l’énergie d’une planète entière. Aucun pays n’en était capable, pas même les Etats-Unis. Laisser la France acquérir un tel niveau c’était lui servir le monde sur un plateau. Les Français rejoueraient la scène de Louis XIV à Versailles. La géopolitique en serait définitivement chamboulée.
Au-delà de son patriotisme, un peu émoussé par les dernières incartades du Texan installé à la Maison-Blanche, Magic Bob raisonnait pour le bien-être de l’Humanité. Il ne pouvait décemment pas laisser les grenouilles savantes prendre les commandes de la planète, imposer leur langage de parfumé, transformer la culture du hamburger et du soda en de barbares croyances faites de camembert et de gros rouge.

Magic Bob posa l’ultime question.
— De quel territoire parle-t-on ?
— De la Corse, une petite île au sud de la Côte d’Azur.
— Je connais ce coin. Il n’a aucun intérêt stratégique, même pour des petits gris. Il est peuplé de glandeurs occupés à ronfler, à faire exploser des villas et à manger du saucisson d’âne.
— C’est d’autant plus louche, Robert. Vous devez élucider ce mystère. Il y a anguille sous roche.

Magic Bob accepta la mission. Comme à son habitude, il demanda des moyens illimités et n’obtint qu’un budget de trente milliards de dollars. Il réussit néanmoins à raccourcir la chaîne de commandement, ne reportant plus qu’au Secrétaire d’Etat sans passer par la case conseillers et généraux.
Magic Bob activa ses réseaux en France, pirata les services de renseignements et voyagea d’Ajaccio à Paris, de Bastia à Strasbourg, de Calvi à Bruxelles. En trois semaines, il résolut l’énigme. En cela, Robert Wilkinson méritait plus que jamais son surnom de Magic Bob. A côté de lui, les agents de Mission Impossible ressemblaient à des premiers communiants, à des scouts jouant avec leur couteau suisse pour épater une pauvre jeannette rousse à grandes dents.

La salle de réunion sentait le stress et l’excitation. Le Président et ses adjoints trépignaient comme des adolescents en train d’attendre les résultats de l’épreuve du permis de conduire. Les conseillers pianotaient sur leurs smartphones, les généraux grattaient leurs décorations.
Magic Bob les laissa mariner dans leur jus tandis que le Secrétaire d’Etat récapitulait l’historique des événements géopolitiques, avec un sens du détail à faire pâlir un entomologiste.
— Vous savez tous, mesdames et messieurs, pourquoi nous avons mandaté Magic Bob. Il a la réponse à nos questions. J’irais même plus loin : il connait la solution à notre problème. Je le laisse exposer ses résultats. Evidemment, vous pourrez l’interrompre à tout moment en cas d’interrogation.

Magic Bob se rengorgea. Il aimait ces joutes verbales où l’homme d’action montrait au politique que visser son gros cul dans un fauteuil confortable ne faisait pas bouillir la marmite.
— Vous me connaissez tous. Je ne suis pas du genre à tortiller du popotin. Aucune question n’est taboue. Vous pouvez donc évoquer n’importe quel sujet tant qu’il se rapporte à la situation. Je répondrai en toute sincérité. Nous sommes entre personnes accréditées au secret-défense.
— Allez droit au but Magic Bob, rugit le Président. Pourquoi les extra-terrestres veulent ils acheter la Corse ?
— En préambule, je dois vous expliquer pourquoi ils ont atteint le type III sur l’échelle de Kardashev. Ces gars maîtrisent parfaitement leur environnement immédiat et lointain parce qu’ils ne se prennent pas le chou avec des considérations à deux balles du genre « qui a la plus grosse ? ». Désormais, au lieu de coloniser d’autres galaxies comme nous le ferions à leur place, ils rêvent d’un ailleurs, d’un lieu où la sagesse absolue règnerait. Ce serait une sorte de type IV sur l’échelle de Kardashev, un truc que n’aurait même pas imaginé Carl Sagan.
— Ne me dites pas que c’est la Corse cet endroit idyllique, objecta le général en chef des armées spatiales.
— Si ! Dans leur esprit, la bonne chère, le vin coulant à flots, l’humour et la gentillesse sont les piliers fondateurs d’un niveau supérieur, d’une civilisation encore plus accomplie.
— Ils n’ont pas ça sur leur monde ? Je ne peux le croire, répliqua le directeur des services secrets.
— Pourtant c’est le cas. Ils ont consacré la majorité de leur temps à domestiquer les éléments, à comprendre l’Univers dans sa dimension physique, au détriment de valeurs plus basiques telles que le plaisir, les loisirs, le repos. On pourrait les comparer à l’un de nos ingénieurs dédié à sa seule carrière : il aurait trimé pendant des années à gravir les échelons sociaux jusqu’à devenir PDG de sa pauvre boite d’informatique, sans voir ses enfants grandir, sa femme partir avec le voisin et le reste du monde partir en couilles ; au crépuscule de sa vie, il se dirait « Tout ça pour ça ? ».
— Vous êtes resté trop longtemps à Hawaï, Magic Bob. Les pina-colada vous ont ramolli le cerveau, ironisa le Président.
— Je ne parle pas pour moi, Monsieur. Je ne fais que retranscrire ce qu’ils m’ont dit.
— Vous leur avez parlé ?
— Je suis Magic Bob, vous avez oublié ? Rien ne m’est impossible.

Magic Bob affronta d’innombrables questions sur ce qui motivait une civilisation surpuissante à préférer les vacances à la domination des autres galaxies. Néanmoins, il orienta le débat sur la raison du choix de la Corse au lieu des Bahamas, de Java ou de la Terre-Adélie.

Le Secrétaire d’Etat lui servit d’excuse grâce à une question fort à propos.
— Pourquoi la Corse ?
— Je ne suis pas dans leur tête. Si je me permets une comparaison, vous préférez passer vos vacances en Nouvelle-Angleterre, le président pour sa part choisit en général le Texas tandis que moi je vais en Tasmanie. Chacun son truc. Pourquoi les petits gris n’auraient-ils pas envie de la Corse, à manger du fromage qui pue, à boire des vins trop alcoolisés, à chanter avec des moustachus à grosse bedaine et à écouter des blagues sur Yvan Colonna ? Comprendre l’adversaire c’est d’abord s’affranchir de ses propres barrières mentales, de son référentiel quotidien.
— D’accord, Magic Bob, répliqua le Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères, un des rares à parler plusieurs langues et à ne pas se pâmer devant le SuperBowl. Ils auraient aussi pu choisir la Sardaigne, Madère ou la Crète. Toutes les activités que vous décrivez sont également possibles dans ces pays.
— Bien que cela ne change pas le fond du problème, je vais vous répondre. Nos amis à tête grise, les rois de la galaxie M104, nous écoutent depuis des lustres. Ils ont repéré en Corse un poète amateur qu’ils ont rapidement déifié. Ce chantre de l’Ile de Beauté magnifiait des valeurs universelles trop longtemps oubliées par les humains. Ses poèmes les ont inspirés. C’est devenu leur Bible à eux.
— Ne peut-on pas acheter son silence ?
— C’est trop tard. Il nous a quittés il y a des années déjà.
— On est bien dans la merde, conclut le Président. Ils auraient pu écouter Bing Crosby ou Franck Sinatra. Au lieu de ça, ils se sont entichés d’un obscur barde français, perdu sur une petite île européenne, au milieu de nulle part.
— Dites-vous que ça aurait pu être pire.
— Comment ça ?
— Imaginez qu’au lieu de ce Corse, ils aient entendu John Lennon, Marvin Gaye ou Joan Baez.
— Vu comme ça !

L’auditoire s’avoua vaincu devant l’argumentaire implacable du légendaire Magic Bob. Il ne restait plus qu’à écouter ses recommandations.
— Nous attendons des solutions, Magic Bob, ordonna le Secrétaire d’Etat à la Défense.
— Voyons d’abord ce qui n’est pas possible. Racheter la Corse aux Français n’est pas une bonne option. Pourtant, on leur rendrait service, avouons le. Malheureusement, nous n’avons pas les arguments des extra-terrestres. Offrir l’intégrale des chansons de Barbra Streisand ne suffirait pas.
— Il est hors de question de brader notre patrimoine culturel, rugit le Président.
— Nous pourrions bombarder cette ile, la rayer de la carte, suggéra le directeur du F.B.I.
— Je nous vois mal justifier cet acte devant la communauté internationale, objecta Magic Bob.
— C’est vous qui avez des barrières mentales sur ce coup, ricana le directeur de la C.I.A. On a fait dix fois pire en Amérique du Sud. Tout le monde a gobé nos histoires à dormir debout.
— Certes mais je vois mal les petits gris apprécier que nous mettions le feu à leur colonie de vacances, précisa Magic Bob. Pour avoir discuté avec eux, ils tiennent vraiment à cette acquisition. C’est un peu leur Nirvana. Ils prendraient mal notre feu d’artifice.
— Pourquoi ne pas manipuler les autonomistes, les indépendantistes corses pour qu’ils rejettent en bloc les extra-terrestres ? Il suffirait d’orchestrer une campagne médiatique, de dévoiler au grand jour les tractations des Français, proposa le Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères.
— C’est une bonne idée, avoua Magic Bob. Si nous avions plus de temps devant nous, je serais allé dans ce sens. Manque de bol, c’est trop tard. Les deux parties doivent signer dans les prochains jours.
— Et si nous rachetions la France à la Communauté Européenne ? Du coup, la Corse serait notre propriété, déclara le Secrétaire d’Etat à l’Economie. Les extra-terrestres devraient traiter avec nous.
— Même si c’était possible dans un temps aussi cours, ce genre d’O.P.A éveillerait les soupçons des Chinois, des Russes et des Indiens. Ils émettraient une contre-proposition sur laquelle nous devrions surenchérir jusqu’à l’épuisement de notre capacité d’endettement. Nous ne ferions que déplacer le problème : le monde deviendrait chinois ou indien, ce qui n’est pas mieux que français.
— Ne peut-on pas manipuler le président français pour faire échouer la négociation ? Nous l’avons déjà fait à maintes reprises au Moyen et Proche Orient, suggéra le directeur de la C.I.A.
— C’est compliqué, répondit Magic Bob. Hubert Boulon de la Visse était Ministre du Bonheur avant de gagner les élections présidentielles. Il est issu d’une grande famille aristocratique parisienne, membre du parti centriste et lisse comme un œuf. Les Français l’adorent.
— On s’en fout qu’il soit le roi de l’étang, rugit le Président. On hypnotise ce têtard à particule, on en fait notre créature et le tour est joué.
— Monsieur le Président, je crois qu’on vous a caché des choses, répliqua Magic Bob.
— Comme quoi ?
— Nos services de renseignements ont déjà essayé. L’hypnose, les drogues, Mata-Hari, rien n’a fonctionné. Ce gars est un mystère pour la communauté des barbouzes. D’ailleurs, son dossier à la C.I.A, au F.S.B et au MI6 emploie le même nom de code : l’imbécile heureux.

Magic Bob se marra intérieurement. Révéler les nombreuses tentatives pour corrompre Hubert Boulon de la Visse ne visait qu’un seul objectif : fermer le clapet des cadors du renseignement, des hégémoniques directeurs de la C.I.A et autres agences gouvernementales en trois ou quatre lettres. Ce qu’il allait proposer ne pouvait souffrir la contradiction, le débat polémique des trous du cul étoilés qui avaient laissé un connard de barbu pirater des avions de ligne et exploser Manhattan.

Le Président lui ouvrit fièrement la voie.
— Magic Bob, je n’étais pas au courant de ces agissements. Je constate que le ménage reste à faire dans certaines parties de mon administration. Nous allons remédier à ce problème d’intendance. En attendant que ces messieurs écrivent leur lettre de démission et acceptent une retraite anticipée au fond de l’Alaska, je suis curieux de connaître votre point de vue.
— Il n’y a qu’une solution possible, viable, facile à mettre en œuvre, peu couteuse.
— Parfait ! Je vous écoute.
— Apprendre le français !

Magic Bob sourit en constatant l’effet de ses propos sur un auditoire dépassé. Pourtant, il ne plaisantait pas. C’était la meilleure des options. Il en avait d’ailleurs convenu avec le représentant des petits gris, un gars pragmatique du nom de OutOut. Assurer la suprématie mondiale à un peuple dirigé par l’ancien Ministre du Bonheur, un mec appelé Hubert Boulon de la Visse, ne faisait pas plus tache que de laisser les Yankees, les Rouges ou les adeptes du Petit Livre Rouge prendre le pouvoir sur la planète bleue. Et puis, les Français, cette horde de râleurs, ne risquait pas de déclencher une guerre avec leur technologie nouvellement acquise. Il y aurait toujours des peureux pour amender des textes de loi, des coupeurs de cheveux en mille vingt-quatre pour demander un concile, bref des garde-fous culturels pour empêcher les extrémistes de foutre le bordel.

« Est-ce de ma faute si les Gris sont tombés amoureux de ce poète corse ? » pensa Magic Bob avant de déclencher le dispositif de téléportation. Le reste de la salle se retrouva propulsé quelque part dans la galaxie du Sombrero, un comble pour un Texan, figée dans une singularité quantique.

Posté le : 22/01/2015 12:20

Edité par Donaldo75 sur 23-01-2015 09:13:54
Edité par Donaldo75 sur 23-01-2015 09:15:40
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut   Précédent   Suivant
(1) 2 »




[Recherche avancée]


Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
34 Personne(s) en ligne (26 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 34

Plus ...