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Accueil >> newbb >> Défi du 1er mai [Les Forums - Défis et concours]

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Défi du 1er mai
Plume d'Or
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Chères Loréennes et chers Loréens,

Vous avez mis au point la machine à remonter le temps.
Oh, malgré les quelques réglages qu'il vous reste à faire, et avec beaucoup de risques, vous décidez de faire un petit tour dans le passé.
Vous avez choisi une époque précise qui répond à vos attentes. Mais voilà, les choses ne se passent pas comme vous le vouliez.
Vous atterrissez dans une période loufoque hors du temps et dans tout les temps.
Visiblement votre machine n'est pas au point et mérite quelques réglages.
Il vous faut revenir maintenant!

Racontez nous votre périple dans ce monde loufoque et votre retour, si vous l'envisagez bien sûr.
Soyez poète, romancier, nouvelliste ou journaliste. A votre convenance!

Economisez vous! N'oubliez pas que c'est la fête du travail!

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 30/04/2016 12:04
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Re: Défi du 1er mai
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La guerre de cent ans revue par un ignare….….

Dis donc mon gars Phiphi , Edouard dit le troisième,
Ton cousin Grand Breton,, il me fiche les jetons
D’autant que la Gascogne pas plus que la Guyenne
Il n’entend les filer à la France pour de bon.

Tu vas voir, c’est Anglais, il n’y a pas plus fourbe !!!,
Qu’il va nous déclarer une guerre pour cent ans
De ces hostilités dans lesquelles s’embourbent
Tous les ‘’ceus’’qui n’ont pas pléthores d’arguments.

Il serait bon, vois tu, de voir le comte de Flandres,
Pour rallier à ta cause les drapiers du comté
Qui tirent bénéfice et revenu qu’engendrent
Des draps conçus avec la laine des Anglais.

C’est pas sot mon Titi, répondit le Philou
D’autant que mon cousin devant cette arrogance
Par vengeance privera, car je le sais filou,
Les drapiers du produit qui leur donne pitance.

Jacob van Artevelde, hélas, ne l’entends pas
Drapier à Gand et fort en gueule il invita
Edouard roi des English a lorgner de ce pas
Vers le pays ce France qu’il revendiqua

Et ce fut le bordel, le Phiphi de Valois
S’arrogea la Guyenne ainsi que la Gascogne
C’était pour 100 années parti, à toi, à moi,
Un siècle de combat à s’taper sur la trogne.

Devant un tel danger je devais réagir
J’avais vu au cinoche un ou deux jours plus tôt
Le film ‘’ Les visiteurs’’ et je pris l’élixir
Qui devait me mener au règne de Napo.

Etonné de me voir, c’est la main sur le cœur……..
Qu’il m’accueillit, disant, Titi que fais-tu là
Je te croyais en 1337, d’ailleurs,
Tu es bien conservé, tu fais pas cet âge là !!


Arrête tes boutades, je t’en supplie Léon,
Je ne suis pas venu pour tes blagues à 10 cent
La chose est plus bien grave et voila la raison :
Philou de Valois est dans la merde pour cent ans !!!

A tu quelques grognards, à nous céder, d’autant
Que face à des British, ils ont une revanche
A prendre, Wellington en serait mecontent ;
Devant ce souhait Napo, ne reste pas étanche.

Mais le Corse est têtu, et depuis ses vacances
Passées à l’Ile d’Elble, je le sens plus palot
Le soleil d’Angleterre n’est pas une évidence,
Il pensait qu’il brillait plus fort à Waterloo…….

Je reparti marron et ne put de ce fait
Changer le cour des choses, et celui de l’histoire
Je regrette et préfère, je te l’avoue Isté :
Cesser là mes délires et un verre aller boire !!!!




Posté le : 01/05/2016 10:14
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Titi
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Re: Défi du 1er mai
Plume d'Or
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Cher Serge,

Bon je te pardonne simplement parce que tu seras soumis aux bonheurs de la treille!

Moi, j'irai bien faire un tour dans ta guerre de Cent ans. Mais dis moi, où sont les Bourguignons au milieu de tout cela?
Je vais me dépêcher de sauter dans ma machine pour aller réparer cet oubli!

Merci pour ce délice et ce délire poétique.

Porte toi bien très cher Serge.
Je te souhaite un magnifique dimanche.
Eh, tu m'as mis la puce à l'oreille : j'ai sorti un vieux Faugères à midi!

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 01/05/2016 13:41
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Re: Défi du 1er mai
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Retour vers le passé

Peter est un adulte quarantenaire et célibataire. Passionné par les sciences, il aime bricoler des machines dans son grenier. Il y passe d’ailleurs tout son temps libre, délaissant des tâches comme la lessive qu’il dévolue à sa mère, le ménage qu’il remet dans les mains de sa concierge dévouée et la cuisine qui se réduit à des plats préparés ou livrables à domicile. Peter a un grand projet ; il travaille sur une machine à remonter le temps. Loin des clichés de la DeLorean ou d’un siège entouré d’horloges géantes ou encore d’une cage d’ascenseur, il travaille sur une corde à sauter. S’il expliquait cela à n’importe quel scientifique, il se ferait railler. Et pourtant, il est à deux doigts, voire un seul, de mettre la dernière main (et la récupérer) à son projet. Encore quelque réglages et le voilà avec les deux poignées en main. Il prend une grande inspiration et commence à faire tourner la corde en effectuant des petits sauts de cabri. Prenant de l’aisance, il accélère le rythme. De grosses gouttes de sueur perlent sur son front. C’est alors que des arcs électriques se forment tout autour de lui. Leur intensité augmente jusqu’à créer une sorte de trou noir dans le sol, dans lequel Peter tombe.

La chute est vertigineuse et il perd connaissance. À son réveil, il se trouve face à un personnage portant une barbe blanche et un bonnet rouge trop grand pour lui. Ce dernier lui demande :
– Tu vas bien ? Tu as schtroumpfé une sacré chute !
– Où suis-je ?
– En sécurité.
– Mais vous êtes le grand schtroumpf !
– Bien sûr ! Et toi, sais-tu encore comment tu te schtroumpfes ?
– Peter.
– Mais non ! Schtroumpfe-toi dans le miroir.
Notre scientifique du dimanche se lève et découvre dans la glace un visage à la peau bleue surmonté d’un bonnet blanc.
– Mais je suis un schtroumpf !
– Que veux-tu être d’autre ? Tu es le schtroumpf tordu.
– Tordu ? Cela me correspond bien… Mais je ne pensais pas atterrir ici.
Dehors, des cris retentissent :
– Gargamel ! Il a trouvé notre village. Schtroumpfez-vous tous !
Peter, ou plutôt le schtroumpf tordu, a juste le temps d’attraper sa corde à sauter avant de sortir du champignon qui lui sert d’habitation. Il se trouve face au fameux sorcier qui lui paraît immense. Ce dernier l’attrape et le jette dans une cage avec trois autres petits hommes bleus. De retour dans sa vieille chaumière, Gargamel annonce à ses prisonniers :
– Je vais vous jeter dans cette marmite bouillonnante afin de vous soutirer votre essence magique.
Peter le Tordu prend la parole :
– Hé bien ! Tu dois être un bien piètre sorcier pour devoir procéder de la sorte… Inscris-toi à l’école Poudlard et libère-nous !
– Qui es-tu toi ? Le schtroumpf avocat ?
– Non ! Le schtroumpf tordu.
– Sache que j’ai fréquenté la meilleure école de sorcellerie, celle de la Bave de Crapaud !
– Celle qui n’atteint pas la blanche colombe ?
– Les professeurs ont applaudi lors de ma remise de diplôme.
– Ils devaient être soulagés de ton départ !
– Pour ton impertinence, tu seras bouilli le premier.
Ne souhaitant pas finir de la sorte, Peter se met à sauter à la corde sous le regard ébaubi des pauvres schtroumpfs qui lui demandent :
– Qu’est-ce que tu schtroumpfes là ?
– Je me casse, les bleus. Désolé !

Après quelques minutes de trouble, Peter ouvre les yeux. Cette fois, il est seul dans une forêt sombre. Il se lève d’un bond et remarque qu’il porte une robe bleue avec un tablier blanc. Où a-t-il encore atterri ? Décidément, cette corde est incontrôlable. Plus loin, il entend une voix s’adresser à lui : « Par ici… viens ! ». Il décide de la suivre. Bien lui en prend car il parvient ainsi à sortir de l’épais imbroglio d’arbres hirsutes. La voix qui l’a guidée se révèle être celle d’un chat tigré aux yeux globuleux. Il le remercie et ce dernier se met à rire tellement fort qu’il en explose comme un ballon de baudruche. Peter sent son ventre se nouer de faim. Il aperçoit plus loin ce qui ressemble à un verger. Les arbres portent des fruits d’une taille impressionnante. Des OGM, même ici ! Il attrape une pêche aussi grosse qu’une pastèque et mord dedans à pleines dents. La chair est délicieuse même si elle a étonnamment un goût de fraise. Derrière lui on s’écrie :
– Halte ! Vous êtes en état d’arrestation pour vol.
Peter se retourne et se trouve face à un valet de cœur à taille humaine qui le menace de sa lance acérée. Très vite, il est encerclé par d’autres cartes qui le forcent à les suivre jusqu’à un palais aux murs d’un rouge flamboyant. Le prisonnier est amené dans la salle du trône. Une femme au derrière plantureux est en train de déguster un gâteau à la crème rose de plus d’un mètre de haut. Le chef de la garde lui annonce le délit commis par Peter-Alice. La reine entre dans une rage folle et ordonne une exécution sur-le-champ. Le bourreau entre dans la pièce avec sa hache à la lame effilée. Peter implore la reine afin d’obtenir une dernière faveur en tant que condamné à mort. Dans un élan de clémence, celle-ci lui accorde. Il demande un dernier saut à la corde. Cette requête assez particulière fait éclater de rire la souveraine. Profitant de cette bonne humeur passagère, Peter effectue quelques rapides sauts et disparaît de ce pays dit des merveilles.

Ce sont des petits bruits électriques qui le ramènent à la conscience. Un robot doré est penché sur lui. Ses yeux inexpressifs le scrutent et il demande :
– Vous allez bien ?
– Oui, ça peut aller. Où suis-je ?
– Sur l’Etoile noire.
– Quoi ? C’est pas possible. Je vais rencontrer tous les personnages de mon enfance mais je ne parviendrai jamais à voyager dans le temps.
– Votre discours m’est incohérent.
– T’inquiète, boîte de conserve.
Peter se lève et avance dans un long couloir étroit. Il débouche dans une grande salle dont la fenêtre semble donner sur l’espace. Une voix ténébreuse résonne derrière lui.
– Luke ! Je t’attendais !
– Oh non ! Bon, je sais que tu es mon père alors ne me tue pas.
– Qui te l’a dit ?
– Georges Lucas,
– Qui est-ce ? Un jedi ?
– Non, un scénariste et réalisateur de films à succès. Je sais que nous devons nous battre. Je ne suis pas au point avec un sabre laser alors je te propose un concours de corde à sauter.
– Cesse de te moquer. Bats-toi !
Peter sort sa corde et se met à courir en effectuant des bonds, tout en évitant les coups de sabre de l’homme encapuchonné de noir. Il finit par s’évaporer dans l’espace.

Une brise chaude lui caresse la joue. Il sent du sable sous son corps encore engourdi. À son réveil, il découvre qu’il est dans une zone aride et qu’un cheval attend à ses côtés. Il porte des effets de cowboy du Far West ; des bottes à éperons jusqu’au Stetson. Aurait-il enfin réussi ? Il saute sur la selle posée sur le canasson et prend la direction de la ville qu’il aperçoit au loin. Un homme le salue en criant « Bonjour shérif Aimoipeur! ».
Shérif ? Quelle chance ! Il demande alors quelle est l’année en cours. On lui répond : « 1866 bien sûr ! ». Il a donc fait un bond de cent cinquante ans dans le temps et de quelques milliers de kilomètres dans l’espace. Cela correspond à ce qu’il avait programmé initialement sur la corde à sauter. Il lui aura fallu traverser les mondes qui ont peuplé son enfance pour accéder enfin au voyage dans le temps. Il a toujours voulu vivre dans les grands espaces américains au milieu du dix-neuvième siècle. Un vieux rêve de petit garçon…
C’est ainsi que débuta sa nouvelle vie. Il relégua dans un coffre à la banque de la ville sa corde à sauter dans le temps. Il mourut vingt ans plus tard lors d’un duel provoqué pour les beaux yeux d’Isabella. Gary Adugrabuge avait voulu lui volé le cœur de la plus jolie femme de la ville. Lorsqu’il reçut une balle en plein cœur, Peter s’écroula, le sourire aux lèvres. Son plus grand vœu fut donc exaucé, celui de ne pas mourir écrasé par une voiture ou tué par l’explosion d’une bombe dans une station de métro ou encore dévoré par un cancer. Il a même su éviter d’être mis au court bouillon par Gargamel, décapité par la Reine de Cœur ou encore sabrelaserisé par Dark Vador ! Le tailleur de pierre tombale fut un peu étonné de devoir écrire « Né en 1976 et décédé en 1886 ». Le croque-mort, selon les dernières volontés du shérif, déposa dans le cercueil une étrange corde à sauter dont le défunt emporta le secret dans sa tombe.

Posté le : 02/05/2016 07:31
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Re: Défi du 1er mai
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Délicieuse ballade au sein d'un temps d'avant ou joyeusement imaginaire, ma chère Delphine!!


C'est toujours un grand bonheur de lire le fruit de ton imagination fertile et en l'occurrence, légèrement déjantée,qui nous emmène des stroumpfs au far west en passant par une hypothétique étoile noire!!

Quel merveilleux voyage, ponctué de petites fantaisies littéraires telles ''la bave de crapaud et la blanche colombe'' ou encore la ''boite de conserve!!''

Ton humour Delphine est toujours un régal, m'incitant à apprécier tes écrits plusieurs fois de suite!!

Merci encore de ce trés bon moment, de lecture !!!

Kjtiti


Posté le : 03/05/2016 07:55
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Titi
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Re: Défi du 1er mai
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Sacré Serge,

L'Histoire de France a failli changer, et peut-être même celle de l'Angleterre et d'ailleurs. Nous parlerions tous le corse, de Moscou à San Francisco, mangerions du saucisson d'âne et serions passés aux 35 heures de sieste.

Dommage, c'était prometteur,

Bravo !

Donald

Posté le : 03/05/2016 09:07
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Re: Défi du 1er mai
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Puzzle


Un puzzle sonore envahit mon cortex. Je sais que c’est un des effets du voyage à travers le temps. Le désordre visuel vient s’ajouter au déluge de sons. Je n’ai jamais vécu un tel trip, même lors de mes années de délire et d’interdit lysergique. La réalité explose. Je ne vois plus mon corps. Un paysage commence à prendre forme. Il me semble familier. Des adolescents apparaissent, certains en vélo, d’autres à pied, tous sur la même route bordée de petites maisons identiques.
— Dépêche toi, Donald, on va arriver en retard au bahut, crie une petite blonde.

Au bout de la rue se dresse un batiment octogonal, rouge brique, une construction digne des années soixante-dix, quand le vingtième siècle tentait de s’afficher fonctionnel. Des groupes se rejoignent devant un portail métallique. Ils semblent heureux de se revoir. La petite blonde apparait à son tour, perchée sur sa selle. Elle attend un autre adolescent. Il ne semble pas pressé de rentrer dans l’octogone de pierre.
— Tant pis, je rentre, tu t’expliqueras avec la prof de physique, lâche-t-elle.
— Rien à foutre. Laisse moi vivre, mi-portion, réplique l’autre.
— Je t’aurais prévenu. Tu vas encore te prendre quatre heures de colle.

Le paysage change. Un nouveau puzzle, fait de son et de lumière, de formes et de volumes, déchire mon cerveau. Je ne peux toujours pas trouver mon corps. Spectateur impuissant d’une scène déjà vue, je commence à maudire mon expérience du voyage temporel. Je ne me rappelle pas pourquoi j’ai choisi l’année 1979 et ce bled où j’ai passé mon enfance. Pourtant, et je n’ai aucune excuse, mon instructeur m’a prévenu des risques à remonter dans sa propre histoire, son passé personnel, surtout pour une première fois. Je vais devoir expliquer tout ça à notre psychothérapeute, la grosse dame à lunettes préposée aux tests en couleurs et aux questions à deux sous. Je la vois déjà, assise sur sa petite chaise noire.
— Alors, Donald, vous n’en avez fait qu’à votre tête, pour changer. Vous êtes allé à la recherche de votre paradis perdu, celui de votre adolescence.
— Ce n’est pas interdit, que je sache.
— Non. On vous l’a juste déconseillé.
— J’ai signé un papier. Vous êtes dédouanée, si je crame un fusible.
— Qu’est-ce que vous avez éprouvé à la vue de votre ancien collège, de vos camarades de classe ?

Je n’imagine pas ma réponse. Me voir presque quarante ans en arrière me semble irréel. La petite blonde me rappelle vaguement quelqu’un dont j’ai oublié le nom. Elle n’a pas du compter, ni en bien, ni en mal. Juste une ombre dans la vallée de mes souvenirs. Il faut être soit borné soit psychothérapeute pour croire qu’un être humain peut répondre simplement à une telle question. J’éprouve des sentiments contraires. J’ai envie de pleurer, crier, chanter, parler avec les autres collégiens. Je sais bien que tout est réel, de la rue au batiment octogonal. Mon cerveau n’est pas en train de magnifier un passé à moitié oublié, de changer une histoire banale en film de la Nouvelle Vague, avec des dialogues bien écrits, des bouts de pensée, des images à gogo et la voix-off d’une Jean-Pierre Léaud trop content de s’écouter gloser. J’assiste simplement à une tranche de ma vie d’avant, celle de quand j’avais les cheveux longs, des baskets et des jeans, de mes premiers émois amoureux et des envies d’absolu.

Je vis un cours de physique. Le professeur, une trentenaire aux allure de mémé, gère de manière presque militaire un troupeau de jeunes humains. Certains l’écoutent avec une ferveur quasi religieuse. D’autres tentent de bavarder dans son dos, avant de s’incliner devant l’autorité et le rappel à l’ordre. La petite blonde écrit sagement dans son cahier, d’une écriture ronde et bien calligraphiée. De temps en temps, elle jette un œil mouillé vers son camarade de paillasse, le roi des heures de colle. Ces deux là ne sont pas faits pour vivre ensemble. Pourtant, mystère de l’alchimie sentimentale, le duo fonctionne à merveille. Le rebelle relance la machine à envoyer des cœurs, en sortant une blague décalée ou en répondant parfaitement à une question ardue de l’enseignante. La sage le réprimande en silence, lui sourit doucement puis reprend sa posture de bonne élève.

La cloche résonne. Je suppose que c’est la fin du cours, le signal d’aller vers une autre destination, de continuer l’apprentissage des symboles et des codes de notre société. Le rebelle et la sage rangent leurs affaires, dans une chorégraphie agréable, presque intuitive. J’ai envie qu’il lui prenne la main, qu’il l’emmène loin de l’octogone de brique. « Partez, prenez vos vélos et roulez jusqu’à l’épuisement ! » s’affiche en quatre par trois sur mon écran cérébral. Je sais qu’ils ne m’entendent pas, mais j’essaie quand même. Le passé n’est pas fait pour être changé. Le rebelle et la sage vont passer l’année scolaire à se tourner autour, mettre des mois avant d’échanger leur premier baiser et se dire qu’ils s’aiment. Il est trop tard, ou trop tôt. Leur chemin est tracé. Lui, il va quitter le collège fin juin, parce que ses parents vont déménager. Elle, je ne sais pas ce qui va lui arriver, comment elle va prendre le départ de son amour. J’espère seulement qu’elle va survivre, rencontrer un gentil garçon, pondre une ribambelle de gamins et s’épanouir dans son rôle de maman.

Le puzzle explose. Ce n’est plus un trip à l’acide, juste une horrible migraine. Je n’ai pas envie de chanter, crier ou pleurer. Les pièces du passé ne peuvent pas se recoller. C’est un fait. La meilleure théorie des cordes, le plus beau multivers ne changent rien à l’affaire. La psychothérapeute a raison. Je suis à la recherche du paradis perdu parce que je ne veux pas croire à l’enfer, celui des adultes, de la science forcément exacte et des gens responsables. Voyager dans le temps m’importe peu. J’ai juste envie de revivre des moments oubliés, de ressentir des émotions abandonnées depuis longtemps. Le voyage est futile. Je le sais.

Posté le : 03/05/2016 21:43
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Re: Défi du 1er mai
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Quelle revisite de cette fameuse guerre ! Le Napo est tout penaud. Pas de bol, on ne peut changer le cours de l'Histoire.

Merci mon Titi.

Bises


Couscous

Posté le : 04/05/2016 07:38
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Re: Défi du 1er mai
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Eh bien mon cher Donald, voila une belle tranche de nostalgie, de ces tranches que l’on aimerait gouter quand le quotidien nous semble être d’un autre temps, d’une époque qui ne semble pas la notre.

C’est, comme toujours avec tes écrits Donald, d’abord très joliment conté et j’ai apprécié ce retour vers hier, dans lequel je me suis, par instant, retrouvé !!!


On prétend que la nostalgie apparaît quand le présent n'est pas à la hauteur des promesses du passé…...

Il y a sans doute un peu de vrai

Merci Donald pour cette petite tranche d'un passé qui nous fuit,.................. à l'mage de notre jeunesse!!!

Amitiés



Posté le : 04/05/2016 20:22

Edité par kjtiti sur 05-05-2016 12:43:06
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Titi
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Re: Défi du 1er mai
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Mon Donald,

Ton texte m'a touchée car ce monde de l'adolescence est en effet une période d'insouciance que j'aimerais revivre. Ce retour en arrière est comme boire un peu à la coupe de jouvence.

Merci de m'avoir emmenée dans ton voyage temporel.

bises

Couscous

Posté le : 06/05/2016 08:25
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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