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Accueil >> newbb >> Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet [Les Forums - Défis et concours]

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Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet
Plume d'Or
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Me revient l'honneur et le privilège de vous proposer le défi de la semaine.
Il semble être un peu dans l'air du temps du climat loréen.

Le voici en vers et contre tout :

Mes ami(e)s, vous êtes invités dans un colloque
Qui veut faire l’éloge de la langue française.
Alors que vous entrez dans le studio, très à l’aise,
Un éclair violent aux mille feux vous interloque.
Dans les élans de feux apparaît Victor Hugo,
Vous deviez y défendre votre langue sans égo,
Mais le Grand Homme vous pousse à le faire
Dans un style qui l’honore : roman ou poésie.
Alors livrez-vous à toutes les facéties,
Et que l’amitié nous lie encore dans cette affaire !


J'en profite pour souhaiter de bonnes vacances à toutes celles et à tous qui partent en cette fin de semaine, à Kjtiti, en particulier.
Pour ma part, le départ est prévu à la fin de la semaine prochaine, et m'attend le Lac d'Orta puis Montpellier.

Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 10/07/2015 22:01
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Re: Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet
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Istenozot: Que Cosucous me pardonne, je n'ai pas attendu demain. Le défi nouveau vous attend chères Loréennes et Loréens. A vos plumes. Il vous faut répondre au Grand Homme. Ce n'est pas moi!



Isté, je suis inquiet, quel est donc ce défi
Que ce jour tu proposes, un peu bien avant l’heure,
L’impatience te gagne, c’est signe de vigueur :
Quand le barde se hâte, c’est sûr, il versifie.

Mais dis moi, pourquoi donc, ce sujet qui me choque
Appartements loués par plusieurs locataires ??
Le sujet est pour moi pareil à un mystère,
Évoquer sur le site le souci d’un co-loc ??

L’année a été dure, Isté fait donc un somme,
Ainsi quand tu retiens les personnages d’Hanna
Je ne vois pas du tout ce qu’ils viennent faire là,
Laisse tomber Jerry ainsi que le Grand Tom ….

Mais je vais revenir Isté sur ton sujet,
De marbre sur Hugo, je ne peux demeurer
En touches délicates, tel avec un fleuret,
Sur Victor mon écrit, sera prochain sujet !!!!!

Oui c'est un peu nul, mais moi, ça fait rire!!!! ''A la bouche des sots le rire abonde!''






Posté le : 11/07/2015 10:14
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Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
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Re: Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet
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Cher Kjtiti,

Tellement attendri par les si beaux défis,
Sans désir de vouloir faire du rififi,
Que voulez vous, je suis un addict, mon ami,
A ce temps qui donne le démon de midi.

Je te l’assure, il est de même nature.
De la prose, être un infidèle avec allure
Pour, de la poésie, connaître la débauche,
Même si quelquefois je peux être un peu gauche.

Pardonne donc mon éjaculation précoce
Qui est le témoignage d’un amour féroce
Pour ces temps de plaisir mais aussi de sottise.
Et je crie avec bonheur : vive la bêtise !

Reconnaissons nous cependant l’intelligence
De répondre aux défis sans jeune et abstinence,
Pour tant se livrer à la volupté des mots
En amant infidèle, et beaucoup de culot.

Alors mon ami il faut te mettre au boulot
Et mettre ta verve au service d’Hugo,
Que tu puisses devenir un autre Victor,
Poussant Isté à une réponse de même sort.

Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 11/07/2015 12:10
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Re: Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet
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Petit patchwork avec des titres des poèmes d'Hugo et des vers de: ''Demain dés l'aube''


Oréens prenez garde aux choses que vous dites,
Pour répondre au défi d’Isté le magnifique,
Émergé de son crane, ou règne le désordre,
Et surnommé, c’est laid : laid cahot de bourgogne !!

Aussi, prenant ma plume, je mesure l’ampleur
Du défi proposé par Isté le défieur,
Mesurer ses écrits avec l’ami Hugo,
Le pari est osé et pour tout dire dingo !!

Pourtant ne reculant jamais devant l’obstacle,
Je m’en vais de ce pas, mais sans croire au miracle,
M’attacher à poser, c’est à peine si j’ose,
Une ode qu’on pourrait nommée d’ Apothéose * (Titre d'un poème de V.Hugo)

Ainsi, dés l’aube à l’heure ou blanchit la campagne ** ( Vers du poème de V.Hugo : ' Demain je partirai’’)
Je quittais mon logis, je quittais ma compagne
Pour rejoindre mon club ‘’Les bardes en décadence’’
Débattre du thème du jour :’’Pure innocence’’* (Titre d'un poème de V.Hugo)

Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit ** ( Vers du poème de V.Hugo : Demain je partirai’’)
J’entamais mon discours, quand soudain dans mon ouïe,
Je reçu de Victor, et j’en suis resté blême,
Le message suivant, ‘’écris tel :’’ Mes poèmes’’* (Titre d'un poème de V.Hugo)

Seul, inconnu, le dos courbé, les doigts croisés, ** ( Vers du poème de V.Hugo : Demain je partirai’’)
Surpris, interloqué, bien qu’un peu médusé,
Je modifiais ma prose, sincère mais modeste,
Avant d’envisager d’aller faire :’’ La sieste’’* (Titre d'un poème de V.Hugo)

Triste et le jour pour moi sera comme la nuit** ( Vers du poème de V.Hugo : Demain je partirai’’)
Quand Hugo, de parler à mon ouïe, eut fini ,
Malgré l’imitation qui flatta mon égo,
Je me voulais Victor, mais n’était que nigaud……..



* Poèmes de Victor Hugo
** Vers du poème : Demain je partirai’’


Posté le : 11/07/2015 17:03

Edité par kjtiti sur 12-07-2015 08:58:50
Edité par kjtiti sur 12-07-2015 09:02:37
_________________

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Titi
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Re: Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet
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Cher Kjtiti,

Devant ta verve et ton talent, mon ami,
Isté en restera longtemps ébaubi.
Je m'en vais de ce pas visiter Hugo,
et tâcher de ne pas être trop dingo.

Merci à toi pour ce poème truculent et porteur de messages.

Porte toi bien mon ami et prends bien soin de toi. Pour le plaisir de te lire encore et toujours.

Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 11/07/2015 18:42
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Re: Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet
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La visitation de Victor Hugo

hello les zamis !
très sympa ce défi ! je n'ai pas suivi à la lettre la commande (mais l'esprit y est).
J'ai repris le procédé de KJ en mêlant mes mots à ceux du grand Victor (mais vous trouverez sans peine ce qui est de moi, et ce qui émane du maitre).

Amitié ! et bonnes vacances !


***





Le chef avait passé sa tête dans l’embrasure de la porte de mon bureau avec ce petit sourire factice, affable et conquérant qui signifiait « j’ai un service à vous demander qui n’a rien à voir avec vos missions habituelles, mais vous ne pouvez pas refuser », et j’avais compris tout de suite que les ennuis allaient commencer.

- Emma

- Oui, monsieur ?

- Nous avions conclu, lors de votre dernier entretien-bilan qu’il fallait que vous sortiez un peu le nez de vos dossiers, qu’il était nécessaire que vous preniez de l’assurance et du galon. Que vous soyez d’avantage sur le terrain…

- Oui, monsieur.

- Voilà… Je ne peux plus aller au séminaire « Victor Hugo – ultima verba – défense de la langue française ». Ma maison de campagne a un grave problème de toiture. Je dois superviser les travaux… Bref, en tant que chef de l’unité, de la sous-direction, du bureau du district, de la vingtième division du ministère, mon absence risque d’être remarquée. Voilà : vous irez à ma place !

- Mais, monsieur….

- Non, Emma, je ne veux rien entendre. Vous avez réservé mes billets : il n’y a qu’à changer le nom. Pour l’hôtel, ce n’est l’affaire que d’un coup de fil. Vous avez préparé mon discours, il n’y a qu’à le lire. Tout est très simple hormis votre tendance habituelle à tout rendre compliqué.


Ainsi, cinq jours plus tard, je me retrouvais à l’accueil du grand hôtel « Le majestique » avec au ventre, l’angoisse maximale des grands débutants. Plantée là au milieu du grand hall bondé de costumes trois pièces dans mon ridicule tailleur neuf acheté en solde, j’hésitais entre aller de l’avant et m’enfuir en courant le plus loin possible…
Une hôtesse, saisie par mon désarroi, vint à ma rencontre tous sourires. Avec son habituel savoir faire, la jeune femme eut tôt fait de m’orienter vers ma chambre, de me donner le plan de l’hôtel, le programme de la journée, le badge des séminaristes, le descriptif du buffet, le passe de ma chambre, le mode d’emploi de la télé, le code d’accès au wifi… Et autres détails subtils nécessaires à ma survie durant cet étrange week-end.

Je montais dans ma chambre quatre à quatre et m’enfermais à double tours. Le lit était monumental et je m’affalais, pétrie de la fatigue de cette semaine marathon passée par monts et par vaux afin d’organiser au mieux ma participation et ma prise de parole tant redoutée, pour la gloire de mon chef et de mon administration… Ah ! En cet instant comme je détestais Victor Hugo et tous ces grands bretteurs de la langue française ! A mettre la barre aussi haut, à relever si loin la dignité de la langue française, comment voulez-vous que les petites gens comme moi leur arrivent jamais à la cheville. La voute plantaire, le durillon d’orteil de Victor Hugo, c’est déjà trop pour moi…
Sans m’en rendre compte, je glissais dans le sommeil…

« Emma ! Relève-toi, digne enfant de la France ! »
La voix puissante me fit bondir. Je me relevais tout de go : c’était Victor Hugo. Assis au pied du lit dans son costume d’époque et la barbe fleuri, il observait ma petitesse avec sévérité.

Emma ! Relève-toi, digne enfant de la France !
Songe au ministère auquel tu fis allégeance !
Toi qui n’es que fesse molle, ancrée bas dans ta fange
Mets-toi sur ton séant, lève tes yeux, dérange*

La vie est bien trop courte, un claquement : exit
C'est une loi d'en haut qui veut que tout nous quitte*
Mais au lieu de briller, tu te planques à l’arrière
Quoi ! Ne point aimer ! Suivre une morne carrière !*

J'ai lutté pour le vrai, pour le bon, pour l'honnête*
Et toi, pauvre damnée en triste prise de tête
Tu cires les souliers de pauvres chefaillons
Mais leurs mots sont poussifs et sentent le graillon

Dis-moi, te crois-tu vivre à occuper l’espace ?
A qui donc parles-tu, flocon lointain qui passes ?*
J’écrivis « Ruy Blas », j’écrivis « Hernani »
Ton siècle se prélasse, en cultivant l’ennui !

Accepte l’âpre exil, n’eût-il ni fin ni terme,*
Va purger le médiocre jusqu’au pugilat
Qu’il en demeure combien et toi le combientième
Et s’il n’en reste qu’un, tu seras celui-là !*

Ainsi me parla Victor Hugo, au cours de cette nuit illustre, et c’est remontée à bloc, prête à en découdre, que je bégayais glorieusement les quinze lignes de mon discours dans un baragouin inaudible dont les timides applaudissements de politesse me libérèrent à jamais de ma carrière d’orateur public.

Posté le : 12/07/2015 10:21
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Re: Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet
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Chère Emma,

Sois remerciée de ta très belle contribution qui m'a fait sourire.
Je trouve que tu es vraiment dans l'esprit. Et je comptais bien sur l'imagination des fidèles des défis pour faire des réponses truculentes.
Pour ma part, ma réponse, cette fois-ci est plus sérieuse.

Dans les prochaines semaines, je vais forcer un peu mes rêves pour me retrouver en tête à tête avec Victor Hugo. J'ai beaucoup aimé le scénario de ta réponse. Quel talent!
Oui, oui, nous sommes bien à l'Orée des Rêves! Ta réponse en est une belle preuve.

Encore merci à toi.

Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 12/07/2015 14:42
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Re: Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet
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Chères Loréennes, cher Loréens,

Voici ma contribution, un peu plus grave, cette fois-ci :

Vraiment, je ne sais plus où donner de la tête
Après être devenu un ambassadeur,
Ne me voilà-t-il pas Isté le magnifique.
Il me faut bien, auprès de vous tous, être honnête,
Ces compliments trouvent leur place dans mon cœur,
Sans désirer en devenir un boulimique.

Avant de vouloir rendre grâce au grand Victor,
Laissez mon frêle cerveau se mettre en besogne,
En posant sur mes lèvres un grand vin de Bourgogne.
Hugo ! J’arrive pour honorer tes trésors.

Que tu as raison d’être au milieu d’un éclair,
Tes feux poétiques font de ta personne un pair.
En tous moments, tu es auprès de moi un père,
En qui, au gré de tant et tant de vers, j’espère.

Tu as tant su honorer la langue française,
A rendre un grand nombre de tes lecteurs fort aise.
Vouloir t’imiter me paraît bien compliqué.
Aussi vais-je tenter de bien m’y appliquer
En prenant des mots de Bourgogne pour changer.

Un grand nombre de tes poèmes m’abeurdinne,1
Qui suscite des émotions dans ma poitrine.
Comment ne pas rester insensible à ces mots
Sources de cahots de Bourgogne, mon frérot !
« Est-ce qu’en nos esprits que l’ombre a pour repaires
Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ?
Destin, lugubre assaut !
O vivants, serions-nous l’objet d’une dispute ?
L’un veut-il notre gloire, et l’autre notre chute ? ». 2

Que pourrions nous te proposer comme dispute,
Qui puisse nous conduire tous à notre chute ?
Tiens, veux tu un poème aux fautes intentionnelles,
Indice d’une bêtise compulsionnelle.
Quand l’esprit s’éteint, tant la bêtise s’allume,
Ne laissant de l’intelligence que l’écume !

Oh Victor Hugo, n’es tu pas indisposé
Devant ces nains vanteurs, (inventeurs) disposés
A revisiter notre belle langue française,
Dont la seule gloire est de nous livrer des fadaises.

Je me revarpe 3 devant une telle hérésie
Devant tous ces gailles 4, qui dans leur frénésie,
Ont choisi d’envoyer au diable la beauté,
Pour se complaire dans une vraie cruauté.
Que la venue en notre Orée les débeurdine 5
Avant que la société ne les assassine.

Ainsi, ils viennent incendier nos bibliothèques.
A qui la faute, as-tu dit devant ces métèques :
« Mais c’est un crime inouï,
Crime commis comme par toi contre toi-même, infâme,
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C’est ton propre flambeau que tu viens de souffler,
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C’est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage.
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage ». 6
Compléter ces grands mots serait un caquetage,
Toi qui sait mettre notre langue en héritage.

Ouvrons notre cœur à la splendeur des grands vers,
Pour que notre esprit se dirige sur la mer
De nos espoirs de beauté et forge les clés
De moissons ondoyantes de mots, tels des blés !

La douce chaleur des mots répand son sourire
Et me pousse inéluctablement à écrire.
Je les respecte, je les savoure des yeux,
Désireux de proposer leurs saveurs aux cieux.

Je ne désire pas encore longtemps pitrougner 7,
Je vous laisse au grand Victor sans me résigner.
Mais, tout comme Kjtiti, de notre grand Hugo,
Je ne suis sûrement qu’un modeste frérot.


1. Abeurdinner : donner le vertige (Nièvre et Saône-et-Loire).
2. Poème de Victor Hugo : « A qui donc sommes-nous ? ».
3. Revarper (se) : se rebeller. (Côte d'Or, Saône-et-Loire).
4. Gaille : désigne une personne grosse ou négligée. (Nièvre et Saône-et-Loire).
5. . Débeurdiner : rendre plus intelligent (Côte d’Or).
6. Vers tirés du poème de Victor Hugo : A qui la faute ?
7. Pitrougner : discuter sans fin. (Chalon sur Saône).


Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 12/07/2015 14:47
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Re: Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet
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Critique littéraire 2.0


Je le savais bien, pourtant. Accepter ce boulot de critique littéraire dans un canard de province sentait déjà fortement le pâté mais en plus il s’agissait de suivre une ligne éditoriale en retard d’un wagon sur la réalité du monde. Un comble pour un écrivain de science-fiction estampillé rock’n roll pendant des années par les plumitifs parisiens.

Brigitte, ma dame de cœur favorite, m’avait alors ramené à des pensées positives, invoquant le manque de liquidités du ménage et la crise économique. « Nous ne roulons pas sur l’or ! » m’avait-elle rappelé, joignant la gestuelle aux paroles et fronçant des sourcils comme la maîtresse d’école devant le dernier de la classe. J’avais alors capitulé devant ma sage et forcément omnisciente épouse.

Le premier mois, la rédactrice en chef me proposa une liste de trois romans.
— Tiburce, commença-t-elle, voici les ouvrages adoubés par notre rédaction. Tu dois les lire, en choisir deux à critiquer en moins de trois cents mots chacun, le dernier faisant l’objet d’un article spécial de dix mille caractères espaces inclus.
— Tu les as lus, Mireille ?
— Non, et je m’en contrefiche. Ils correspondent, selon le marketing, à notre cible de clientèle. Cette seule explication me suffit.
— Je croyais que nous avions des lecteurs et non des clients.
— Ne joue pas sur les mots, Tiburce !

Je décidai alors que ce n’était pas un jeu mais une obligation, un ordre venu d’en haut, de chez le Président-Directeur-Général, le signataire de mon chèque de fin de mois. Du coup, libéré d’un soupçon de conscience littéraire, d’un iota d’honnêteté intellectuelle, je me lançai dans l’exercice imposé.

Ma première lecture s’intitulait « Le goût de la tarte aux myrtilles ». Rien qu’au titre, j’imaginais déjà mon enthousiasme à venir devant un probable chef d’œuvre de la littérature de mémère écrite par une retraitée de Moselle parce que ses petits-enfants aimaient ses histoires d’antan. Mon intuition se vérifia au carré du centuple du prévisible.

Quatre cents pages de souvenirs fanés, de digressions fatiguées et de ressort dramatique détendu m’inspirèrent une conclusion prématurée sur la condition de critique littéraire malgré lui : arrêter là l’expérience, préférer un emploi au Mc Donalds du coin ou donner des cours à de pauvres lycéens débiles plutôt que de lire des merdes écrites avec les pieds et corrigées par un Comité Tupperware. Une fois de plus, Brigitte vint me secourir, sentant le vent de la dépression souffler sur mes neurones fatigués. « Donne une chance aux deux autres romans au lieu de ronchonner » me lança-t-elle.

Pas convaincu pour un sou par les arguments fort simplistes de ma reine du pragmatisme, je concédai néanmoins une nouvelle lecture. Cette fois-ci, l’ouvrage portait un titre à rallonge, du genre des chapitres de Jules Verne dans ses œuvres de jeunesse : « L’incontournable vérité tarde toujours à venir ou les tribulations d’un jeune homme amoureux de son rêve d’enfance ». Tout un programme.

Un demi-millier de pages plus loin, juste avant que le mot « FIN » ne s’imprimât dans mon cerveau, je devinai la teneur de ma critique résumée dans une phrase très banale : « je raconte ma vie de nain pour me sentir moins petit ». Le problème, au-delà du thème exposé pendant autant de lignes, résidait dans un style déplorable, proche du journal intime d’un adolescent boutonneux, une narration linéaire où l’émotion sentait la guimauve, et surtout des dialogues ineptes dignes des séries télévisées où la vie était toujours plus belle.

Mes tripes tentèrent de prendre le contrôle sur mon cerveau reptilien. Je partis en direction des toilettes, priant pour ne pas tomber sur Brigitte et ses phrases toutes faites. Malheureusement, la chance m’abandonna à trois mètres du but.
— Déjà fini ?
— Oui, ma chérie.
— Alors, quel est le verdict ?
— Tu veux la version officielle, corrigée des variations saisonnières ?
— C’est moi, tu sais, la femme que tu as épousé, la mère de tes cinq enfants, celle à qui tu as promis fidélité et vérité, devant monsieur le maire. Dois-je te sortir les papiers et le film du mariage ?

Je repensai à Pavlov. Ce gars avait martyrisé des chiens pour les faire saliver dans le but scientifique d’expliquer à ses pairs comment n’importe quel abruti pouvait perdre les fondamentaux de son humanité. Je devins pavlovien devant un stimulus prénommé Brigitte.
— C’est de la merde en boite !
— Et alors ?
— Je ne me vois pas en lire un troisième de cet acabit.
— Force-toi ! Tu es payé pour ça. Tu sauras extraire la substantifique moelle de ces romans, afin de les magnifier, de donner aux lecteurs des raisons d’espérer et de se voir plus grands qu’ils ne sont dans le monde réel.
— Tu déconnes ?
— Oui !
— Ouf !
— Pourtant, tu dois continuer, au cas où tu tombes sur la perle, l’œuvre de demain, celle dont toi-même tu rêves dans tes délires les plus fous.
— Parti comme c’est parti, il va me falloir croquer un buvard d’acide lysergique pour écrire une critique acceptable par le service marketing.
— Lis d’abord le troisième roman avant de me jouer un remake de « L’herbe bleue » !

Le stimulus ne fonctionna pas comme dans l’expérience de Pavlov. Au lieu de saliver à l’idée excentrique de trouver le chef d’œuvre de demain dans la lecture imposée par mon travail de critique littéraire, j’obéis à l’ordre de mon adorée, histoire de m’éviter une tonne d’arguments fallacieux et de vaines controverses.

Trois cents pages de pur verbiage, avec des fautes d’orthographe dont on pouvait se demander d’où elles provenaient. « De la moisissure littéraire déguisée en coquilles » aurait dit ma grand-mère, une institutrice peu commode qui me tirait les oreilles à la moindre erreur de grammaire. Intitulé sobrement « Plus sobre est le chameau », l’ouvrage étudié ressemblait à un règlement de comptes entre un intellectuel à longue chevelure et son égérie de pacotille. L’auteur vantait ses mérites en termes de pratiques sexuelles, ses connaissances en pharmacologie, son réseau de bobos influents et ses états d’âme sur les choses de ce monde. Basé beaucoup sur son nombril, avec de nombreuses incursions dans ses pulsions hormonales déclinées dans les toilettes du Café Flore ou l’arrière d’une veille berline américaine, son récit tournait largement en rond pour arriver nulle part.

Il me fallait désormais choisir. Quel roman obtiendrait le privilège d’un article spécial ? Telle était la question, difficile tellement mes lectures m’avaient entrainées dans les profondeurs abyssales de la littérature française. Une fois de plus, Brigitte me montra la voie.
— Mon petit doigt me dit que tu hésites, lança-t-elle.
— C’est trop dur.
— Jouons à un jeu, veux-tu ?
— La France a peur.
— Elle ne devrait pas. Tu vas voir, c’est marrant.

Brigitte et l’humour, ça faisait deux en général. Professeur de lycée à ses heures, spécialisée dans l’histoire et la géographie, elle avait raté une carrière de dresseuse de serpents ou de cracheuse de feu.
— Je t’écoute, ô toi le phare de ma destinée.
— Comment s’intitule le premier des trois romans ?
— Tu vas rire : « Le goût de la tarte aux myrtilles ».
— En effet, je suis pliée en deux. Concentre-toi maintenant, Tiburce. Tu vas devoir me donner le titre d’une œuvre littéraire française que tu considères comme le négatif de ce premier roman.

« Un anti-portrait chinois ! » me crièrent en cœur mes petites cellules grises. Brigitte avait le chic pour me sortir des chemins parfumés de mon autosatisfaction. Je respirai un bon coup, fit tourner mon cerveau à cent mille tours par minute puis délivrai la vérité ultime.
— Je n’en vois qu’un : « J’irai cracher sur vos tombes » de Boris Vian.
— Pourquoi, monsieur le cultivé ?
— Parce que dans ce roman, il y a du souffle, une histoire, un style nerveux et des sentiments exacerbés. En plus, ça ne se termine pas bien, contrairement à la tarte aux myrtilles.
— Bravo !
— J’ai bon ?
— Ce n’est pas fini, Tiburce !

Brigitte me rappela la fille de la publicité pour cet opérateur téléphonique dont le slogan tournait en ostinato dans une boucle rhétorique où rien n’était fini. Je m’attendais au pire.
— Que dois-je faire ? Un triple salto arrière ?
— Non, nous sommes entre intellectuels. Tu appliques le principe précédent à ta seconde lecture.
— Alors là, c’est facile.
— Rappelle moi le titre de ce roman.
— La bouse s’appelle « L’incontournable vérité tarde toujours à venir ou les tribulations d’un jeune homme amoureux de son rêve d’enfance ».
— Je sens le collector.
— Tu l’as dit. Bref, pour revenir à ton test, je le comparerai, après un vote serré dans le concile de mes neurones, aux « Mémoires d’une jeune fille rangée » de Simone de Beauvoir.
— Je prévois le massacre.
— Tu peux. Chez Simone de Beauvoir, il y a de la classe, un style très léché, une distance vis-à-vis de l’Histoire et de ses grands acteurs à commencer par son adoré Jean-Paul Sartre. Ce n’est pas le cas dans la daube de cinq cents pages que tu m’as forcé à lire et qui jamais ne dépasse le niveau zéro de la pensée congelée en barquettes chez Leclerc.
— Bien. Tu connais la suite.

Pas plus bête qu’un autre, je savais où tout cela devait nous mener. Je réfléchis à mon argumentaire avant de lancer la séance.
— Le troisième opus des fameuses lectures de « Tiburce Dugommeau le critique littéraire malgré lui » s’intitule « Plus sobre est le chameau ». C’est un mélange raté de Brett Easton Ellis, de Quentin Tarantino et d’esprit Canal Plus, le tout dans un style littéraire faussement décontracté du gland mais carrément franchouillard.
— Quel roman français en est le négatif selon toi ?
— Tu vas me taper dessus si je te le dis.

Brigitte me regarda de travers, comme si je l’avais traitée de névropathe.
— N’importe quoi ! Accouche au lieu de jouer les victimes !
— Il s’agit de « La planète des singes » de Pierre Boulle. Aïe !
— Je ne t’ai pas encore tapé ! Explique-moi plutôt en quoi il est le négatif de ton histoire de chameau.
— Dans l’œuvre de Pierre Boulle, il y a du rythme, de la réflexion sur l’humanité et sa signification, un réalisme déroutant et une fin en trompe l’œil.
— Ce n’est pas le cas de « Plus sobre est le chameau » ? Pourtant, on reste dans le registre animalier.

Je reconnaissais bien là ma Brigitte, cette gentille enseignante élevée au grain de la littérature classique. Elle s’était arrêtée à Proust, considérant Sartre et Camus comme de dangereux anarchistes, plus philosophes qu’écrivains. Dans son esprit, Victor Hugo rimait avec l’Olympe, Stendhal enflammait les lecteurs et Gustave Flaubert charmait les femmes de son genre. Alors quand je lui parlais de Barjavel ou de Robert Merle, elle me criait dessus à force de citations de Balzac.

Sa pique raviva mes neurones et me sortit de mes derniers réflexes pavloviens.
— Certes, nous avons là un bestiaire mais « La planète des singes » reste dans l’ordre des vertébrés voire des mammifères supérieurs alors que « Plus sobre est le chameau » se complait à rester purement unicellulaire.
— En français, ça donne quoi ?
— J’essayais de parler un peu comme tes auteurs favoris.
— Laisse tomber, Tiburce, tu n’arriveras pas à m’énerver.
— D’accord. En gros, ma troisième lecture m’a montré ce que je déteste au plus profond de moi : le nombrilisme des auteurs de pacotille quand ils n’ont rien d’autre à faire que s’inventer une vie au lieu de raconter des histoires.
— Je vois ! En fait, ce dernier roman t’a franchement gavé. Je me trompe, Tiburce ?
— Non, tu as raison à mille pour cent.

Brigitte me fixa de ses sublimes yeux bleus, tel le crotale devant le pauvre chien de prairie au fin fond du Désert du Nevada.
— Tu as désormais de la matière à ton article. « Plus sobre est le chameau » reste ta lecture la plus pénible. En écrivant un article sur ce roman, tu définiras aussi ce qu’est pour toi une œuvre littéraire, un thème qui te tient à cœur et que je partage avec toi, même si nous n’avons pas les mêmes goûts.
— Si j’écris un article dans ce sens, ça va être un carnage. Tu en es consciente je suppose ?
— Que veux-tu, Tiburce. Comme disait ma mère : « la femme sage est celle qui connait les limites de son époux. » Tu te feras virer par le marketing ou décorer par la rédaction. L’avenir nous le dira. Dans le pire des cas, nous mangerons des yaourts jusqu’à ce que tu décroches un job de chef de la friteuse au Mc Donalds du coin.

Je rayonnais désormais. Brigitte m’avait redonné de l’espoir, celui d’un auteur en mal de succès mais convaincu de sa bonne direction dans les arcanes artistiques. Je pouvais pondre dix mille caractères sur « Plus sobre est le chameau » sans vendre mon âme au diable marketeur, aux démons publicistes et aux succubes de la rédaction. Remonté comme une pile atomique, j’ouvris mon logiciel de traitement de textes et commençai ce qui serait sans conteste mon premier et dernier article de critique littéraire.



Posté le : 12/07/2015 16:20
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Re: Défi anticipé du 14 juillet, aprdon du 11 juillet
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Cher Donald,

J'ai aimé la manière dont tu as détourné le défi de la semaine : devoir choisir parmi trois "navets" celui qu'il faudra critiquer pour tenter de vendre les mértites de la langue française. Alors là, chapeau bas!
Tu es un Victor Hugo en herbe. Si si!

Et comme toujours, tu nous fais voyager dans l'intimité d'une relation psychologique mais aussi dans des expressions à l'emporte pièce. J'ai aimé " le pauvre chein de prairie au fin fond du Névada".
Tu nous fais voyager ici et ailleurs, plutôt ailleurs qu'ici. Quand je pense que Kjtiti me considère d'ailleurs. Tu l'es plus que moi!

Je vois que tu aimes autant que moi, le marketing. Je crois qu'un jour prochain, je vais me lâcher à son sujet.
Ah les tartes aux myrtilles. Tu me laisseras penser en positif aux tartes aux myrtilles de ma grand mère maternelle!

Ah non, n'émigre pas chez Mac Donalds. Rabealais, reviens!

Ta vision de Pavlov est intéressante. Tu as raions d'opposer les processus réflexes, parfois négatifs, à l'humanisme réflexif. Rien que cela mériterait un autre écrit.

J'ai aimé aussi les romans en négatif.

Ta réponse est fouillée et réellement talentueuse, mon ami.
Comme j'ai aimé. Je l'ai relu trois fois, et la lecture a été différente à chaque fois, centrée sur les trois oeuvres littéraires, la première fois, centrée sur la relation entre l'homme et la femme, la seconde fois, et centrée sur le conflit intérieur, la troisième fois.

Porte toi bien. Au plaisir de te lire encore et toujours.

Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 12/07/2015 17:16
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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